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Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/272

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cette vieille aristocratie de race qui a eu une certaine valeur historique. Maintenant, je ne puis aller dans les salons de la haute société sans entendre des groupes de personnes qui défendent la jeunesse dorée et la poussent le plus qu’ils peuvent vers l’inaction, chemin du malheur et de perte certaine. Partout dans le monde, je vois un courant houleux qui se précipite et qui fera sombrer toutes les parties de la société incapable de se défendre par la saine habitude d’une tâche régulièrement remplie. C’est si bon, le travail, quand on se porte bien ! Je ne sais, mais il me semble que je ne pourrais pas rester sans travailler. Ce besoin est en moi. J’ai quelquefois dit, cependant, que je n’écrivais que par besoin d’argent. Ce n’est pas tout à fait vrai, il y a des choses que j’aime à écrire. Mais, tout de même, plus tard, quand j’aurai fini tous ces romans et nouvelles auxquels je suis attelé, je ferai une sorte de travail d’analyse générale de mon œuvre, et je passerai en revue les grands auteurs que je crois avoir le mieux compris. Ce sera pour moi un travail de tout repos et d’un grand intérêt pour les jeunes. Il me semble que cela ne me fatiguera pas et me procurera la satisfaction très vive de relire les choses qui ont contribué à ma satisfaction intellectuelle.

« En guise d’appendice à ce travail, je compte donner mon opinion sur l’évolution qui, je crois, doit se produire dans les différentes classes en France pendant le vingtième siècle. »


Fin février. — Mon maître décide tout à coup que nous allons partir pour Nice, où le bateau nous attend tout armé.

C’est dans un jardin tout planté d’orangers que mon maître prend un appartement, à mi-chemin du port et