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Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/32

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six autres poules pondeuses, car celles-ci, d’ici là, seront fatiguées… »


Le jardin prenait bonne tournure ; Cramoyson nous annonça qu’il y avait des haricots verts prêts à être cueillis et des petits pois en fleurs : « Oui, dit mon maître, ils sont très beaux. Vous saurez, François, que je ne mange pas de carottes, pas de choux, pas d’oseille et surtout jamais d’épinards ! Cramoyson vous donnera, autant que possible, haricots verts, flageolets, petits pois et salades variées pour cuire. De la salade cuite, vous pouvez m’en donner tous les jours, à la crème fraîche, bien entendu. »

Dans une de ses visites à ses rosiers, M. de Maupassant avisa un jour un petit arbre qui se trouvait sur le bord du chemin. Il le montra à Cramoyson : « Voyez comme a changé en une année ce frêne ! Puisque ce terrain lui convient, nous en mettrons une rangée dans la prairie le long de la haie ; car les sycomores ne prospèrent pas, ils ne donnent vraiment pas beaucoup d’ombre. Sur le bord du sentier de la grande haie, devant la maison, nous ajouterons aussi quelques peupliers blancs ; ils poussent très vite et sont gais à l’œil. »

J’avais apporté de Paris une petite pompe Japy avec les tuyaux nécessaires pour arroser jusqu’au bout du jardin des deux côtés. C’est bien commode : l’un de nous pompe et l’autre dirige le tuyau ; cela va plus vite qu’avec les arrosoirs et c’est moins fatigant. « De cette façon, remarque Monsieur, quand vous ne serez pas là, Cramoyson, j’aiderai François pour entretenir les fraisiers dans un bon état d’humidité, afin que nous puissions avoir des fraises sans interruption. » La petite pompe