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Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/76

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Sous son influence on a un sommeil calme et bienfaisant.

Les hiverneurs ne sont pas encore arrivés. M. de Maupassant organise son temps ; il se lève à 8 heures, descend prendre l’air dans le jardin à l’ombre des poivriers qui laissent descendre leurs branches légères vers la terre, comme les saules pleureurs. Ils sont gais et reposants tout l’hiver, ces pipers avec leurs feuilles couleur de plomb qui semblent argentées quand le vent les fouette… Mon maître travaille jusqu’à 11 heures, prend sa douche et déjeune à midi ; vers 2 heures, il fait une promenade, souvent dans les forêts qui se trouvent à droite de Vallauris et s’étendent très loin vers la montagne.

Un jour, il s’égara dans ces bois, où les ravins seuls servent de routes ; il était 9 heures et demie du soir quand il rentra ; nous étions tous très inquiets. Il nous raconta les péripéties de sa promenade, les arbres géants qu’il avait vus sur les rochers, dans des endroits presque inaccessibles ; il termina en disant : « Sans ma boussole, je ne puis dire quand je serais sorti de ce bois ; j’étais bien perdu !… »

Deux fois par semaine, il faisait des armes à la maison avec un prévôt militaire ; quoique plutôt faible dans ce sport, il y prenait un certain plaisir. En tout cas, il y mettait toute sa bonne volonté.


Fin octobre. — Il fait armer son bateau, et prend un deuxième matelot, un robuste gaillard qui s’appelle Raymond. C’est le beau-frère de Bernard. On fait une sortie avec le Bel-Ami ; ils vont jusqu’à Cannes et Saint-Raphaël ; mon maître revient enchanté de sa promenade. M. Maizeroy vient passer quelques jours à la maison,