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Page:Vallée-Poussin, Blonay - Contes Bouddhiques.djvu/3

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l’autre Mahâpâla (grand Pâla). Et le marchand et sa femme les établirent tous deux quand ils eurent l’âge d’avoir une maison.

En ce temps-là le maître ayant mis en mouvement la roue de la loi, était venu demeurer dans le couvent de Jetavana construit par Anâthapiṇḍika, le grand marchand, au prix de vingt-quatre koṭis, et le maître faisait prendre à beaucoup de gens le chemin du ciel et de la délivrance, car le Tathâgata demeura pendant une année dans le couvent fondé par des personnes de sa famille : quatre-vingts du côté maternel et quatre-vingts du côté paternel ; et il demeura aussi dix-neuf ans dans le grand couvent de Jetavana construit par Anâthapiṇḍika ; il fit un séjour de six ans à Pubbârâma, qu’avait construit Visâkhâ en dépensant vingt-sept koṭis ; sachant les bonnes qualités des deux familles, pour ce qui est de Sâvatthi, il y demeura vingt-cinq ans.

Or Anâthapiṇḍika et Visâkhâ la grande laïque, régulièrement, deux fois par jour, allaient honorer le Tathâgata et en allant ils se disent : « Les jeunes novices vont regarder nos mains. » Car jamais ils n’allaient les mains vides : avant le repas ils faisaient porter des mets nourrissants et après le repas les cinq remèdes et les huit boissons. Dans leur résidence il y a aussi toujours des sièges prêts pour deux mille bhikkus, et en fait de nourriture, de remèdes et de boissons, chacun trouve ce qu’il désire.

Pendant que le maître était parmi ces gens, aucun ne l’avait questionné, pas même Anâthapiṇḍika qui pensait : « Le Tathâgata est très délicat entre les Buddhas, très délicat entre les ksattriyas, ce maître de maison est mon bienfaiteur, en m’enseignant la loi il se fatiguerait. »

Voilà pourquoi, par excès d’amitié pour le maître, on ne lui posait aucune question. Alors le maître pensa ainsi : « Ce marchand me ménage tandis que je n’ai pas besoin d’être ménagé, moi qui ai passé quatre asankheyya, et plus de cent mille kalpas en brisant ma propre tête bien parée, faisant sauter mes yeux, arrachant la chair de mon cœur, ayant abandonné mon fils et mon épouse, qui m’étaient plus chers que la vie, accomplissant toutes les œuvres de perfection, et cet homme me ménage (tandis que je n’ai pas besoin d’être ménagé.) »