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Page:Vallée-Poussin, Blonay - Contes Bouddhiques.djvu/7

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l’aumône est arrivée. — Longue vie à vous, prenez l’écuelle et le vêtement. » Et prenant lui aussi son écuelle et son vêtement il se mettait en route ; les bikkhus alors virent que ses yeux coulaient. « Qu’as-tu maître ? — Ce sont mes yeux ! Longue vie à vous ! ils sont comme crevés. — Un médecin, ne nous a-t-il pas fait des offres ? Nous allons le prévenir. — C’est bien, longue vie à vous. » Ils avertirent le médecin. Celui-ci ayant cuit une huile l’envoya au thera. Le thera s’étant assis se versa l’huile dans le nez, et alla ensuite au village. Le médecin le rencontrant dit : « C’est toi, vénérable, qui as les yeux comme crevés ? — Oui, laïc ! — Vénérable, je t’ai envoyé de l’huile que j’avais cuite, l’as-tu versée dans ton nez ? — Oui, laïc. — Et maintenant comment cela va-t-il ? — Ça va mal, laïc. — Comment se fait-il que, t’ayant envoyé une huile calmante ta maladie ne soit pas calmée ? » Et réfléchissant : « Vénérable, étais-tu assis ou couché quand l’huile a été versée dans ton nez ? » Le thera demeura silencieux et, même questionné plusieurs fois, il se garda de répondre. Le médecin pensa :

« J’irai au couvent pour voir où il réside », et dit au thera : « Au revoir, vénérable. » Puis, une fois le thera congédié, le médecin alla au couvent regarder l’endroit où demeurait le thera ; il vit la place où déambuler et la place où s’asseoir, mais point de place où se coucher.

« Maître, étais-tu couché quand tu t’es versé le remède ? »

Le thera resta silencieux.

« Vénérable, n’agis pas ainsi. On ne peut remplir le devoir du Samaṇa qu’avec un corps qui se soutient. Ainsi étends-toi pour t’injecter l’huile », et il le lui répéta à plusieurs reprises.

« Au revoir, longue vie à vous ! je me déciderai après avoir pris conseil », répondit le thera.

Or le thera n’avait là ni parents, ni famille, qu’il pût consulter et il se disait :

« Allons ! mon ami Pâlita, qu’est-ce que tu vas considérer, tes yeux ou la loi du Buddha ? Que t’importe ! le temps à passer sans yeux dans le cercle des transmigrations, sur la route du salut, ne compte pas. Voilà déjà que des Buddhas ont passé par centaines