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Page:Vincent - George Sand et l amour.djvu/28

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vous regarder comme si vous étiez mon enfant »[1], lui dit-elle avec tendresse.

Son cœur plein d’amour est « moins ardent que son cerveau et ses espérances plus faibles que ses rêves » : voilà pourquoi la vie lui paraît si amère. « Hélas ! dit-elle, d’une voix irritée et le regard sombre, heureux ceux qui peuvent aimer ! »[2]. Elle retombe dans la douleur et l’abattement. Son découragement et sa souffrance deviennent parfois si aigus qu’elle s’en prend à Dieu :

« Qu’ai-je donc fait pour être frappée de malédiction ? Pourquoi vous êtes-vous retiré de moi ? Vous ne refusez pas le soleil aux plantes inertes, la rosée aux imperceptibles graminées des champs ; vous donnez aux étamines d’une fleur la puissance d’aimer, et au madrépore stupide la sensation du bonheur. Et moi qui suis aussi une créature de vos mains, moi que vous aviez douée d’une appa-

  1. Lélia, I, 110.
  2. Lélia, I, 110.