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Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t2, 8e mille.djvu/241

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Le poing morne du doute entr’ouvre enfin ses doigts.
L’œil regarde s’unir, dans l’essence, les lois
Qui fragmentaient leurs feux en doctrines horaires.

Là-haut — l’esprit plus fin darde sa violence
Plus loin que l’apparence et que la mort. Le cœur
Se tranquillise, et l’on dirait que la douceur
Tient, en sa main, les clefs du colossal silence.

Là-haut — le Dieu qu’est toute âme humaine se crée,
S’épanouit, se livre et se retrouve en tous
Ceux-là, qui sont tombés, parfois, à deux genoux,
Devant l’humble tendresse et la douleur sacrée.

Et c’est la paix, ardente et vive avec ses urnes
De régulier bonheur sur ces pays de soir,
Où s’allument, ainsi que des charbons d’espoir,
Dans la cendre de l’air, les grands astres nocturnes.

Dans son village, au pied des digues
Qui l’entourent de leurs fatigues
Sinueuses, vers les lointains tourbillonnaires,
Le blanc cordier visionnaire,
Au long des clos et des maisons,
Absorbe, en lui, les horizons.

(Les Villages illusoires.)




LA FOULE


En ces villes d’ombre et d’ébène,
Où buissonnent des feux prodigieux,
En ces villes, où se démènent,
Avec leurs pleurs, leurs ruts et leurs blasphèmes,
À grande houle, les foules ;
En ces villes, soudain terrifiées
De révolte sanglante et de nocturne effroi,
Je sens grandir et s’exalter en moi,
Et fermenter, soudain, mon cœur multiplié.

La fièvre, avec de frémissantes mains,
La fièvre au cours de la folie et de la haine
M’entraîne
Et me roule, comme un caillou, par les chemins.