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Page:Walch - Anthologie des poètes français contemporains, t2, 8e mille.djvu/49

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MADAME LYDIE DE RICARD

devint félibresse. Ce fut « dans le ravissement des sites et des dialectes languedociens » que Mme Lydie de Ricard s’essaya à composer, mais il fallut toute la persistance de son mari et de ses amis pour la décider à publier quelques-uns de ses poèmes. La plupart parurent dans la Lauseta, dans l’Armanà de Lengado, la Revue des langues romanes et dans la Cigale. Ce n’est qu’après sa mort, qui survint en 1878, que M. Louis-Xavier de Ricard réunit pieusement en un volume, sous ce titre : Aux Bords du Lez, ses œuvres tant françaises que languedociennes. « Morte jeune, dit-il dans sa préface, ce volume est loin de la contenir tout entière. Vers la fin de sa vie, — déjà malade de la maladie[1] qui devait si cruellement l’emporter et si tôt, — elle rêvait, éprise des légendes et des chansons populaires, d’essayer sous une forme très artiste à la fois, très subtile et très simple, l’éducation des âmes enfantines, — et des féminines presque aussi enfantines, sinon plus. C’était, selon elle, le grand rôle qui appartenait à la femme, de se faire par l’art l’éleveuse de toutes ces âmes, ignorantes ou obscures, et la consolatrice des dévoyés. Il ne lui fut pas permis de commencer la réalisation de ce rêve. »




RIEZ BIEN, LES FRAIS INNOCENTS


Riez, les poupons potelés
Aux bouchettes de lin sauvage !
Riez vos rires étoilés !
Rossignolets, rossignolez
Votre printanier babillage !
— Ô les blonds poupons potelés
Aux bouchettes de lin sauvage !

Mieux qu’un chamaillis aprilin,
Riez bien, les belles enfances !
Avec vos bouchettes de lin,
De lin sauvage et purpurin. —
Les chamaillis sont sans offenses
Qui rient au taillis aprilin.
— Riez bien, les belles enfances !

Oui ! laissez rire, les chéris,
Le lin vermeillet sur vos bouches ;

  1. La phtisie.