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ANTHOLOGIE DES POÈTES FRANÇAIS

Ici c’est le papier fleuri Dont, les jours de fièvre moroses, Nous comptions les guirlandes roses D’un long regard endolori.

Là, vers Noël, à la nuit proche, Nous déposions nos fins souliers... Combien de détails familiers S’éveillent au bruit d’une cloche !

C’est là que la plus jeune soeur Apprit à marcher en décembre ; Le moindre coin de chaque chambre A des souvenirs de douceur.

Rien n’a changé ; les glaces seules Sont tristes d’avoir recueilli Le visage un peu plus vieilli Des mélancoliques aïeules.

Tout est pareillement rangé, Et, dans la lumière amortie, S’éternise la sympathie Du logis qui n’a pas changé.

Fauteuils des anciennes années Où l’on nous couchait endormis, Fauteuils démodés, vieux amis, Avec leurs étofles fanées.

Meubles familiarisés Par une immuable attitude, Mettant des charmes d’habitude Dans les salons tranquillisés,

Jardin en fleur, vigne, tonnelle, Empreinte vague de nos pieds, Sur les tapis et les sentiers, sainte maison paternelle,

Qui donc pourrait vous oublier. Logis où dort notre âme en cendre. Surtout quand on a vu descendre Des cercueils chers sur l’escalier !

, (^La Jeunesse blanche.