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ÂME BLANCHE

l’athénée. On pouvait aller lui rendre visite le premier dimanche de chaque mois et les règlements autorisaient les élèves à passer un autre dimanche chez leurs parents ou correspondants. Mais les Veydt profitèrent peu de cette double tolérance : Jacques ne vint pas chez nous deux fois durant une année pleine et je me souviens de lui avoir fait une seule visite durant tout le temps qu’il resta chez MM. Pluvinage frères. Mon grand-père m’y avait conduite ; les maîtres lui firent grand accueil et Jacques fut si content de me revoir qu’il oublia de saluer son tuteur :

— Oh ! ma chère Lineke, me dit-il, en me sautant au cou, quel bonheur, quel bonheur !

Je répétai :

— Quel bonheur !

Et nous nous serrions l’un contre l’autre, souriant, les yeux pleins de larmes, tandis que M. Pluvinage, l’aîné, se plaignait à M. Veydt du peu d’application de son élève, de l’ardeur de celui-ci pour le jeu, de sa paresse à l’étude.

Je compris que, seuls, le mécontentement des directeurs et, peut-être, leur appel, avaient provoqué notre visite et, comme je voyais le beau front de M. Veydt se charger de nuages et ses yeux limpides s’obscurcir :

— Grand-père, m’écriais-je, voulant arrêter la réprimande que je sentais venir et dont je devinais l’effet sur Jacques, grand-père, ne le grondez pas ! Il ne le fera plus…