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Page:Wiele - Ame blanche.djvu/168

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ÂME BLANCHE

— Ta, ta, ta, interrompit-elle, qu’importe ! Vous êtes bien trop jolie pour rester mal vêtue.

Ce fut son seul argument et elle n’en voulut pas démordre, Je n’osais guère insister. Et puis, l’avouerais-je ?… Ces flatteries, ce souci de ma parure, m’étaient doux, réveillaient en moi ce qui y sommeillait de coquetterie, d’aspirations féminines et frivoles. Un moment, j’oubliai mes préoccupations sérieuses, tout le grave, l’austère et le douloureux de ma vie, prise par tant de devoirs supérieurs à mon âge, pour n’être plus qu’une vaine et puérile adolescente, dont les quatorze ans étaient tout proches de la nubilité et s’en apercevaient.

Je mangeai à la hâte une aile de poulet froid et des confitures ; ma tante en fit autant, et une voiture nous menait bientôt à la gare de l’Est. Nous étions à Bruxelles au bout d’une heure.

— Compter que ma couturière habituelle Pourrait rien vous confectionner avant six semaines, serait absurde, m’avait expliqué ma tante Hélène. Aussi, nous n’irons pas chez elle : il ne faut point exiger l’impossible de ses fournisseurs. Nous nous contenterons, pour cette fois, de vous faire habiller par quelque bonne maison de nouveautés.

Nous les visitâmes toutes, je crois. Des vêtements tout faits, à ma taille, qui n’était plus celle d’une petite fille, qui n’était pas encore