Aller au contenu

Page:Yver - Princesses de Science.djvu/105

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
95
princesses de science

Fernand eut un tressaillement léger et ne desserra pas les lèvres. Ce fut un peu timidement que Thérèse ajouta :

— Si vous le vouliez, j’y retournerais lundi.

— Mais, Thérèse, reprit-il, vous êtes maîtresse de vos actes. Vous savez bien que je ne ferai jamais un geste pour entraver la liberté d’une femme telle que vous.

Il avait frémi en parlant. Tout le dévouement de son amour était dans cette phrase, où il faisait céder son besoin viril de domination et ses volontés tenaces. Thérèse le contemplait avec douceur. Cet homme, qui savait plus qu’elle, en qui elle devinait une supériorité réelle, un instinct médical plus puissant, lui sacrifiait ses préférences, amoureusement, simplement. Elle eut un mouvement de tendresse, la rançon de ses exigences, et, l’entraînant dans le petit salon meublé pour elle, seule devant lui, avec un abandon d’enfant :

— Cher Fernand, vous ne vous renoncerez pas toujours pour moi, je veux que ce soit mon tour quelquefois. Je suis une femme comme une autre, j’aspire à vous rendre heureux… je vous aime…

Il tremblait de bonheur ; sur son épaule s’appuyait ce beau front lumineux de l’étudiante, réceptacle sacré d’une si pure intelligence. Le don d’une telle femme était grand. Guéméné s’enorgueillissait dans son amour. Mais Thérèse, qu’une émotion plus profonde envahissait, se confessait, se dévoilait toute :