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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/107

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princesses de science

Non, vous n’êtes pas une simple étudiante, mais une femme rare et précieuse, une lumière. Vous aurez les livres, les congrès, les cours, les cliniques, les laboratoires et la liberté souveraine, et, par-dessus tout, l’amour absolu de votre mari.

Leurs mains fiévreuses se cherchèrent et s’enlacèrent, et ils se turent, n’ayant pas besoin de mots pour se comprendre. Une larme tomba des yeux de Thérèse, qui s’écarta pour soulever la perse des rideaux.

Le fleuve, dans la nuit, n’apparaissait plus que comme un mouvement noir aux reflets nacrés, vacillants. Féeriques et scintillants, les bateaux-mouches y glissaient en silence, minces nefs chargées de lumière qui coupaient l’onde obscure en y versant un fourmillement de feux. Devant les fenêtres, les arbres du quai, sombres et énormes, ajoutaient encore au mystère des choses.

Longtemps les deux amants regardèrent ensemble, sans le voir, ce coin du vieux Paris, archaïque et muet. Leurs pensées paresseuses s’éteignaient dans un grand trouble ; ils attendaient un subtil signal… Quand le cartel d’or, pendu à la muraille, sonna dix heures, Thérèse murmura, simple et tendre :

— Montons, veux-tu ?