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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/109

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princesses de science

la voyait encore s’émouvoir et pleurer devant les agonies. Elle avait en même temps des gestes d’amante et de mère, pour mille petits soins superflus qu’elle donnait à ses malades. Fille simple et ignorante, elle s’appliquait à une grande perfection pour l’amour de Jésus, s’attachait à ne pas ressentir les ingratitudes, réprimait ses impatiences, ses antipathies envers certains malades, — choses subtiles que les femmes connaissent si bien, — et s’efforçait principalement, sans y réussir toujours, à la vertu suprême qui est l’amour de tous, sans distinction.

— Ah ! mademoiselle Herlinge !… je veux dire madame, venez voir mon pauvre dix-sept ! je la croyais sauvée, et puis mademoiselle Skaroff m’a dit hier qu’elle lui trouvait de la broncho-pneumonie… j’ai mis déjà vingt-cinq ventouses ce matin.

C’était une typhique, une servante de dix-huit ans, qu’avant son congé Thérèse avait eue en mains, au début de la fièvre. Cette pneumonie, l’écueil des convalescences en pareil cas, piqua la curiosité de la jeune femme : elle vint en hâte au lit 17, suivie de la religieuse qui l’épiait anxieusement. Thérèse échancra la chemise et, l’oreille collée sur cette poitrine brûlante, aux battements désordonnés, ausculta longuement ; puis, de ses doigts légers promenés sur tout le thorax, elle percutait de la base des poumons au sommet. La malade, une belle fille forte et épaisse, secouée