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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/130

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princesses de science

Il était religieux et touchant ; la proximité de Thérèse le faisait vibrer ; il l’avait regardée en parlant ; sa phrase eut l’ampleur d’un cantique.

Pour être plus aimable, l’oncle, s’essayant à sourire, dit encore :

— Et je pense que la médecine ne compte plus beaucoup pour ma nièce ?…

Mais Thérèse, qui avait l’orgueil de son fort équilibre et se flattait de mener de front si bellement sa vie amoureuse et son existence cérébrale, se récria :

— Je n’ai jamais tant travaillé, au contraire ! À huit heures, le matin, je suis à l’hôpital ; je reste dans mon service jusqu’à onze heures et demie. Alors mon mari et moi, nous nous retrouvons pour déjeuner. L’après-midi, je travaille chez moi ou je vais à l’amphithéâtre ; à quatre heures, j’ai ma contre-visite… Et encore, je ne parle pas de mes travaux pratiques, qui me retiennent parfois des heures dans mon petit laboratoire !… Mes soirées mêmes ne sont pas libres : déjà je pense à ma thèse. J’étudie, en ce moment, le développement des altérations cardiaques dans les maladies infectieuses. Fernand est tout proche de moi, il lit les revues scientifiques, en fumant, dans son cabinet qui est voisin du mien ; la porte reste ouverte, nous pouvons causer, au besoin, à distance.

Le veuf ne souriait plus ; il la regardait avec une pénétration étrange, et son visage, empreint de résignation, s’était attristé. Sans doute, il ima-