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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/150

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princesses de science

qui avait connu, à l’économat de la Pitié, le mari de la doctoresse.

Il leva le bras pour saluer cérémonieusement, et l’on vit dépasser, sous sa manche élimée, sa manchette de huit jours. Thérèse aimait ce ménage laborieux, où la femme donnait un bel exemple à ceux qui prêchent l’incompatibilité entre la profession médicale et les devoirs d’épouse. Elle s’arrêta pour serrer la main au « bon monsieur Adeline ». C’était dans cette poétique rue du Cloître qui file sous les contreforts noircis de Notre-Dame. Là-haut s’alignaient une profusion de cathédrales minuscules, chaque contrefort supportant la sienne. Les deux Adeline aînés grimpèrent aux grilles ; leurs sœurs, mal élevées, en firent autant malgré leurs robes. Le père raconta :

— Nous sortons de la Morgue, tels que vous nous voyez. C’est déjà les vacances de Pâques ; il faut bien distraire un peu les enfants ! Ils avaient envie d’aller là. On ne sait vraiment que faire d’eux. Ce n’est pas ma pauvre Jeanne qui peut s’en charger : voilà trois accouchements qu’elle fait en trois jours, — je devrais dire en trois nuits, — et hier soir le docteur Artout lui a encore télégraphié. À cette heure, elle donne le chloroforme dans une opération d’appendicite… Artout favorise plutôt madame Lancelevée, c’est clair ; mais il demande tout de même Jeanne de temps en temps : eh bien, madame Guéméné, c’est comme un fait exprès, son petit bleu arrive toujours quand