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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/176

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princesses de science

passa sur le visage cadavérique de Jourdeaux. Debout devant lui, Eugène Guéméné le dominait. Avec ce fol espoir de vie, il avait répandu un fluide étrange de bonheur chez ce condamné ; il lui paraissait grand et puissant comme un dieu. Il dit encore :

— J’ai rencontré un cas semblable au vôtre, monsieur ; en dépit de tous les pronostics, le malade est aujourd’hui guéri. Les médecins…

Guéméné n’acheva pas. Tout le monde s’était tu ; il y eut par tout le salon comme une solennité soudaine. Le veuf, se retournant, vit entrer un homme chauve, grand et frêle, qui vint lentement saluer la maîtresse de maison. C’était Boussard.

Herlinge, Artout, Janivot, s’avancèrent pour lui serrer la main : ce fut une débandade générale. Avec une déférence très marquée, les jeunes, Pautel et Guéméné, le saluèrent. Puis il y eut des présentations. Madame Lancelevée, devant qui le grand homme s’était incliné, rejeta de côté sa traîne molle de velours noir, et se recula au fond du salon pour rejoindre la timide Dina qui était demeurée dans l’ombre ; elles reprirent leur causerie interrompue :

— Et vous ne regrettez rien, chère madame, vous êtes heureuse ?

— Oh ! oui, bien heureuse… Il me remercie chaque jour, et je lui dis que cela n’en vaut pas la peine.

Boussard ajusta son monocle, enveloppa la doc-