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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/178

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princesses de science

Les Herlinge les avaient connus, l’an dernier, à Vichy, où madame Herlinge s’était vite intéressée à la sympathique jeune femme, qui eût fait des platitudes pour gagner son amitié. Madame Jourdeaux semblait absorbée par un sentiment unique : la pitié pour son mari. Le ruissellement des lumières dans la salle à manger, l’éclat des fleurs rares, la blancheur de cette longue table neigeuse, la fine dorure des porcelaines, l’argenterie, les cristaux, les fruits monstrueux, toute cette gaieté de fête répandue dans l’atmosphère de la salle ne parut pas l’atteindre. Dans le tournoiement des convives en quête de leurs places, elle chercha son malade et le découvrit à l’extrémité opposée, entre Janivot et madame Lancelevée. Aussitôt, avant même qu’on fût assis, dans le bruissement des robes que les femmes foulaient entre les chaises, elle le désigna d’un geste à Guéméné :

— Voilà mon pauvre mari, là-bas, docteur.

Madame Herlinge s’était assise ; elle avait Artout à sa gauche et Boussard à sa droite ; le maître de maison se trouvait entre madame de Bunod et la doctoresse Lancelevée. Les hommes étant plus nombreux que les femmes, un bloc de quatre médecins occupait un des bouts de la table. C’étaient Janivot, Pautel, Gilbertus et Morner, — qu’on invitait de temps en temps, ses parents, de vieux amis de province, l’ayant jadis recommandé aux Herlinge.

On servit le potage. Peu à peu, couvrant le choc