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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/180

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princesses de science

au coude, dans un flot de valenciennes, la rondeur de son bras nu, encore beau. Des opales, un gros rubis serti de brillants, une émeraude à facettes, des gemmes de toutes couleurs scintillaient à ses doigts déformés de rhumatisante. Et elle surveillait sans cesse, à la dérobée, son fils, le pâle jeune homme qui, un peu plus loin, rêvait silencieusement.

Boussard, le héros du jour, parlait peu. Thérèse avait en vain tenté d’entamer avec lui, sur les altérations du cœur, un entretien précieux pour elle. Il ne s’y prêtait guère. Elle alla même jusqu’à lui confier le secret de sa thèse. Il dit seulement :

— Ah ! ah ! très curieux… Je vous félicite, madame.

Et il se renferma dans sa méditation. Il venait d’être frappé cruellement dans sa vie conjugale. Son divorce était pendant. On le disait très affecté. Il possédait d’ailleurs une de ces intelligences sans éclat, mais insondable, comparable à l’un de ces puits dont la surface est étroite, terne, obscure, mais l’eau pure et la profondeur ignorée.

Entre lui et madame Lancelevée assise en face, un étroit vase de verre portait de minces tiges d’héliotrope. Il étendit la main et le déplaça. Une seconde, librement, ils se contemplèrent. La doctoresse était très belle, ce soir. Sous l’arc magnifique de ses sourcils, elle avait les yeux bougeants, changeants, inquiets et tragiques. Janivot, s’adressant à Pautel, lui demanda :