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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/182

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princesses de science

rité. Le pauvre Jourdeaux, placé près de madame Lancelevée, fit effort pour dire « combien ce devait être encourageant d’être soigné par les dames ». Mais Janivot, au contraire, impudemment, devant ces jeunes femmes, ses « confrères », criait à l’abomination. À cause de leur lobe frontal moins volumineux, les femmes ne pouvaient rivaliser avec l’homme dans les carrières scientifiques. Ces êtres nerveux, frémissants et vibrants, feraient tort à la science, la compromettraient. Puis la femme, dogmatique par nature, capable d’enregistrer en son cerveau un enseignement, s’y enferme étroitement, incapable de l’élargir, de l’adapter à un cas nouveau, rationnellement, par déductions logiques.

— Elles s’assimilent des livres, clamait-il dans la rumeur de toute la table, en dépit des protestations indignées de Thérèse, elles n’inventent jamais rien. Or le vrai médecin doit être un inventeur inlassable, toujours en éveil.

— Il a raison ! cria comiquement la doctoresse Adeline, en applaudissant de ses deux mains grasses levées au-dessus de son assiette ; il a raison : regardez-moi un peu, vous tous qui protestez, et dites-moi donc quelle figure je fais près de monsieur Artout !

— Des sœurs de charité ! Gilbertus, vous me la baillez belle ! continua Janivot, excité par l’animation de tous les convives. Mais demandez donc à ces dames si la curiosité, chez elles, n’a pas toujours été plus forte que la sensibilité. Deman-