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princesses de science

salon pour le café. Le cas de Thérèse occupait toujours les convives. Les femmes secouaient avec des bruits de soie leurs jupes froissées. Les hommes s’empressaient, déplaçaient les sièges, offraient leur bras. Madame Jourdeaux abandonna celui de Guéméné pour courir à son malheureux mari, prendre de ses nouvelles. Fernand, demeuré seul, observait sa femme : elle discutait avec Boussard, rayonnante de fierté, satisfaite, épanouie. Artout, penché près de madame Herlinge, lui parlait évidemment de sa fille ; et il avait ce geste de se tapoter le front, qui disait tout ce que Thérèse avait « là ». Sous sa froideur, la mère exultait. Guéméné la vit sonner la femme de chambre, lui donner un ordre. La domestique revint apportant une élégante cassette. Alors madame Herlinge, l’ouvrant, exhiba des cahiers de Thérèse, enfant. Son orgueil maternel l’entraînant, elle alla jusqu’à lire à haute voix, pour un petit cercle qui comprenait Artout, madame de Bunod, les Jourdeaux, Pautel et l’oncle Guéméné, un devoir de style qu’avait écrit Thérèse, à huit ans, sur cette maxime : « Tout ce qui brille n’est pas or. » On s’émerveilla.

Après le café, les hommes s’en allèrent fumer dans le cabinet d’Herlinge. La question de la sérothérapie fut de nouveau agitée. L’éternel écueil, dans cette science, était l’impossibilité de tâtonner, d’expérimenter sur le véritable terrain : l’homme. La nécessité de recourir à des vaccinations d’à côté retardait indéfiniment le succès. On cita des mé-