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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/242

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princesses de science

discutèrent chaudement sa découverte. On parla de lui dans toutes les académies européennes. Ce n’était pas encore l’éclatant succès, établi par la multiplicité des expériences concluantes, mais comme une étincelle de célébrité jaillie dans l’obscurité du jeune médecin. Et Thérèse eut des tristesses, des abattements. Sa carrière lui semblait petite. Et elle pensait au retentissement qu’aurait pu avoir aussi sa thèse, si son bébé n’était pas venu interrompre les études qu’elle commençait si brillamment. Tout s’était réduit à une humble contribution aux recherches sur l’État du cœur dans les maladies infectieuses, sujet banal auquel tant d’autres s’étaient attaqués avant elle. L’importance soudaine de Fernand l’amoindrissait. À peine se différenciait-elle, dans la pratique médicale, d’une madame Adeline : pénétrant seulement dans des intérieurs plus luxueux, elle soignait comme elle, comme une sage-femme diplômée et intelligente, les organes féminins. Parfois elle songeait au laboratoire de la doctoresse Lancelevée…

Elle interrogea son mari sur les Jourdeaux : alors il devint loquace. Ce ménage où il passait, chaque jour, au moins quelques minutes, lui était devenu familier ; il ne trouvait pas de mots pour peindre le dévouement de l’incomparable jeune femme. Elle avait été pour lui le plus puissant auxiliaire. C’était elle qui l’avait soutenu dans ses longues expériences. Un jour, las, découragé, il souhaitait