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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/266

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princesses de science

ces petits détails matériels ? L’immense affection que je te porte, en doutes-tu ? Elle est d’une essence précieuse, elle nous élève plus haut que les autres époux, elle nous met au-dessus des extases banales et sottes. Avoue que bien souvent mon énergie au travail, à ton insu, t’a toi-même entraîné mieux que les étreintes amollissantes. Mon pauvre chéri, défais-toi donc des vieux préjugés, apprends à comprendre l’épouse nouvelle.

Mais lui grondait :

— Il n’y a pas d’épouse nouvelle ; il y a l’amante éternelle dont les hommes rêvent, pour qui le moindre geste d’amour est saint, pour qui la tendresse devient une religion exclusive qui communique à tous les actes le caractère d’un rite ! C’est la plébéienne faisant avec respect la soupe de son homme. C’était la belle « tantine », cette admirable amie de mon pauvre oncle, qui, des journées entières, feuilletait un livre pour trouver à lui lire, le soir, un joli sonnet. Les hommes, Thérèse, ont besoin de leur femme, comme les enfants de leur mère. Ton métier fait de toi une subtile adultère : il te prend les douceurs, les abandons, les intimités que tu me dois, et j’en suis jaloux comme d’un amant que tu aurais. Tu vas m’accuser d’égoïsme, mais j’ai de ta présence, de tes soins, de ton dévouement, une voracité animale ; et je suis ainsi parce que je t’aime. Donne-toi toute, je t’en supplie, je le veux !

Elle se raidit dans ses bras.