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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/282

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princesses de science

une famille, c’est meilleur. Le métier, voyez-vous, c’est un moyen, mais pas une raison d’être. Il vous suffit tant qu’on est jeune fille, parce qu’alors on n’a rien de mieux à faire ; mais, après, on est pris par des sentiments si forts !… Ah ! ma chère, je serais bien étonnée que, plus d’une fois, vous-même n’ayez pas eu envie de jeter au feu vos parchemins de doctoresse.

— Je crois que je ne le pourrais jamais, fit Thérèse troublée. J’aurais trop peur de l’ennui.

— L’ennui !

Et Dina éclata de rire. Pour détromper Thérèse, elle conta l’emploi de ses journées. Les soins de sa petite l’occupaient fort longtemps, chaque matinée : car, ajoutait-elle, il serait inadmissible qu’une doctoresse manquée n’appliquât pas, au moins, les règles de l’hygiène dans l’éducation de ses enfants. C’étaient tour à tour les bains, les douches, les massages, la gymnastique élémentaire ; elle voulait que sa Sonia fût une belle et saine fille. Ensuite elle mettait la main à la pâte, aidait les servantes dans leur travail, savait au besoin frotter un meuble :

— Mon mari aime à se mirer dans les bois cirés ! disait-elle naïvement.

Il adorait la cuisine russe : quand il était fatigué, rien ne lui excitait l’appétit comme un plat de chez elle. Ah ! qu’il fallait se dépêcher, les jours qu’elle voulait descendre à l’office ! Mais ce qui compliquait sa vie, c’est que le docteur l’employait