Aller au contenu

Page:Yver - Princesses de Science.djvu/289

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
279
princesses de science

Une fois réconforté, Guéméné s’attarda. Ils tinrent tous deux des propos coupés, indifférents, interrompus par des silences. Le petit garçon jouait sans bruit dans ses oreillers. Le soleil couchant frappait la vitre. Des bruits divers annonçant les apprêts du dîner venaient ici des appartements voisins, dont les cuisines ouvraient sur la même cour intérieure ; des odeurs de potages et de sauces se répandaient dans l’air. La chambre de madame Jourdeaux était ornée de tentures orange, dont les reflets avaient pour les yeux une singulière douceur. Une pendulette dorée, de style Empire, battait son tic tac d’insecte sur la commode. Des tiges de lis garnissaient un vase blanc. Il régnait dans la pièce une paix voluptueuse.

Lorsque Guéméné revint, le lendemain, le goûter tout servi l’attendait près de sa place familière. Il sourit, s’excusa, déclara ne pas vouloir de telles habitudes. Il s’attabla cependant, saisi d’un bien-être soudain, savourant ces friandises sensuellement, avec son bel appétit d’homme jeune, aux côtés de cette femme si sympathique qui demeurait debout en surveillant son petit repas.

Cette collation, préparée maintenant chaque après-midi pour le docteur, prit bientôt dans l’esprit inoccupé de madame Jourdeaux une importance extraordinaire. D’abord elle voulut varier les vins, les gâteaux, remplacer le bouillon par du thé, puis par du chocolat, inaugurer des crèmes froides, des gelées, des confitures. Tous ses besoins