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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/295

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princesses de science

clara net à son mari. Il la défendit chaleureusement :

— Non, non, tu te trompes : ce n’est pas une femme brillante, mais elle possède une intelligence droite, clairvoyante, un grand bon sens.

Silencieuse, triste malgré son admirable sérénité de visage, madame Jourdeaux, dans son costume de voyageuse, s’était débarrassée de son voile de crêpe ; elle portait, pour les excursions, un pare-poussière semblable à celui de Thérèse ; elle était de même grandeur, avec la taille à peine un peu plus forte que madame Guéméné ; Fernand la prenait parfois de loin pour sa femme, et, quand il s’apercevait de sa méprise, éprouvait, plutôt qu’une gêne, un agrément, comme si ces deux jeunes créatures semblablement belles, dont l’une lui était tout et l’autre rien, avaient été intimement parentes, presque sœurs.

On remarquait beaucoup madame Jourdeaux. Quand elle s’asseyait sur la terrasse de l’hôtel, les hommes s’arrêtaient un peu à l’écart pour la regarder. Avec la suavité de sa physionomie, elle possédait l’attrait des femmes qui ont souffert ; puis, par-dessus tout, cette candeur conventuelle qui en faisait un type si particulier. Cet intérêt qu’elle éveillait n’échappa point à Guéméné : il en fut flatté, sachant quelle charmante et fidèle amie il avait en elle. Pour lui faire plaisir, il conduisit le petit garçon sur les routes de la montagne. L’enfant était joli, curieux, babillait sans cesse, et,