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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/299

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princesses de science

plus que de moi !… Quant à son mariage, il ne peut être de bruit plus faux.

Mais, ce soir-là, interdite, saisie d’étonnement, la doctoresse Guéméné vit l’autre doctoresse traverser avec sa majesté coutumière la salle à manger de l’hôtel, et venir prendre, près de Boussard, une place demeurée vide.

L’homme glacial eut un tressaillement de joie et de surprise. Ils se serrèrent la main ; puis, à mi-voix, madame Lancelevée, retroussant sa voilette, entama, son indicateur grand ouvert, une longue explication. Sans doute elle n’était pas si tôt attendue, elle avait brusqué son voyage…

Boussard chercha des yeux les Guéméné qu’il avait tout à l’heure salués de loin. Mais, discrètement, — témoins involontaires d’une rencontre que les intéressés avaient peut-être voulue secrète, — ils s’étaient esquivés. Une fois dehors, Fernand dit :

— Ce qu’on raconte était donc vrai !

— Jamais ! répondit Thérèse, en généreuse amie ; madame Lancelevée est la plus honnête des femmes. Il y a là un simple hasard. Ils se sont trouvés ici, et voilà tout.

Mais, sans qu’elle l’avouât, le rayonnement de bonheur qui avait éclairé le froid visage de Boussard à la vue de la voyageuse lui en apprenait plus que tout le reste sur ce que ces deux êtres mystérieux étaient venus dérober jusqu’en ce pays. Elle avait beau dire : « Que nous importe ! ces