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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/338

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princesses de science

de madame Adeline pendaient au porte-manteau, et elle arriva enfin dans la chambre où l’enfant geignait, étendu sur son petit lit de fer. La mère, toute contractée, penchée sur lui, le regardait en pleurant. Quand elle aperçut Thérèse :

— Ah ! vous êtes venue !… examinez-le vite. Je n’ai pas une idée à moi.

Et elle restait là immobile, angoissée, le front dans les mains. Vivement, la jeune femme se déganta, rejeta sur le grand lit drapé de cotonnade rouge son ombrelle et sa jaquette, et vint dévêtir de sa chemise le petit garçon, qu’elle soutenait d’un bras sous les omoplates. Le petit corps nu apparut, nerveux et souple, avec des soubresauts qui enflaient le thorax mince et maigre. Le côté droit, depuis l’épaule jusqu’à la cuisse, était marqué de longues traînées rouges, et la peau, soulevée en boursouflures, formait de grosses perles opalines toutes gonflées d’eau : l’une d’elles, énorme, à la hanche, ressemblait à un œuf transparent. Le bras avait été mis à vif lors de l’arrachement des habits.

Toute émotion oubliée, le sourcil froncé, calme, sûre d’elle-même, Thérèse parcourait les brûlures de son regard droit, fort et ardent. Elle recueillait sa science, ses idées, toute sa pensée lucide, rassemblait, d’un effort viril, ses facultés, en vue de la décision prompte qui sauve. Le petit garçon se plaignait et pleurait. Chose étrange, elle n’eut pas vers lui le geste câlin du médecin qui s’attendrit devant l’enfant malade. Son cerveau seul