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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/36

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princesses de science

Elle acheva :

— J’ai là une passion inguérissable. En vous promettant de m’en défaire, je commettrais une mauvaise action : elle me reprendrait.

À ce moment, un brouhaha monta de l’escalier : des voix d’hommes, un piétinement, des murmures. Thérèse releva le rideau de la porte vitrée et dit :

— Voici mon père.

Le docteur Herlinge arrivait, coiffé de sa toque noire, avec sa blouse et son tablier blanc. Derrière lui se pressait une masse d’étudiants, de médecins, de savants, hommes jeunes et vieux, parisiens ou provinciaux, élégants ou négligés, parmi lesquels on apercevait aussi des femmes. Ils formaient au célèbre médecin, dont ils venaient suivre la clinique du mercredi, une cour glorieuse. Le maître, d’un air las et détaché, traînait à sa suite cette foule de gens avides de l’entendre. Il était petit et fluet. Dans son frêle visage parcheminé brûlaient, d’une ardeur voilée, ses yeux bleus étranges. Ses cheveux grisonnants s’échappaient en touffes de la toque. La religieuse de service, venant au-devant de lui, ouvrit la porte de la salle.

Ayant jeté à Guéméné un nouvel et furtif adieu de la main, Thérèse sortit de son laboratoire et se glissa parmi le groupe d’hommes qui s’engouffrait silencieusement dans la salle. Elle avait à présenter à son père des observations sur trois entrantes ; elle le rejoignit avec peine, bien qu’on s’écartât