Aller au contenu

Page:Yver - Princesses de Science.djvu/382

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
372
princesses de science

pense plus qu’à mon bonheur perdu : dites-moi ce qu’il faut faire, je suis prête à suivre la première volonté supérieure qui voudra bien me secourir. Je suis devenue docile.

— Chère Thérèse, lui dit-il, très attendri, laissez-moi vous donner d’abord une parole d’espoir. Il n’est pas possible que Fernand ait cessé d’aimer une femme telle que vous.

Elle vainquit les dernières répugnances de son amour-propre et avoua :

— Ah ! il faut que vous sachiez tout ; je ne l’ai pas rendu heureux. En me mariant, j’ai voulu garder ma vie, ma vie indépendante de travailleuse cérébrale. Il m’a suppliée d’être toute à lui : j’ai refusé. J’ai réservé de moi ce dont j’avais la vanité ridicule, mon métier de femme d’exception… Dites, il ne s’est jamais plaint de moi ?

— Jamais, Thérèse ; j’ai appris par lui à vous apprécier. Quand il parlait de vous, ses propos étaient si vibrants, si amoureux, que je vous ai aimée rien qu’à l’entendre !

— Il a souffert beaucoup par moi, cependant. Il me l’a dit. Je n’étais pas l’épouse qu’il avait rêvée. Nous n’avions pas lié nos vies. Avant d’être sa femme, j’étais la doctoresse. Il a cherché ailleurs l’amie qu’il ne trouvait pas en moi, l’amie dévouée que je n’ai pas été. Mais si maintenant, pour l’amour de lui, je redevenais une femme ordinaire en renonçant à la pratique de la médecine, croyez-vous qu’il serait touché et qu’il me reviendrait ?