Page:Yver - Princesses de Science.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
31
princesses de science

Guéméné, sans réflexion, hâta le pas vers elle. Une fois encore, sous la forme de cette femme, le bonheur apparaissait devant lui. Son mouvement fut le geste impulsif d’un homme vers le bonheur. L’idée d’une transaction avec la fière étudiante lui était déjà venue et se précisait dans son cerveau avec la rapidité des résolutions désespérées.

Il approchait, elle se retourna, le vit :

— Tiens ! Guéméné !

Le sourire qu’elle eut rassura le jeune homme. Il était cependant très ému, et balbutia des mots incohérents en lui serrant la main.

— Quoi ! reprit-elle, vous voudriez causer sérieusement avec moi, ici ?… Le pouvons-nous, Guéméné ?

Et ses lèvres possédaient toujours ce beau sourire, paisible, doux, légèrement affectueux, qui indiquait, dès ces seuls mots, le ton de l’entretien.

Il reprit :

— Oui, nous le pouvons. Ce sera très bref. J’ai tant souffert depuis l’autre jour, que j’ai cherché une issue au dilemme qui nous enferme. Je crois l’avoir trouvée. Il me faut vous la dire tout de suite, ici même, entendre enfin les mots qui vont peut-être vous faire mienne, Thérèse…

Tant d’amour contenu vibrait dans ces paroles, dans tout l’être du jeune homme, que l’étudiante, malgré son calme, dut détourner les yeux. Elle vit l’asphalte du quai désert, silencieux, blanc de soleil. Nul passant, à cette heure avancée de la