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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/47

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princesses de science

ture, si adorée, qu’on lui disait : « Ma pauvre amie n’est plus ! » Comment un si puissant amour n’avait-il pas su la retenir ? Elle lui avait toujours paru supérieure aux lois communes ; il semblait qu’elle ne pût pas mourir ainsi qu’une autre femme. Mais on lui écrivait qu’elle n’était plus, pt le malheureux amant avait lui-même tracé les mots de sa misère.

Alors Guéméné la revit, avec ses beaux yeux passionnés dans sa face terreuse encadrée des blanches broderies de l’oreiller, et ses cheveux grisonnants et touffus, strictement ondulés sur les tempes. Un flot de rubans bleu pâle se mêlait, sur sa poitrine, aux valenciennes de la chemise de nuit ; sa main délicate et frêle s’y jouait dans un geste familier… Et le jeune homme fondit en larmes en songeant qu’il eût aimé mademoiselle Herlinge de cette même passion tendre et sans bornes que la morte avait inspirée.

Surmontant l’épouvante qu’il avait de la douleur du veuf, il se rendit boulevard Saint-Michel. Comme l’ascenseur, les deux portes ouvertes, le jetait sur le palier du quatrième étage, qu’habitaient les Guéméné, il se trouva vis-à-vis d’une femme qui sortait de l’appartement mortuaire. C’était une assez jolie blonde, vêtue de noir, d’un embonpoint très notable ; elle leva les bras au ciel.

— Je suis bouleversée ! bouleversée !

Puis serrant la main du jeune homme :

— Ah ! mon pauvre docteur ! vous allez avoir