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Page:Yver - Princesses de Science.djvu/64

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princesses de science

épiaient la mine du grand confrère. Ils attendaient une opinion défavorable à cette extravagance de leur fille. Artout réfléchit, un moment, puis déclara :

— Qu’elle fasse toujours son P. C. N. On verra bien après !

Elle le fit. Les âpretés de semblables études ne la rebutèrent point. On la vit opiniâtre à souhait, acharnée sur ses cahiers, souffrant parfois de migraines qu’elle domptait pour se rendre au laboratoire. Elle fut dès lors absente des mardis de madame Herlinge, dont la dispensèrent ses travaux. En revanche, aux dîners de médecins, bien que, gardant son tact et sa mesure de jeune fille, elle ne prît pas encore la parole, elle se sentait, avec ces messieurs, une solidarité, un commun esprit de corps. Ils étaient les aînés ; elle, le confrère ingénu et ignoré dont l’étoile se lève. Peut-être cette étoile serait-elle glorieuse. Alors on dirait, à Paris : « Madame Herlinge », comme on disait : « Artout », ou bien : « Boussard ». Elle se spécialiserait. Et ces médecins réputés, qui la considéraient aujourd’hui comme une simple jeune fille au visage agréable, discuteraient alors avec elle, lui reconnaissant le droit d’exister cérébralement.

Bientôt, ce fut le stage à l’Hôtel-Dieu, dans cette même salle où elle était maintenant la docte et fameuse interne ; puis l’externat à la Charité, où Guéméné l’avait connue. Après le concours d’internat, où ses notes avaient été bonnes, elle entrait