Aller au contenu

Page:Yver - Princesses de Science.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
71
princesses de science

Et un mari au milieu de tout cela, vous croyez peut-être que c’est facile à retenir, quand sept nuits sur dix je suis dehors, appelée pour des accouchements, des faux croups, que sais-je encore ? Adeline est de bonne composition, mais tout le jour il trime sur ses registres, là-bas, à l’économat de la Pitié, et tout de même il aimerait bien une maison qui ne soit pas un restaurant, pas un hôtel meublé… Ah ! mes amis, ça manque de poésie, voyez-vous, le foyer de la doctoresse. Des médecins, certes il en faut, puisque le malade en réclame, qu’il y en a toujours eu ; mais on aura beau dire, c’est l’affaire des hommes.

Thérèse demeurait impassible dans l’ombre de la voiture. Elle entendit Gilbertus, galant, se récrier :

— Comment, madame, vous parlez ainsi devant mademoiselle Herlinge, quand nous présageons tous pour elle un si brillant avenir ?

— Oh ! pour mademoiselle Herlinge, c’est différent, dit Jeanne Adeline.

Elle voulait distinguer par là entre leurs conditions, sachant bien que la jeune fille trouvait dans la science un luxe de plus et se le pouvait offrir, toujours libre de le rejeter si cet agrément devenait une contrainte ; tandis que, pour elle, la science était le gagne-pain. Sage-femme diplômée quand elle avait épousé Adeline, elle avait décidé, pour améliorer la situation du ménage, de passer le doctorat. Son courage et sa mémoire merveilleuse le lui avaient obtenu, et c’était au milieu de ce