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Recherches statistiques sur l’aliénation mentale faites à l’hospice de Bicêtre/I/V/Sec 1/B

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B.Un dernier coup d’œil jeté sur le tableau des sorties de l’année 1839 nous fait connaître la proportion des guérisons pour chaque mois de l’année ; c’est le mois d’août qui en offre le plus, puis juillet et septembre. Les mois d’été l’emportent évidemment sur les mois de l’hiver.

SIX MOIS FROIDS. SIX MOIS CHAUDS.
Janvier, 16 Avril, 18
Février, 19 Mai, 12
Mars, 14 Juin, 23
Octobre, 18 Juillet, 29
Novembre, 15 Août, 33
Décembre, 19 Septembre, 27
Total, 101 Total, 142
Saisons.
Été, 85
Automne, 60
Printemps, 44
Hiver, 54

Voici, relativement aux saisons, deux autres points de comparaison : l’un qui nous est fourni par le relevé des guérisons de 1831 à 1838, l’autre par le rapprochement des statistiques où ces circonstances ont été notées.

ANNÉES Janvier. Février. Mars. Avril. Mai. Juin. Juillet. Août. Septembre. Octobre. Novembre. Décembre. Totaux.
1831 5 16 11 7 2 7 16 10 3 22 6 8
1832 13 7 5 7 8 9 13 9 12 11 14 9
1833 9 9 7 5 6 9 5 14 15 13 16 10
1834 9 8 15 10 10 10 20 14 14 12 23 17
1835 8 8 17 12 6 17 12 25 16 18 5 7
1836 9 13 14 8 17 21 21 24 27 32 15 10
1837 10 7 10 9 16 10 23 32 21 14 20 14
1838 10 5 24 14 14 6 24 32 16 34 16 13
Totaux. 73 73 103 72 79 89 134 160 124 156 115 88
Janvier. Février. Mars. Avril. Mai. Juin. Juillet. Août. Septembre. Octobre. Novembre. Décembre. Totaux.
M. Esquirol.
18 11 14 21 24 24 33 22 30 22 33 32 284
M. Desportes.
59 74 108 86 86 97 101 110 103 128 90 82 1124
M. de Boutteville.
2 » 1 2 4 7 4 1 3 3 2 3 32
M. Bertolini.
3 3 3 4 2 9 11 4 8 3 3 2 55
M. Greco.
6 13 8 9 5 10 11 13 12 27 25 18 157
M. Bonacossa.
12 14 26 20 43 28 26 34 31 23 16 15 288
Totaux.
100 115 160 142 164 175 186 184 187 206 169 152 1940

Le premier tableau nous fait voir que le mois d’août a été le plus favorable, tandis que sur celui des statistiques réunies c’est le mois d’octobre qui l’emporte sur tous les autres mois de l’année. En jetant un coup d’œil sur le total du second tableau, on trouve à partir du mois de janvier, qui est le plus faible de l’année, jusqu’au mois d’août, une progression presque régulière dans le nombre des guérisons ; ensuite le chiffre diminue, augmente en octobre et diminue enfin jusqu’en janvier.

Voici pour ces deux tableaux et pour celui de 1839, l’ordre de fréquence pour chaque mois de l’année.

1839. Statistiques réunies. 1831 à 1838.
Août, 33 Octobre, 206 Août, 160
Juillet, 29 Septembre, 187 Octobre, 156
Septembre, 27 Juillet, 186 Juillet, 134
Juin, 23 Août, 184 Septembre, 124
Février, 19 Juin, 175 Novembre, 115
Décembre, 19 Novembre, 169 Mars, 103
Avril, 18 Mai, 164 Juin, 89
Octobre, 18 Mars, 160 Décembre, 88
Janvier, 16 Décembre, 152 Mai, 79
Novembre, 15 Avril, 142 Janvier, 73
Mars, 14 Février, 115 Février, 73
Mai. 12 Janvier. 100 Avril. 72

Il y a, comme on voit, dans ces trois relevés beaucoup de variations pour la proportion relative des guérisons que chaque mois fournit. Tout ce qu’on peut en déduire, c’est que les mois de janvier et de février se trouvent presque toujours en dernière ligne, tandis que les mois d’août, octobre et juillet occupent ordinairement le premier rang. Voyons si en rangeant les mois en saisons, comme nous l’avons fait pour 1839, nous arriverons à quelque chose de plus constant.

Statistiques réunies.
1831 à 1838. Esquirol. Desportes. Bouchet. Bertolini. Bonacossa. Greco. Totaux.
Automne.
395 85 321 8 14 70 64 562
Été.
383 79 308 12 24 88 34 545
Printemps.
254 59 280 7 9 89 22 466
Hiver.
234 61 215 5 8 41 37 367
Totaux.
1266 284 1124 32 55 288 157 1940

L’automne a fourni le plus grand nombre de guérisons sur le relevé des années écoulées de 1831 à 1838 ; il est aussi en première ligne dans la colonne qui réunit toutes les statistiques, ainsi que dans celles de MM. Esquirol, Desportes et Greco ; dans les trois autres, celles de MM. Bouchet, Bonacossa et Bertolini, c’est la saison de l’été qui se trouve au premier rang. L’hiver vient en dernier lieu pour tous ces relevés, à l’exception de celui de M. Greco, où le minimum est pour le printemps. Ces résultats sont à peu près en harmonie avec ceux de l’année 1839. Si nous mettons maintenant en regard la proportion que donnent les mois les plus chauds et celle des mois les plus froids, nous verrons que le minimum correspond toujours à ces derniers.

1831 à 1838. Statistiques réunies.
MOIS FROIDS. MOIS CHAUDS. MOIS FROIDS. MOIS CHAUDS.
Janvier, 156 Avril, 72 100 142
Février, 115 Mai, 79 115 164
Mars, 88 Juin, 89 160 175
Octobre, 73 Juillet, 134 206 186
Novembre, 73 Août, 160 169 184
Décembre, 103 Septembre, 124 152 187
608 658 902 1038

Il est juste de reconnaître d’après tous ces calculs que la température élevée est une circonstance très favorable à la guérison de l’aliénation mentale. Toutefois, il ne faut pas ignorer que l’on hésite souvent pendant la mauvaise saison à rendre la liberté à quelques aliénés guéris, dans la crainte que la misère ne les fasse retomber dans leur premier état.