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Revue des Romans/Alexandre Guiraud

La bibliothèque libre.
Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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GUIRAUD (le baron P. Mar. Alex.),
de l’Académie française, né à Limoux le 25 décembre 1788.


FLAVIEN, ou de Rome au désert, 3 vol. in-8, 1835. — M. Guiraud a voulu personnifier le doute dans le héros de son roman. Flavien est à la fois le produit et l’image d’une société mobile et flottante qui ne sait à quelles étoiles se confier, sur quels autels brûler son encens, qui se débat entre le passé et l’avenir, dégoûté de l’un et n’ayant point le cœur et le bras assez fermes pour s’emparer de l’autre. Deux femmes, Faustine et Néodémie, sont les deux pôles vers lesquels se tournent tour à tour les désirs de Flavien. L’une représente la société païenne avec ses chaudes extases et ses magnifiques emportements ; l’autre le christianisme naissant avec ses virginales attitudes et sa pudeur naïve. La veuve de l’empereur Gordien II offre à son amant le lit et la pourpre des Césars ; la jeune esclave des Gaules, les privations du désert et les palmes sanglantes du martyre. Flavien, que se disputent ces deux amours, passe par toutes le crises de l’antagonisme de l’esprit et de la matière. Faustine parvient-elle à s’emparer de son cœur, il se replonge avec une ardeur nouvelle dans les saturnales du paganisme ; mais si, dans l’enivrement des délices qui l’entourent, il aperçoit à travers le portique le voile blanc de la catéchumène qui se rend à l’agape du soir, il quitte aussitôt l’orgie bruyante, les convives parfumés, le falerne fumant, les danseuses demi-nues, pour suivre l’étoile mystérieuse qui a relui tout à coup dans les ténèbres de son intelligence. La parole simple et chaste de Néodémie commence l’initiation, et son amour l’achève. Le proconsul d’Afrique, le préfet du prétoire, le voluptueux de Baïes prend le chemin du désert et va grossir les rangs de cette milice qui se préparait dans le gymnase brûlant de la Thébaïde à la conquête de l’univers. — Le doute vaincu par la foi qui appelle l’amour à son aide, telle est donc la pensée du roman de M. Guiraud.

Nous connaissons encore de cet auteur : Césaire, 2 vol. in-8, 1830.