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Revue des Romans/Alphonse Brot

La bibliothèque libre.
Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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BROT (Alphonse).


PRIEZ POUR ELLES, in-8, 1835. — Priez pour elles est un roman de mœurs qui commence sur la terrasse d’un jardin en fleur, et qui finit dans une chambre funéraire. Deux jeunes filles, Laure et Juliette, nous apparaissent d’abord fraîches de jeunesse et de beauté ; mais leur bonheur s’évanouit bientôt. Juliette est séduite par un officier de cavalerie qui l’abandonne. Son père, M. de Lamarre, apprend le déshonneur de sa fille, veut en tirer vengeance, et provoque en duel le séducteur, qui, forcé de se battre, blesse son adversaire assez grièvement. La vengeance de M. de Lamarre n’est point satisfaite, et comme Laure est sur le point d’épouser un jeune duc, il fait entendre à celui qui va être son gendre qu’avant d’entrer dans sa famille il doit la purifier par le sang ; l’amant de Juliette est donc provoqué de nouveau, et, heureux encore cette fois, il tue son adversaire. Nous laissons deviner au lecteur ce qui arrive du sort de Laure et de Juliette, jusqu’au moment où, terminant son livre, l’auteur nous demande une prière pour elles. — Ce roman offre un petit tableau d’intérieur plein de tristesse, dont le succès est assuré auprès des femmes qui se laissent toucher aisément par les larmes.

CARL SAND, 2 vol. in-8, 1836. — Carl-Louis Sand, né à Weinseidel en Saxe, étudia au gymnase de Regensbourg ; malgré la douceur angélique de son caractère et la pureté de ses mœurs, il se rangea sous les drapeaux de l’indépendance, et fit la guerre avec honneur en 1813, 1814 et 1815. Rentré dans ses foyers, Sand, qui était membre de la société des Amis de la Vertu, vit avec douleur les persécutions de cette société, et la trahison ourdie contre les libertés allemandes. La liberté de la presse, si solennellement consentie à l’heure du danger, fut violée par une odieuse censure dont était chargé l’infâme espion russe Kotzebue. Carl Sand se rendit à Manheim, ville que Kotzebue habitait ; il s’écria, en descendant de voiture, vivat Teutonia ! Le même jour, 23 mars 1819, il demanda à parler à Kotzebue, et le frappa de trois coups de poignard. Il ne voulut pas fuir, mais il se livra à la justice pour montrer que son action n’était pas celle d’un vil assassin. Pendant les débats de son procès, le jeune Sand ne démentit pas son ferme caractère ; et lorsqu’il porta sa tête sur l’échafaud, le 21 mai 1820, toute la ville de Manheim était plongée dans la consternation. — Les détails historiques de ce meurtre, et le mariage de Sand dans sa prison, sont d’une mise en scène fort intéressante, dont l’auteur a profité habilement. Il a mêlé à cette action dramatique d’abondants détails, empruntés aux mœurs des familles et des universités allemandes : il a fait agir dans le cadre de son roman tout un monde de jeunes gens, pleins d’âme et de foi, liés par la sainte amitié, et se livrant à de naïves amours.

On connaît encore de M. Brot : Ainsi soit-il, in-8, 1833. — Jane Grey, 2 vol. in-8, 1835. — La Tour de Londres, 2 vol. in-8, 1835. — La Chute des feuilles, 2 vol. in-8, 1837.