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Souvenirs de 93, écrits en 1821 ou la Vérité opposée à des mensonges/Préface

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SOUVENIRS DE 93
ÉCRITS EN 1821
OU
LA VÉRITÉ OPPOSÉE À DES MENSONGES

PRÉFACE

Le hasard m’a fait lire le Procès des conjurés Bretons « affaire la Royrie. »

Ma surprise et mon indignation ont été grandes en voyant que les juges du tribunal criminel révolutionnaire de 93 ne se bornaient pas à faire tomber la tête de leurs victimes, mais qu’ils voulaient encore leur ravir ce qu’elles estimaient plus précieux que la vie, l’honneur.

Les juges de ce tribunal ont fait imprimer, dans leur Bulletin, des réponses comme étant de tel accusé, et qui n’ont jamais été faites par lui.

À la fin de ces Souvenirs, j’en citerai deux pour exemple. Elles sont prêtées à mon grand-père, M. de la Motte de la Guyomarais.

Je ferai aussi connaître certains romanciers de nos jours, tenant à honneur d’imiter le Bulletin du tribunal de 93, dans ses mensonges calomnieux.

En faisant paraître les Souvenirs de mon père, mon but est donc de protester, par les faits vrais et authentiques qui y sont relatés, contre les calomnies insérées dans le Bulletin du tribunal de 93 et contre celles de messieurs les Romanciers.

La date de ces Souvenirs, la simplicité du style, les détails qui s’y trouvent prouveront suffisamment au lecteur qu’ils n’étaient pas destinés à la publicité.

Celui qui les écrivait n’avait qu’un but, qu’un désir, être bien compris de ses jeunes lecteurs, qui n’étaient autres que ses enfants, dont l’aîné avait à peine quinze ans.

Mais comme il le dit lui-même en terminant, il tenait, avant tout, à graver dans la mémoire de son fils, le dévouement et la fidélité de ses grands parents et de ses oncles à la cause royale, ainsi que l’ardent amour du marquis de la Royrie, qui, après avoir sacrifié son repos, sa fortune, sa santé, pour délivrer son Roi de la prison, n’ayant pu y réussir, meurt de chagrin en apprenant que les révolutionnaires l’avaient fait monter sur l’échafaud.

Il voulait que ses enfants connussent la vérité sur ce drame sanglant, commencé à la Guyomarais le 25 février, et terminé à Paris le 18 juin 1793. Drame dans lequel il fut à la fois spectateur et acteur.

En leur apprenant ces détails douloureux, il leur imposait le devoir de réfuter les faits erronés ou calomnieux qui pourraient entacher la mémoire de leur grand-père, Joseph-Gabriel de la Motte de la Guyomarais.

En prouvant, par ces Souvenirs, que le Bulletin du tribunal a menti, j’obéis aux désirs de mon père ; et comme petite-fille et dernière du nom du calomnié, je remplis mon devoir envers mon grand-père, en faisant connaître qu’il n’a jamais mérité ni le ridicule, ni le déshonneur que le Bulletin voulait imprimer à sa mémoire par les réponses qu’il fait en son nom.


Mde de la GUYOMARAIS.


15 juin 1887.