Tableau de Paris/684

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(tome IXp. 38-39).

CHAPITRE DCLXXXIV.

Le Grand-Chambellan.


Je ne sais ce que fait à la cour le grand-chambellan ; je ne l’y ai jamais vu ; mais il y a des gentilshommes de la chambre & des valets-de-chambre, une musique de la chambre & des frotteurs de la chambre.

On dit que la chambre entre, & elle entre. L’aumônier, l’apothicaire, le maître-d’hôtel, l’auteur avec son livre, tous sont là pêle-mêle.

Ni plus ni moins que les dieux sont jaloux de leurs droits éternels, ainsi les officiers de nos souverains, depuis le connétable jusqu’au valet-de-pied, chacun a ses priviléges & son apanage respectés des autres favoris de la même cour. Celui qui est initié dans les mystères du fisc, tant national qu’étranger, n’est plus un gibier de la police, mais du chef de la finance française. Le ministre sur le département duquel on empiète, revendique aussi-tôt son client, son protégé, ou, pour mieux dire, son sujet. Passez-moi le séné, je vous passerai la rhubarbe : ce mot est applicable aux administrateurs de l’état, qui, tour-à-tour, se concèdent le droit de récompenser & de punir.