Tombouctou la mystérieuse/XVII

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Flammarion (p. 397-Pl.).

XVII

LA CONQUÊTE FRANÇAISE

Jusqu’au dernier moment, l’Angleterre s’efforce de mettre la main sur le commerce de Tombouctou. Après avoir vainement visé la route de Tripoli et celle des bouches du Niger, elle s’applique à tenter la voie du Maroc, en s’installant vers 1890 au cap Juby. Mais il est trop tard. Nos colonnes et nos postes se sont lentement avancés sur cette route du Sénéga qu’avait préconisée Colbert. En 1893, le colonel Archinard prend Dienné. C’est l’avant-dernière étape : l’année suivante nous sommes à Tombouctou.

Quoi qu’on en ait dit à cette époque, l’occupation de Tombouctou s’imposait. Et elle s’imposait dans le délai le plus bref : il n’est personne qui ne puisse s’en rendre compte maintenant que nous avons fait connaître l’histoire et les êtres de ces pays. La prospérité du Soudan est intimement liée à la tranquillité et à la sécurité de son principal marché. L’anarchie séculaire se prolongeant à Tombouctou, les sacrifices en vies humaines et en argent que nous faisions à ses portes devaient rester stériles. Il importait donc de mettre au plus tôt un terme à la néfaste domination des Touaregs. Que l’on songe, d’autre part, au foyer de résistance contre la domination française qu’aurait pu devenir la ville. Voit-on les Touaregs s’y assemblant, s’unissant aux Kountas, aux Foulbés, aux Maures, comme ils avaient fait contre les Toucouleurs, trente ans auparavant, à l’instigation du cheik El Backay ? Voit-on les routes du Maroc, du Touat, de Tripoli laissées libres : c’est-à-dire le Soudan — cet énorme pays que nous occupons avec des effectifs si modestes — ouvert à toutes les intrigues étrangères, à l’introduction d’armes et de munitions, aux menées fanatiques de quelque marabout illuminé, à un nouvel El Hadj Omar revenant de la Mecque, ou à un Mâhdi arrivant du Touat ? Les résultats de longues années d’efforts et de luttes pouvaient être anéantis en quelques mois, et notre patiente œuvre de régénération et de pacification compromise à jamais. Enfin, allumé à Tombouctou, l’incendie de la révolte pouvait se propager Jusqu’en Algérie. Il était donc urgent que le siège de tant de dangers, la clef de toutes les routes du Sahara et du Soudan fût entre nos mains aussitôt.

La promptitude de notre marche sur Tombouctou a conjuré tous ces périls. Il convient d’en rendre l’hommage au colonel Archinard qui connaissait admirablement le pays et ses gens. Sa décision épargna de nouvelles convulsions à la colonie, et à la métropole de graves déceptions et de grands sacrifices. À peine Dienné prise, il traça le plan de la campagne suivante avec une remarquable intuition de la situation.

Afin d’empêcher toute concentration des nomades, la marche sur Tombouctou devait être triple. Une colonne traverserait les pays de la rive gauche du Niger, une autre s’avancerait sur le fleuve même, tandis que les canonnières éclaireraient la route. C’est sur ces données que l’on opéra à la fin de l’année 1894. Le colonel Bonnier conduisait l’une des colonnes, le colonel Joffre la seconde, et le lieutenant de vaisseau Boiteux la flottille. Malheureusement le colonel Archinard n’était plus là pour diriger la campagne. Il est probable qu’il nous eût évité les douloureux épisodes qui marquèrent l’exécution de ce plan.

Je vais montrer maintenant la prise de Tombouctou sous un Jour nouveau : telle qu’elle fut vue par les habitants et qu’ils me Îa racontèrent, telle que l’aurait relatée un de ces vieux conteurs soudanais dont l’espèce s’est perdue.

Dès le mois de novembre 1895 de vagues rumeurs émurent Tombouctou. Un rassemblement de troupes était signalé à Ségou. Le pays étant tranquille de ce côté, on conjectura que l’expédition se dirigerait vers le nord. Trois semaines s’écoulèrent sans nouvelles. Tout à coup les événements se précipitèrent. Un commerçant du sud vint annoncer que les canonnières étaient arrivées à Saréféré, et se disposaient à repartir pour Kabara ayant embarqué, comme pilotes, deux notables de Tombouctou qui s’étaient exilés, ruinés par les Touaregs. Et dès le lendemain on apprit la présence de la flottille à Korioumé.

Un gros de Touaregs-Tenguérégifs se trouvait à Tombouctou. Ils mandèrent aussitôt le chef de la ville, Hamdia, et lui ordonnèrent de faire battre le tabala (tambour de guerre) et d’enjoindre aux habitants de prendre les armes. L’émotion fut vive. La population était partagée entre la crainte des Français et la terreur des Touaregs. Certains notables firent des remontrances à Hamdia. Seuls, les Kountas habitant la ville montrèrent quelque ardeur. Cependant tous ceux qui n’avaient pu se cacher à temps durent partir en compagnie des hommes voilés. La petite armée avait pour cavalerie les Touaregs, et pour armes des lances et des javelots. Elle ne disposait que de quelques fusils appartenant principalement à des Kountas.

Tandis qu’elle s’achemine vers Kabara, dans la matinée du 5 décembre, les canonnières et les chalands de la flottille quittent Korioumé et montent dans le marigot jusqu’à Daï. Là, le commandant Boiteux et quelques laptots (matelots noirs) s’embarquent dans un chaland, afin de reconnaître leur route jusqu’à Kabara, et d’y recueillir les informations nécessaires pour mettre les deux colonnes au courant de la situation dès leur arrivée. Mais aussitôt se produit un incident qui va déjouer les plans arrêtés et hâter la prise de Tombouctou de la façon la plus imprévue.

L’approche du chaland ayant été signalée à Kabara, Touaregs et Tombouctiens se massent sur le rivage, immobiles et silencieux, et aussitôt que le chaland est à portée, une nuée de javelots et de lances s’envole, les Kountas déchargent leurs armes, une clameur s’élève. Une balle, seule, a porté et blessé un laptot. L’équipage a eu le temps de se garer des javelots en se couchant au fond du chaland : il riposte aussitôt par un feu de salve, qui fait tomber sur le rivage plusieurs blessés et un mort. Alors tout le monde prend la fuite : les Touaregs dans le Désert, les Tombouctiens vers leur ville.

Quelques heures plus tard canonnières et chalands jetaient l’ancre dans le bassin de Kabara.

Pendant la nuit, à Tombouctou, les autorités tiennent conseil.

— Que faut-il faire ? demande Hamdia, chef de la ville.

— Voici ma pensée et mes paroles, répond le cadi Ahmadou Baba. Il faut écrire une lettre au commandant et lui dire : « Ce qui s’est passé à Kabara, ce n’est pas nous qui l’avons fait. Ce sont les Touaregs, dont nous avons peur. Nous, gens de Tombouctou, nous ne nous opposons pas à votre arrivée, car vous tenez tous les pays dont nous tirons notre commerce et notre nourriture. Nous sommes donc en votre main. » Tel est mon avis.

— J’ai peur de faire cela, répond Hamdia. Les Touaregs m ont déjà injurié ce matin, me disant que nous avons écrit aux blancs pour les engager à venir. Ils savent aussi qu’il y a des gens de Tombouctou avec eux.

— Les Touaregs ne nous veulent que du mal : à quoi bon les écouter ? réplique le cadi. Il faut au plus tôt envoyer une lettre à Kabara.

— Mais la route est certainement surveillée. Notre messager sera pris et tué.

— On peut aller à Kabara sans prendre la grande route.

— Soit ! finit par dire Hamdia. Faisons ainsi.

VUE GÉNÉRALE DU FORT BONNIER.

Le cadi rédige la lettre et écrit au commandant :

« Nous te faisons savoir : ce qui s’est passé dans la journée n’a pas été résolu par nous. Nous n’y avons pris part que contraints par les Touaregs. Dès que nous l’avons pu, nous nous sommes sauvés.

« L’unique résolution que nous avons prise est celle-ci : il y a un mois, lorsque nous avons appris l’arrivée de vos troupes à Ségou, les commerçants arabes de notre ville nous ont conseillé d’écrire à notre ancien maître, le sultan du Maroc, et de lui demander ce qu’il faut faire si les blancs se présentent. Les messagers sont partis pour Fez avec une caravane. La route est longue. Ils ne sont pas revenus encore.

« Nous, nous sommes des femmes, nous ne nous battons pas ! »

Deux messagers, qui ont reçu cent coudées de toile blanche pour se faufiler jusqu’à Kabara, partent aussitôt. Avant le lever du soleil ils sont de retour. Un des Tombouctiens qui accompagnent les canonnières a lu et traduit à l’interprète des blancs la lettre du cadi, puis a écrit, au nom du commandant, la réponse suivante :

« Je sais que tous les hommes à cheval et armés de lances étaient des Touaregs. Mais ceux qui ont tiré des coups de fusil habitent Tombouctou. Pourquoi nous ont-ils attaqués avant de savoir ce que nous voulions ? Ce n’est pas ainsi que l’on doit accueillir les gens dont on ne connaît pas les intentions. Les nôtres étaient bonnes. Cependant ce qui est passé est passé. Je veux m’entretenir avec vous. Envoyez-moi demain des notables de votre ville pour palabrer. »

Le lendemain, de grand matin, les Touaregs rentrent à Tombouctou. Un notable, Alfa Saïdou, chef du quartier de Ghinghéréber, les interroge. « Nous vous payons impôt. Vous devez donc nous défendre. Voilà les blancs. Que comptez-vous faire ? — Faites comme vous pourrez, lui répond-on. Les Tenguéréguifs ne sont pas les seuls maîtres ici. D’autres tribus se partagent l’impôt avec nous. Nos gens ne doivent pas être seuls à se battre et à se faire tuer. Du reste, nous venons d’apprendre qu’une colonne française vient à l’ouest du côté de Goundam où sont nos troupeaux et nos femmes. Nous allons les protéger et nous partons. »

Les Touaregs ayant quitté la ville, autorités et notables s’assemblent dans la mosquée de Sidi Yahia après la prière du coucher du soleil. On décide de se rendre au désir du commandant. Deux délégués sont choisis. La lettre qui les accrédite répète qu’ils sont des commerçants et non des combattants, que si le commandant veut attendre la réponse du sultan ce serait bien, sinon il est libre de faire ce qui lui plaira : la population ne s’y opposera pas.

Cependant les délégués reviennent : l’un n’est pas agréé, un Tripolitain, qui a été désigné par les commerçants arabes. Le commandant ne veut pas traiter avec un étranger, mais avec les habitants de la ville uniquement. On le remplace par un marabout influent, Mohaman Kouati. L’autre délégué est Alfa Saidou, le chef de quartier. Dès lors les négociations sont ouvertes très amicalement à Kabara. Les délégués exposent franchement la situation et annoncent l’exode des Touaregs. Le commandant les traite avec honneur, leur apprend que deux armées le suivent, et demande qu’un traité de paix soit signé par le chef de la ville, les autorités et les notables, mettant le pays sous le protectorat de la France. Mais à Tombouctou personne n’ose donner sa signature. La ville est abandonnée à elle-même. Chacun craint le retour des Touaregs et sait qu’alors sa signature lui coûtera la tête.

Le Niger a une crue exceptionnellement hâtive et abondante, ainsi qu’il arrive, suivant une légende locale, les années où doit se produire un événement marquant, sinistre généralement, guerre, épidémie, disette. Depuis trente ans on ne se souvient pas d’avoir vu l’eau aussi profonde dans le marigot qui serpente de Kabara à Tombouctou. M. Boiteux décide de brusquer la conclusion des négociations en se rendant à Tombouctou, et de s’y rendre par le marigot de Kabara avec deux chalands armés de canons-revolvers empruntés aux canonnières.

Et c’est ainsi que Tombouctou, située à plus de 1.000 kilomètres de la mer, ville saharienne au surplus, fut prise par des marins, et de véritables marins d’eau salée, qui donnèrent en ce jour la réplique aux hussards de Jourdan, s’emparant de la flotte hollandaise dans les glaces du Zuiderzée.

Nous sommes le 15 décembre. La veille au soir les deux négociateurs ont été renvoyés à Tombouctou afin de préparer les événements. Durant la nuit des chalands montés par dix-huit hommes ont cheminé sans encombre à travers les sables. Le matin, ils sont devant Tombouctou.

À cette nouvelle une quarantaine d’intransigeants, Foulbés et Kountos pour la plupart, prennent les armes. Mais les autorités les leur font déposer aussitôt, menaçant d’ameuter contre eux la masse de la population. Puis elles se rendent sur les bords du marigot, apportant quelques cadeaux de bienvenue.

Le commandant Boiteux leur dit : « M’apportez-vous aussi le traité de paix que j’ai demandé ? — Non, répond le chef de la ville, car nous n’avons connu ton arrivée que cette nuit. — Alors je n’accepte pas vos cadeaux, reprend le commandant, et je n’ai rien de nouveau à vous dire. Vous connaissez toute ma pensée : Je l’ai dite tout entière à Kabara à vos deux envoyés. »

Tandis que la députation se retire, l’un des petits canons est débarqué et installé sur une dune voisine transformée rapidement en redoute. L’autre canon reste à bord de son chaland, braqué sur le rivage, afin de protéger une retraite éventuelle.

La présence de la petite troupe et surtout ses deux canons dont on connaît la puissance terrible, ont rassuré les autorités contre un retour des Touaregs, et leur donnent le courage de prendre une résolution finale. Elles ont convoqué les notables et les marabouts à la mosquée et, la prière de trois heures ayant été dite, Kouati, le marabout influent, prend la parole : « Vous tous, que dites-vous ? » fait-il à l’assemblée, qui lui répond : « Et toi, que dis-tu ? »

— Mais, moi, je ne fais pas partie des autorités.

— Certes, mais tu es marabout, tu es l’homme de la parole de Dieu : parle ! parle !

— Voici ma pensée, dit alors Kouati : tous ceux qui ne veulent pas faire la paix seront responsables, au jour du jugement dernier, de ceux qui vont être tués.

— Nous ferons ce que tu conseilleras.

— Je ne suis pas le seul marabout à Tombouctou, objecte encore Kouati. Interrogez mes frères.

— Ce que Mohaman Kouati dit est la vérité, opinèrent ceux-ci.

— C’est bien, conclut Kouati, je vais donc demander la paix aux Français.

Et il se rendit auprès des chalands avec Alfa Saïdou qui l’avait accompagné à Kabara, et dit au commandant : « Nous demandons la paix. Nous accepterons et ferons tout ce que tu voudras. Nous sommes désormais avec vous. »

« J’ai grande joie de cette décision, leur déclara M. Boiteux ; nous n’aimons pas à faire la guerre. C’est la paix que nous aimons. Ainsi à Dienné les Toucouleurs qui étaient dans la ville ont tiré les premiers. Sans cela nous n’aurions pas tiré sur Dienné. Vous n’avez donc rien à craindre dorénavant. Signez le traité par lequel vous reconnaissez les Français comme maîtres de la ville, et de mon côté je vous signerai un traité qui vous donnera la protection de la France. »

Le lendemain les deux traités ayant été échangés en présence des autorités, des notables et des marabouts, ceux-ci demandèrent aussitôt au commandant d’entrer dans la ville et de l’occuper, lui exposant leur crainte des représailles touaregs, et l’assurant que désormais il pouvait en toutes choses compter sur eux. Très loyalement ils l’informèrent de la prise d’armes des intransigeants et prirent l’engagement de les surveiller, ainsi que de le tenir au courant de tout ce qui se passerait au dedans comme au dehors.

Le commandant se fit indiquer le point le plus élevé de la ville et y choisit une maison assez vaste. L’un des canons fut hissé sur la terrasse, et les murs de clôture mis en état de défense sommaire. Ce fortin improvisé était au nord de la ville, à l’endroit même où s’élève aujourd’hui un fort véritable occupé par l’escadron des spahis.

Au sud une autre maison fut transformée de même et reçut le second canon. Ici et là on avait réparti par moitié la poignée d’Européens et de laptots, ainsi que cinquante hommes armés de fusils, fournis par la ville et destinés au service des sentinelles.

LA PORTE DU FORT BONNIER.

Pendant ce temps les Touaregs s’étaient concertés. Quelques Kountas s’étaient Joints à eux. Le 25 décembre ils vinrent attaquer la réserve de la flottille à Kabara. C’est alors que se produisit ce triste épisode que j’ai raconté déjà et qui coûta la vie à l’enseigne Aube. Tandis qu’il succombait à Our’ Oumaira, les sentinelles de Tombouctou, ayant entendu des coups de fusil, donnèrent l’alarme. On amena les deux seuls chevaux qui fussent à Tombouctou. Le commandant enfourcha l’un, un Européen l’autre, et la petite garnison, y compris les cinquante Tombouctiens, se porta en toute hâte sur la route de Kabara et attaqua les Touaregs qui furent mis en fuite et laissèrent quinze morts.

Durant la nuit l’ennemi s’était reformé et il vint dans la journée passer en vue de la ville. Ayant été salués de quelques coups de canon, les uns allèrent bloquer la route de Kabara au sud, tandis que l’autre moitié s’installait au nord près des étangs. La nuit suivante, les Touaregs envoyèrent un messager qui remit aux autorités une lettre ainsi conçue : « Gens de Tombouctou, êtes-vous avec nous ou avec les blancs ? » On renvoya le messager après avoir, pour toute réponse, déchiré la lettre devant lui et craché sur les débris. En même temps était arrivé un habitant de la ville que les Touaregs avaient fait prisonnier et qui était parvenu à s’évader de leur campement à la faveur de l’obscurité. Il annonça qu’à un conseil N’Gouna, le chef des Tenguéréguifs, avait proposé de marcher sur Tombouctou, mais que les chefs des Kalintassars s’étaient prononcés dans un sens opposé.

Le commandant fut averti aussitôt et l’alarme donnée en ville. On craignait un coup de main dans les ténèbres, selon la coutume des hommes voilés. Tout le monde s’arma, y compris les étrangers du Mossi qui avaient été récemment rançonnés par les Touaregs et qui prirent les arcs et les flèches de leur pays. Et l’on alla se grouper à l’est et à l’ouest de la ville, qui restaient à découvert, alors que les fortins défendaient le nord et le sud.

Le jour venu, on vit, en effet, des bandes passer à l’est et à l’ouest, mais, apercevant les rassemblements, elles n’osèrent s’approcher. Alors la division s’accentua parmi les Touaregs. Les Kalintassars qui n’avaient pas voulu marcher sur Tombouctou rentrèrent chez eux. Les Tenguéréguifs seuls restèrent et se portèrent sur la route de Kabara avec l’intention d’affamer la ville.

Le calcul était juste. Vers le 6 janvier, la petite garnison se trouva à court de vivres. Coûte que coûte il fallut aller se ravitailler à Kabara. Le commandant résolut d’user du même chemin par lequel il était venu. La nuit, les deux chalands, armés de nouveau de leurs canons-revolvers et de quelques hommes, se glissèrent inaperçus, mais ne purent revenir avant le lever du Jour. Ayant été découverts par les Touaregs, ceux-ci se formèrent aussitôt en masse dans un passage où les bords du marigot se resserrent. Au moment où ils s’élançaient, les canons-revolvers, démasqués tout à coup, les couvrirent de mitraille. La route de Tombouctou était libre. Les Touaregs, qui n’avaient pas vu partir les chalands, crurent à l’arrivée de renforts et se retirèrent vers le Désert.

Quatre jours plus tard, le 10 janvier, la première colonne, commandée par le colonel Bonnier, entrait dans la ville et mettait fin à l’extraordinaire et périlleuse aventure de la marine à Tombouctou.

J’ai fidèlement transcrit le récit fruste et naïf que me firent les hommes d’ébène et de bronze qui ont été les acteurs ou les spectateurs de cette action. Je n’ai pris soin que de contrôler leurs dires, évitant la moindre fioriture. Et pourtant je doute qu’il y ait dans les temps modernes un épisode plus invraisemblable que celui dont je viens de me faire l’historien. Le solennel du drame héroïque s’y mêle à la folie de l’opérette, le bouffon le dispute au sublime. Jamais la maladive fantaisie d’Edgar Poë n’a rien inventé de plus fantastique.

Le point de départ seul est une gageure contre la raison : dix-neuf hommes, dont sept Européens et douze nègres sénégalais, veulent amener à composition une ville de 8, 000 habibitants, et sont eux-mêmes amenés à s’en emparer. Et cette ville, ce n’est pas un quelconque Landerneau africain. C’est Tombouctou la Grande, séculairement réputée mystérieuse, fanatique, inaccessible. Et cela va crescendo ! La population se joint aussitôt à ses maîtres du jour contre ceux de la veille. Ils étaient des « femmes » hier. Ils sont des héros aujourd’hui, prêts à mourir pour… défendre leurs vainqueurs.

L’ENTRÉE DU FORT PHILIPPE.


Qui plus est, ils le prouvent ! Ils combattent, non pas derrière des remparts, mais en rase campagne, ces mêmes Touaregs que naguère ils n’osaient pas regarder en face. De plus en plus fort : ils les vainquent ! Et cette épopée échevelée, où défilent des combats d’artillerie, de cavalerie, des tableaux de siège et un combat naval, ne dure pas un ou quelques jours, elle se prolonge un mois. En vérité, on demeure surpris de ne pas voir Pallas-Athéné aux yeux glauques, ou Vénus aux bras blancs, apparaître dans la plaine de Tombouctou pour protéger et enflammer l’ardeur guerrière de ceux-ci, et Apollon, porteur de l’arc d’argent, accabler ceux-là de ses flèches. Mais non, tout cela n’est pas une fable. Tout cela a été vécu, en notre siècle réputé pour son prosaïsme aigu…

Pourquoi faut-il que cette glorieuse et amusante équipée soit aussitôt suivie d’un épilogue sinistre ?

Les acteurs sont maintenant la première colonne de secours et ces mêmes Touaregs que nous avons laissés plus haut à l’ouest de Tombouctou. Quant au récit, il a été écrit par l’un des rares survivants de cette affaire.

Dès le lendemain de son entrée à Tombouctou, sans plus de répit, le colonel Bonnier désignait la cinquième compagnie et un peloton de la onzième pour partir en reconnaissance afin de débarrasser les environs des nomades qui les infestaient, et, si possible, de tirer vengeance du massacre de l’enseigne de vaisseau Aube.

Le matin à 5 heures, laissant le commandement des troupes au plus ancien capitaine, le capitaine Philippe, le colonel prenait la tête de la petite colonne, accompagné du commandant Hugueny, des capitaines Regad, Livrelli, Tassard, Sensaric et Nigote, des lieutenants Garnier et Bouverot, du sous-lieutenant Sarda, du médecin colonial Grall, du vétérinaire Lenoir et de l’interprète Acklouck.

C’était le 14 janvier 1894. À 2 heures de l’après-midi, le colonel Bonnier apprend que les Touaregs ne sont qu’à quelques kilomètres en avant de la colonne. On marche jusqu’à 8 heures du soir. À cette heure, on aperçoit des troupeaux et quelques gens armés. Après avoir chassé les rôdeurs, la petite colonne s’installe pour la nuit sur l’emplacement désigné sous le nom de Tacoubao par les gens du pays. Les Touaregs viennent d’évacuer l’endroit. Tout le monde est content et dispos.

Le campement a la forme d’un carré à peu près. Les hommes de la cinquième compagnie occupent le côté nord. Tous se couchent roulés dans leurs couvertures, les faisceaux formés près d’eux. Les hommes de la onzième compagnie sont sur le côté sud. Sur les deux autres faces sont parqués les troupeaux capturés.

Les prisonniers sont installés au milieu du camp. Tout l’état-major est formé en un groupe dans le centre du carré, vers le côté est, où se trouve le poste du colonel.

Jusqu’à minuit environ, les officiers de l’état-major veillent, ils passent joyeusement la soirée et longtemps on les entend rire et plaisanter. Tous enfin s’endorment. La nuit étant très fraîche, de petits feux sont allumés dans le camp et continuent à se consumer lentement. La nuit est splendide et la lune illumine tout de sa clarté jusque vers 4 heures environ, alors elle disparaît…, et l’heure est favorable à l’ennemi pour le coup de main qu’il prépare.

Il est 4 heures et demie du matin. Seules les sentinelles veillent. Il y en a six. Le colonel a lui-même donné l’ordre de les placer à petite distance du camp. Tout à coup, au milieu du silence et de l’obscurité, deux coups de feu retentissent et le cri : « Aux armes ! » est répété partout. Tous, aussitôt sont debout et se précipitent pour se mettre en défense. Hélas ! il est trop tard.

Les Touaregs, dont quelques-uns, la veille au soir, rôdaient autour du campement, se sont rassemblés en nombre et approchés pendant la nuit. Leurs cavaliers, accompagnés et suivis de piétons au pas de course, se sont précipités sur le camp français, favorisés par les ténèbres, dans une charge enragée et irrésistible. En un clin d’œil, ils renversent les faisceaux et font irruption de tous côtés dans le camp, où l’on n’a pas eu le temps de se mettre en garde.

La nuit est encore complète et la scène effroyable qui s’ensuit ne peut se dépeindre. C’est une trombe furieuse, un tumulte indescriptible. Les cris de guerre dominent, jetés par l’ennemi qui frappe et tue de tous côtés, à coups de lance, de sagaie, de sabre, poignard, casse-tête, etc. Quelques coups de feu parmi les clameurs de détresse, et c’est tout.

Nos tirailleurs ont succombé sous l’avalanche humaine… En quelques minutes tout est terminé.

Cependant trois Européens, un officier et deux sous-officiers, le capitaine Nigote, le sergent-major Baretti et le sergent Lalire, ainsi que quelques hommes réussissent à se frayer un passage en lâchant leur coup de feu, et parviennent à gagner quelques buissons à proximité du campement.

Au milieu de difficultés et de périls inouïs, le capitaine Nigote rassemble les fuyards et les conduit jusqu’au convoi laissé en arrière. Là, ils peuvent se reformer.

Quatre-vingt-deux des nôtres et deux guides manquent à l’appel. Neuf officiers, dont le colonel, trois sous-officiers, dont deux Européens, huit caporaux et soixante tirailleurs indigènes sont tombés sous les coups de l’ennemi.

D’après ce qu’ont pu juger les survivants de ce terrible drame, dans la nuit et le tumulte, le détachement a été attaqué par environ deux cents cavaliers et deux à trois cents fantassins. L’ennemi a prononcé son attaque par le nord-ouest avec un mouvement enveloppant. L’objectif était manifestement l’état-major de la colonne. Il est absolument certain que les Touaregs montés étaient sur des chevaux et que pas un seul mehari ne se trouvait dans l’affaire. Il est certain aussi que les Touaregs ne se sont servis que de l’arme blanche.

Vingt-cinq jours après l’événement, la seconde colonne, commandée par le colonel Joffre, arriva à son tour à Tacoubao et fut assez heureuse pour recueillir du moins les squelettes des treize Européens. Elle les transporta à Tombouctou. Derrière un enclos en épines mortes on les coucha, au pied du fort qui commençait à s’élever au sud de la ville. En grande solennité les derniers honneurs leur furent rendus devant toute la garnison et la population assemblées. Le canon tonnait de minute en minute. Puis de modestes tertres en briques crues et de pauvres croix noires furent élevés sur les tombes des héros malheureux. Et alors le colonel Joffre pensa à les venger. On ne tarda pas à apprendre que les Tenguéréguifs se trouvaient non loin de Goundam, entre les lacs Faguibine et Fati. Il leur fut fait ainsi qu’ils avaient fait. On les surprit une nuit dans leurs campements, à Kiti, et nos tirailleurs et nos spahis en firent un grand massacre. Ils avaient, suivant l’expression qui leur est propre, payé la rançon du sang.

Depuis, parce que nous avons vengé nos morts, ainsi que l’exigent les mœurs du Désert, parce que nous détenons le pays et les marchés dont vivent les Touaregs, leurs diverses tribus ont fait leur soumission. Je n’oserais affirmer qu’elle est complète et définitive. Parfois il faudra leur démontrer encore que leur néfaste domination est finie et qu’ils ont trouvé un maître.

Tombouctou, elle, est demeurée fidèle, sans la moindre défaillance à travers ces vicissitudes, à la parole donnée dès le premier Jour : « Nous sommes désormais avec vous » ; et il n’est guère à prévoir qu’elle songe jamais à la reprendre. Après s’être fait attendre un an, la réponse du sultan du Maroc, qu’escomptaient les rares intransigeants, est arrivée. Le seigneur de Fez a écrit :

« Louange à Dieu l’unique.

« Que la bénédiction et le salut soit sur notre seigneur Mahomet, sur sa famille, sur ses compagnons.

« Salut à vous, chef de la ville et notables. Que Dieu vous accorde ses faveurs accompagnées de ses bénédictions et de sa miséricorde.

« J’ai prêté une grande attention à l’aide et à la protection que vous m’avez demandées. J’ai eu un grand chagrin. Je me serais rendu à votre appel et vous aurais appuyé avantageusement ; seulement la distance, le grand éloignement, exigent de la lenteur dans les déterminations. Il faut que vos voisins vous viennent en aide.

« Je ferai des démarches auprès des Français pour qu’ils s’éloignent de vous, mais auparavant envoyez-moi des preuves comme quoi vous dépendez de mon haut gouvernement et de mon royaume bien-aimé.

« Si vous possédez des écrits émanant de vos ancêtres (les généreux qui sont en avant, dans le pays du salut !), des documents évidents et sérieux, envoyez-les-moi. Grâce à eux, je vous délivrerai de tout ce qui est arrivé par la force et la puissance de Dieu, le très élevé, qui suffit aux affligés, qui soulage ceux qui souffrent, car il est tout-puissant.

« Salut.
« Moulay el Hassan. »

Ainsi les rares et dernières illusions sont évanouies. Aussitôt reçue, la lettre de Sa Majesté chérifienne a été déposée entre les mains du commandant de Tombouctou, qui l’a délicatement placée dans les archives.

Deux grands forts ont remplacé les fortins improvisés, et leurs canons battent désormais de tous côtés les abords de la ville. Sous cette garde d’airain la population commence à revivre, à se ressaisir. Le long cauchemar des Touaregs se dissipe lentement. On commence à réparer et à rebâtir les maisons, à entre-bâiller les portes, à porter de nouveau les belles robes brodées.

Lentement aussi la ville s’incruste d’empreintes européennes. La première a été un commissaire de police, un grand hercule nègre flanqué d’un long sabre en sautoir, qui a promené à travers les rues sa silhouette de garde champêtre. Ensuite un audacieux qui avait poussé maintes pointes dans le sud-algérien, Gaston Méry, est venu fonder un comptoir. Dans une grande et confortable maison qu’il s’est fait construire, il réalise d’excellentes affaires. Enfin les Pères Blancs du cardinal Lavigerie sont arrivés à leur tour, conduits par le P. Hacquard, lui aussi réputé en Algérie. Grâce à eux, la ville est déjà dotée d’une église, Notre-Dame-de-Tombouctou, et d’une école.

MAISON TYPE DE TOMBOUCTOU, RESTAURÉE.

Tels auront été les premiers jours de l’ère nouvelle dans laquelle est entrée Tombouctou. Elle en sortira plus prestigieuse que Jamais, car il est une chose que rien n’a pu détruire, qui ne disparaîtra jamais et qui lui assure une éternelle grandeur : c’est son admirable position géographique, au seuil du

Soudan, en face du Niger oriental et du Niger occidental,
semblables à deux bras dont tout l’Occident africain est étreint.

Dans le lointain des temps futurs, je vois Tombouctou ayant rejeté ses haillons d’aujourd’hui et redressé sa taille courbée par les malheurs. Alors le marigot ensablé de Kabara aura été déblayé, approfondi. Le Niger pourra apporter jusqu’à la ville des éaux plus abondantes. On aura ménagé à celles-ci, par des travaux faciles, un débouché vers le nord et l’est. Une fraîche ceinture entourera la ville de toutes parts. Elle aura retrouvé ses Jardins, ses verdures, ses palmiers d’autrefois. Striée d’avenues ombragées, elle sera une plaisante et active cité cosmopolite, trait d’union entre le monde blanc et le monde noir.

Le Sahara aura été dompté. Une chaîne d’acier lui aura été imposée dont les anneaux seront des rails. Les locomotives électriques auront permis de réaliser le chemin de fer transsaharien. Avec une vitesse de foudre les convois circuleront entre Alger et Tombouctou, les flots de la Méditerranée seront unis aux flots du Niger. Touaregs, Kountas, tous les nomades improductifs, auront été rejetés dans le Désert stérile, leur patrie première. Ils y seront devenus de bons gendarmes ou de braves gardes-voie, tels les Khirgizes, leurs frères en vagabondage, dans les steppes de l’Asie centrale. Our’Oumaira, l’endroit sinistre, aura disparu des mémoires. De Kabara l’on entendra à Tombouctou des éclats de vie, les gais sifflets des vapeurs atterrissant ou levant l’ancre, venant apporter et chercher les produits multiples.

Je rêve aussi Tombouctou devenue un foyer de civilisation et de science européennes, françaises, comme elle fut jadis un centre de culture musulmane. De nouveau la réputation de ses savants s’étendra jusqu’au lac Tchad, jusqu’au pays de Kong et à l’Atlantique.

J’aime à croire, enfin, qu’à ce moment l’on aura réparé de douloureuses injustices. Croit-on que rien n’évoque encore le souvenir de René Caillié en cette ville qu’il raconta le premier à l’univers, non plus qu’ailleurs dans ce Soudan où il déploya tant de vaillance ? Les monuments, les places et les grandes voies rappelleront également les noms de Colbert, de Faidherbe, de Borgnis-Desbordes, d’Archinard, de Gallieni, comme ceux de Mungo-Park, de Lang et de Barth. Dans les écoles on enseignera l’histoire de tous ces pionniers, et les maîtres diront aux enfants : « Honorez-les, et pensez à eux avec reconnaissance. Ils pensaient déjà à vous alors que vos pères n’étaient pas nés. »

… Dans le lointain des temps futurs je vois Tombouctou apparaître superbe, lettrée, riche, Reine du Soudan, telle qu’elle se dessine dans le lointain des temps passés, telle que son panorama en donne l’illusion au voyageur des temps présents.

NOTICE
Concernant les Manuscrits arabes recueillis par M. Félix Dubois
à Tombouctou,
et utilisés ou mentionnés au cours de l’ouvrage.

Cette notice a été composée d’après les indications de M. Edmond Benoist, fils de M. Eugène Benoist, membre de l’Institut.

M. Edmond Benoist, ancien élève de l’École des Langues Orientales vivantes et récemment encore attaché au Département des Manuscrits de la Bibliothèque Nationale, a bien voulu me prêter le concours de ses connaissances spéciales de la langue arabe.

Je saisis l’occasion présente pour l’en remercier.

F. D.

Tarikh-ès-Soudan, chronique des événements politiques, littéraires et religieux, survenus au Soudan, depuis les temps les plus reculés, jusqu’en 1656. Attribuée à tort par Barth à Ahmed-Baba ; en réalité, œuvre du savant Abderrahman-ben-abdallah-ben-amrangben-Amr-Sâdi-el-Tombouccti (1546-1658).
Diwan-el-Moulouk fi salatin ès Soudan. Le premier feuillet de ce manuscrit manque ; par suite le nom de l’auteur nous échappe. C’est un ouvrage historique, contenant le récit des événements depuis 1656 (époque à laquelle s’est arrêté l’auteur du Tarikh-és-Soudan) jusqu’à 1747.
Feuillets relatifs à l’Histoire de Tombouctou de 1745 à 1796 et attribués par la tradition locale à un nommé Mouley Ghassoum. C’est plutôt un obituaire et une chronologie qu’une œuvre véritablement littéraire.
Deux feuillets contenant une Liste chronologique des rois du Massina. Cette liste se retrouve dans le Tarikh-ès-Soudan.
Fragments du Fatassi par Mahmadou-Kôti (1460-1554). Les plus importants de ces fragments, qui ont été utilisés par Cheikou-Ahmadou pour légitimer son autorité, se rapportent à une entrevue d’Askia-le-Grand avec le cheik égyptien Abderrahman-es-Soyouti.
Consultation juridique et politique écrite par Mohi-ed-din-Abou-Abdallah Sidi Mohammed ben Abdel Kérim El-Mogheïli el Tilimsani sur des questions posées par El-Hadj-Mohammed-Askia. Cet auteur arriva au Soudan vers l’an 1500.
Nil-el-Ibtihadj bitatriz-ed-dibadj. Supplément au dictionnaire biographique des savants malikites d’Ibn-Ferhoun, par Ahmed-Baba (1556-1627).
Miraz, ouvrage écrit par le même auteur, pendant sa captivité au Maroc, pour renseigner les Marocains sur les différentes populations noires du Soudan.
Éloge en vers d’un gouverneur marocain (17e siècle ?).
Lettre d’Abdoul-Kader, chef des colonnes de Cheikou-Ahmadou, rendant compte à celui-ci de sa campagne contre les Touaregs (19e siècle).
Lettre d’Ahmed-el-Backay-ben-Mohammed-ben-el-Mokhtar à El-Hadj-Omar (19e siècle).
Petit Taraïfa par Sidi Mokhtar, le jeune, ouvrage relatif aux populations du Sahara (19e siècle).
Tohîet-el-Albab our Nokhet-el-Adjab. « Cadeau offert aux hommes intelligents et choix de merveilles. » Ouvrage d’imagination composé sous une forme sérieuse par Abou-Abdallah-El gharnali qui vivait à Mossoul vers le 12e siècle.
Dalaïl-el-Khairat, livre de piété très répandu dans l’Islam ; œuvre du Berbère Abou-Abdallah-al-Djozouli, mort en 1465. Très beau spécimen de la calligraphie soudanaise ; titres et ornements en couleur.
Feuillets liturgiques, collection de carrés magiques, de talismans et de formules de prières.