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Traité élémentaire de la peinture/237

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Traduction par Roland Fréart de Chambray.
Texte établi par Jean-François DetervilleDeterville, Libraire (p. 194-195).


CHAPITRE CCXXXVII.

Si l’on peut tourner la jambe sans tourner aussi la cuisse.

Il est impossible de tourner la jambe depuis le genou jusqu’en bas, sans tourner aussi la cuisse par le même mouvement ; cela vient de ce que la jointure de l’os du genou est emboîtée dans l’os de la cuisse et assemblée avec celui de la jambe, et cette jointure ne se peut mouvoir en avant ni en arrière, qu’autant qu’il faut pour marcher et pour se mettre à genoux ; mais elle ne peut jamais se mouvoir par le côté, parce que les assemblages qui composent la jointure du genou ne s’y trouvent pas disposés : car si cet emboîtement étoit pliable en tout sens, comme celui de l’os adjutoire qui est à l’épaule, ou comme celui de la cuisse qui joint la hanche, l’homme auroit le plus souvent les jambes pliées aussi bien par les côtés qu’en devant et en arrière, et elles seroient presque toujours de travers ; de plus cette jointure est seulement pliable en devant et non en arrière, et par son mouvement en devant, elle ne peut que rendre la jambe droite, parce que si elle plioit en arrière, l’homme ne pourroit se lever en pied quand il seroit une fois à genoux ; car pour se relever quand il est à genoux, il jette premièrement tout le poids du corps sur un des genoux en déchargeant l’autre, et au même temps l’autre jambe qui ne sent plus d’autre charge que son propre poids, lève aisément le genou et pose à terre toute la plante du pied ; après quoi il fait retourner tout le poids sur ce pied, appuyant la main sur son genou ; et en même temps allongeant le bras qui soutient le corps, il hausse la tête, il étend et dresse la cuisse avec l’estomac, et se lève droit sur ce pied qui pose à terre, jusqu’à ce qu’il ait aussi levé l’autre jambe.