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Wikisource:Extraits/2019/46

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Marie Jaëll, L’intelligence et le rythme dans les mouvements artistiques, IIe partie, chapitre 4
1904



DEUXIÈME PARTIE

LE TOUCHER MUSICAL


CHAPITRE IV

LA CÉRÉBRALITÉ DES ATTITUDES DANS LE TOUCHER MUSICAL


L’harmonie de la structure de la main et l’harmonie musicale.

Avant d’aborder l’analyse des sensations de surface de la géométrie linéaire du toucher musical, nous allons donner quelques indications : 1° Sur la structure de la main et la dissociation des mouvements ;sur l’influence des attitudes par rapport au rythme des mouvements ;sur les principes du mécanisme du toucher.

La structure de toutes les mains pourrait être considérée comme harmonieuse : ce sont les dimensions uniformes des touches du clavier qui mettent certaines mains en déficit.

Avec le besoin qui ne tardera pas à se faire sentir, d’affiner le toucher, on arrivera peut-être à varier ces dimensions. Chacun choisirait le clavier en harmonie avec la structure de sa main. On pourrait même avoir des claviers de rechange qui, à volonté, s’adapteraient au même instrument.

Nous disons que toutes les mains pourraient être considérées comme harmonieuses, parce qu’il y a une analogie entre les intervalles dont se compose le système musical et la structure de la main.

Nos dix doigts forment deux unités de cinq doigts ; le pouce étant considéré comme le premier doigt, on désigne les autres, dans le langage courant, par les chiffres successifs de 2e, 3e, 4e et 5e doigt, comme on désigne, en musique, les rapports des sons successifs par intervalles de seconde, tierce, quarte, quinte. Ces intervalles s’étendent, il est vrai, jusqu’à l’octave, et les octaves s’ajoutant les unes aux autres forment, au nombre de huit, la largeur totale du clavier. Mais par le fait d’écarter les différents doigts, les dimensions de la main s’étendent généralement aisément jusqu’à l’octave, et au delà, et, par le fait d’écarter les bras, chacune des deux mains atteint facilement les octaves successives jusqu’aux octaves extrêmes.

À ces divisions de la structure de la main correspondent des divisions infiniment multiples des sensations acquises sous l’influence des variétés de la tension musculaire et de la localisation du toucher. Car de même que les intervalles musicaux correspondent aux modifications du nombre de vibrations, de même les attitudes des doigts dans l’exécution des intervalles correspondent à des combinaisons de sensations dans lesquelles subsiste une harmonie de nombres qui nous est inconnue, mais que nous