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Blanqui - Critique sociale, I/Avant-Propos

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Félix Alcan (1p. v-x).

AVANT-PROPOS



Le 28 mai 1872, Blanqui écrivait ce qui suit à sa sœur, madame Antoine :

« Je te renvoie un paquet contenant partie de mes manuscrits que tu m’avais envoyés. Il y en a six, dont cinq classés par les lettres majuscules A, B, C, H, K. Les cinq numérotés forment un corps d’ouvrage d’économie politique, pas très méthodiquement classé mais pouvant passer. Ce sont quatre grands framents intitulés : 1o Capital et Travail — 2o Luxe — 3o les Apologies de l’usure — 4o le Communisme, avenir de la société. Le cinquième cahier, marqué K, est intitulé Fragments. Ce sont des fragments détachés de une, deux, trois pages, destinés à se fondre dans l’ouvrage, s’il se terminait, mais pouvant être publiés tels qu’ils sont parce qu’ils renferment tous une idée complète. Si je venais à disparaître, il y à là un volume tout prêt à imprimer. En tête de ces cinq cahiers, doit figurer le prologue. Ainsi le volume se composerait des six cahiers suivants, dans l’ordre que j’indique ici : 1o le Prologue — 2o le cahier A, Capital et Travail — 3o le cahier B, le Luxe — 4o le cahier C, les Apologies de l’usure — 5o le cahier H, le Communisme, avenir de la société — 6o le cahier K, Fragments.

Ces six cahiers, dans l’ordre indiqué, peuvent être mis sous presse. L’avenir dira ce qu’il faut en faire. Il reste chez toi une foule d’autres manuscrits relatifs à l’économie politique : entre autres un qui… traite surtout du coopéralif au temps des congrès de Genève et de Lausanne, J’espère qu’il n’est pas perdu. »

C’est donc à la fois pour nous conformer à la volonté de l’illustre révolutionnaire, pour rendre hommage à sa mémoire et pour remplir un devoir envers le public que nous, les amis et les disciples de Blanqui, assistés de sa sœur, madame Antoine, nous avons préparé cette édition.

Nous avons réuni dans ces deux volumes tout ce qui, dans les Manuscrits de Blanqui, avait trait à l’économie politique et sociale,

En ce qui touche Capital et Travail, nous avons scrupuleusement suivi l’ordre fixé par Blanqui lui-même : 1o le Prologue, 2o Capital et Travail, 3o le Luxe, 4o les Apologies de l’usure, 5o le Communisme, avenir de la société. Toutefois nous en avons détaché, pour en faire le fonds du second volume, les Fragments considérablement augmentés par « une foule d’autres manuscrits relatifs à l’économie politique » et non plus limités au « cahier K ».

Le premier volume se termine par : Propositions de quelques économistes, notes critiques, pour la plupart de premier jet, prises au courant de la plume et de la lecture.

Nous avons mis en tète quelques lignes évidemment destinées par Blanqui à servir de préface.

Le deuxième volume est intitulé : fragments et notes

Sous le titre général : Le Coopératif et le titre spécial : Projet de discours, nous donnons le manuscrit visé par Blanqui dans sa lettre à madame Antoine, le manuscrit « qui traite surtout du coopératif au temps des congrès de Genève et de Lausanne ».

Les Questions économiques au Parlement ne sont autre chose que l’analyse consciencieuse et minutieuse de certains travaux et de certains débats. Peut-être les accusera-t-on de faire parfois longueur et de manquer d’actualité. Mais, outre que les questions traitées n’ont pas disparu, leur analyse a toujours tant de précision, elle brille par des vues si claires, elle est semée d’aperçus si originaux, énoncés dans un style si personnel, elle démontre si bien la préoccupation de Blanqui et son absolue compétence sur ces questions que les malveillants l’accusaient de négliger et même d’ignorer, que nous n’avons voulu nous permettre aucune coupure.

Enfin nous avons cru que les miettes de l’esprit et du génie étaient bonnes à recueillir et nous les avons réunies sous la rubrique Notes. Il y a telle pensée détachée, tel aphorisme en une ligne qui vaut un long morceau.

Nous publions, en tête du premier volume, une gravure de la statue de Blanqui exécutée, pour le monument du Père-Lachaise, par le grand sculpteur Dalou. Nous sommes heureux de saisir l’occasion qui nous est offerte et de donner à M. Dalou le témoignage public de notre admiration, de notre reconnaissance, Grâce à lui, grâce à son désintéressement tout autant qu’à son génie, le monument de Blanqui sera couronné par une œuvre immortelle, digne, tout à la fois, de celui qui l’a exécutée et du grand homme dont elle glorifie la mémoire.

Mars 1885.