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Croyances et légendes du centre de la France/Tome 1/Livre 01/02

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CHAPITRE DEUXIÈME

LES ROIS DE LA FÈVE

Seuls rois de qui le peuple ait gardé la mémoire.

Si tant est que le bonheur consiste à ne rien faire, le vieux dicton : Heureux comme un roi ! a pu s’appliquer jadis à nos rois fainéants ; on aurait pu l’appliquer encore au roi d’Yvetot de Béranger, et même à nos monarques constitutionnels, s’ils avaient voulu se résigner au rôle tout passif que certain publiciste leur avait trop libéralement assigné ; mais cette antique locution ne saurait plus s’entendre, aujourd’hui, qu’en parlant du roi de la fève.

On ne fête plus guère les Rois, en Berry, que dans quelques rares maisons où une piété sereine forme le fond des mœurs de la famille et s’allie naturellement à cette douce gaieté qui est le partage des cœurs simples et des consciences sans reproche. Autrefois, en France, dans toutes les classes de la société, depuis le palais du Louvre jusqu’à la plus humble chaumière, on partageait le gâteau à la fève. — « Pour divertir le roi, dit Mme de Motteville, dans ses Mémoires (année 1649), la reine voulut séparer un gâteau et nous fit l’honneur de nous y faire prendre part avec le roi et elle. Nous la fîmes la reine de la fève, parce que la fève s’était trouvée dans la part de la Vierge. Elle commanda qu’on apportât une bouteille d’hippocras[1], dont nous bûmes devant elle, et nous la forçâmes d’en boire un peu. Nous voulûmes satisfaire aux obligations des extravagantes polies de ce jour, et nous criâmes : « La reine boit ! » — Saint-Simon rapporte, de son côté, qu’en 1701, « lorsqu’on eut tiré le gâteau, Louis XIV témoigna une joie qui parut vouloir être imitée. Il ne se contenta pas de crier : La reine boit ! comme en franc cabaret, il frappa et fit frapper chacun de sa cuiller et de sa fourchette sur son assiette, ce qui causa un charivari fort étrange, et qui, à plusieurs reprises, dura tout le souper[2]. »

Ce repas des Rois, qui se prolonge d’ordinaire assez avant dans la nuit, dut être, dans le principe, ainsi que le réveillon de Noël, une espèce de pervigilium ou de veille en l’honneur d’une divinité. Seulement, le temps que les premiers chrétiens ont pu consacrer d’abord à la prière, on a fini par le consacrer à la joie et à la bonne chère ; ce qui a inspiré à un vieil hagiographe cette réflexion par trop morose : « On passait autrefois la plus grande partie de la nuit des Rois à chanter des cantiques de louanges et d’actions de grâces ; maintenant plusieurs la passent dans des festins de dissolution, où l’on ne craint pas de mêler avec le saint nom de Dieu des folies superstitieuses du paganisme ; car on doit regarder ainsi la cérémonie qu’on appelle du Roi boit. »

On va voir, toutefois, que le clergé du vieux temps ne se faisait pas faute de mêler, en cette circonstance, le profane au sacré et que la folie des clercs allait au moins aussi loin que celle des laïques : — « À Bourges, dit M. Raynal, on célébrait à Notre-Dame de Sales la fête de l’Âne, le jour de l’Adoration des Mages. D’après la tradition, c’étaient les chanoines eux-mêmes qui représentaient les prophètes annonçant l’arrivée du Messie. Balaam, le faux prophète, sur un âne richement harnaché, figurait parmi eux : il entrait dans le chœur et faisait trois fois le tour du pupitre. Pendant cette promenade, on chantait une prose farcie, c’est-à-dire mélangée de latin et de français et peu respectueuse pour le clergé, surtout lorsqu’on arrivait à ce couplet :

Aurum de Arabia,
Thus et myrrham de Saba
Tulit in Ecclesia
Virtus asinaria.

Hez, sire Asne, çà, chantez,
Belle bouche rechignez ;
Vous aurez du foin assez
Et de l’avoine à plantez[3].

Dans les églises de Saint-Étienne et de Saint-Ursin, « c’étaient, continue M. Raynal, les bacheliers, les vicaires et les choristes qui célébraient la fête. On l’appelait le Mystère, la Procession ou la Pompe des trois Rois et du roi Hérode… Pour figurer l’étoile qu’avaient vue les Mages, on plaçait trois cierges dans un grand vase de terre qu’on promenait dans toute l’église… On avait coutume de jouer, à cette occasion, le Mystère des trois Rois. La représentation avait lieu dans l’église même ; car on voit, en 1517, le chapitre défendre au roi Hérode et à ses jongleurs d’entrer dans la cathédrale avant la fin du service ; en 1535, pour empêcher le tumulte, ordinaire en pareil cas, il interdit à ceux qui remplissent les rôles d’Hérode et des trois Rois, au peuple et surtout aux femmes, de pénétrer dans le chœur avant que les vêpres soient achevées. Souvent, les acteurs de ces pompes bizarres et le peuple qui y assistait se livraient à de grandes insolences et à de vives railleries contre le clergé lui-même, et ce fut surtout là ce qui les fit enfin proscrire…

« Ce n’était pas seulement à Saint-Étienne qu’avaient lieu de pareils spectacles : l’exemple de l’église mère était certainement suivi dans toutes les églises du diocèse, et même dans les monastères[4]. »

L’Épiphanie étant l’une des principales époques où s’acquittaient, sous l’ancien régime, la plupart des redevances féodales, beaucoup de tenanciers devaient, ce jour-là, à leur seigneur un gâteau des Rois. C’est ainsi qu’à la fin du dernier siècle, le fermier du domaine de la Garenne, situé dans la commune de Thevet (Indre), était redevable au seigneur de Saint-Chartier d’un « gasteau fin de la fleur d’un boisseau froment, à chascune feste des Rois, ou pour iceluy de la somme de trente sols[5]. »

Dans les villes, ainsi que cela se pratique encore quelquefois en Berry, les boulangers fournissaient gratuitement à leurs principales pratiques le gâteau des Rois, ce qui mécontentait fort les pâtissiers, et amena même le Parlement à interdire, à plusieurs reprises (1713, 1717) ces sortes de libéralités. Il fallait qu’il se fît, à Paris, une grande consommation de gâteaux à la fève, car on évaluait à cent muids la quantité de farine que l’on employait, vers le milieu du dix-huitième siècle, à leur confection. Ce fait est constaté par le texte d’un arrêt du Parlement qui jugea à propos, en 1740, de supprimer momentanément ces gâteaux, par suite de la crainte où l’on était de manquer de pain, pendant l’épouvantable débordement de la Seine, qui dura soixante-douze jours, du 7 décembre au 18 février.

Voici quel cérémonial on observe dans les familles, de plus en plus rares, où l’on a conservé l’habitude de tirer le gâteau des Rois. C’est ordinairement le père de famille ou le plus âgé des convives que réunit le souper de la veille de l’Épiphanie, qui préside et procède à la distribution du gâteau. Lorsque le moment de le couper est venu, il fait placer sous la table un enfant, — presque toujours le plus jeune de ceux qui assistent au repas, — et l’interpelle ainsi :

Phebe ?

Domine ! répond l’enfant.

La part à qui ?

Au bon Dieu.

La part à qui ? reprend encore le président, et cela autant de fois que la réunion compte de membres. L’enfant, à chaque question, indique l’un des convives, qui reçoit aussitôt sa portion de gâteau.

Anciennement, dans certains cantons du département de l’Indre, il arrivait, parfois, qu’après la part à Dieu, on en adjugeait une à quelque parent, à quelque ami, cher à la famille, mais que son éloignement empêchait d’assister à la joyeuse et cordiale agape de l’Épiphanie. Cette portion de gâteau était soigneusement mise en réserve, et son état de conservation ou d’altération, indiquait la fortune heureuse ou mauvaise de la personne absente. — Cette coutume et cette croyance existent encore en Bretagne et dans le pays chartrain.

Que l’on nous permette, avant d’aller plus loin, quelques observations sur les deux mots latins qui ouvrent le dialogue consacré que nous venons de rapporter. — « Phebe, dit fort bien M. Ribault de Laugardière, ne signifie point la fève, ainsi que le prétendent quelques-uns[6]. » — Cela est très-vrai, car, autrement, la demande et la réponse seraient sans liaison et sans raison. D’ailleurs, c’était un denier et non une fève que l’on mettait anciennement dans le gâteau. — « Phebe, continue M. de Laugardière, est une contraction évidente du mot latin ephebe (jeune homme)[7] » — Il est certain que, d’après cette explication, la réponse cadre avec la demande, et que l’une et l’autre forment un sens naturel et satisfaisant ; mais ceux qui prétendent que le banquet des Rois est une imitation du repas des Saturnales, où figurait, dit-on, un gâteau, et où la royauté du festin[8] se tirait également au sort, disent que celui des convives auquel le hasard dispensait cet honneur était salué par ces mots : Phœbe domine ! qui, plus tard, furent remplacés par ce cri : Le roi boit ! Cette innovation toute païenne fut adoptée par les chrétiens, qui s’en servirent, en France, jusqu’à la fin du seizième siècle. Au dire des mêmes autorités, l’enfant, ou le plus jeune des convives, placé sous la table, représentait le dieu des oracles, ce qui fait, qu’à chaque interrogation, on l’appelait Phœbe, comme si l’on se fût adressé au dieu lui-même. Enfin, notre expression roi de la fève (fabœ dominus) ne serait pour ainsi dire que la traduction phonique des mots Phœbe domine, et cette expression, bien antérieure à l’époque où l’on remplaça le denier par la fève, aurait fini par donner l’idée de cette substitution. Observez, de plus, qu’en basse latinité, on se servait des termes phœbissare, phœbe facere, pour dire tirer la fève[9].

Mais revenons. — La première pensée de notre roi de hasard est de se choisir une compagne, et, guidé par son goût, bien plus que par la politique, il le fait sur-le-champ, en jetant dans le verre de l’une de ses voisines la fève à laquelle il doit lui-même son éminente dignité. Alors, tous les verres se remplissent, se rapprochent, se heurtent, et le couple royal, après avoir cordialement trinqué avec ses sujets, est intronisé aux cris mille fois répétés de : Le roi boit ! la reine boit ! — À propos du rôle que joue la fève dans l’élection du roi et dans le choix de la reine, remarquons que, chez les Grecs, on se servait, pour voter, de fèves noires et blanches.

Ce qui précède se pratiquait ou se pratique encore, à peu de chose près, ailleurs qu’en Berry ; mais les détails qui vont suivre et que nous empruntons aux différents écrits de M. Ribault de Laugardière[10] appartenaient plus particulièrement à notre province.

À Châteauneuf (Cher) et dans les environs, au moment de la distribution du gâteau, des troupes d’enfants et même de gens âgés, auxquels leur pauvreté ne permettait pas de fêter l’Épiphanie dans leurs foyers, se présentaient aux portes et aux fenêtres des heureux du jour, et réclamaient la part à Dieu, c’est-à-dire celle des pauvres, en chantant les couplets suivants :

Quoi que j’entends dans ceux maisons
 Parmi toute la ville ?
Acoutez-nous, je chanterons
 De la Vierge Marie ;
 Chantez, chantez donc,
 Cabriolez donc !
 Chantez, chantez donc,
 Cabriolez donc !

Avisez donc ce biau gâtiau
 Qu’il est dessur la table,
Et aussite ce biau coutiau
 Qu’est au long qui l’argade.
 Ah ! si vous peuvez
 Pas ben le couper,

 M’y faut le douner
 L’gâtiau tout entier.

Ah ! si vous v’lez ren nous douner,
 Fates-nous pas attende,
Mon camarad’ qu’a si grand fred,
 Moué que le corps m’en tremble.
 Dounez-nous-en donc,
 J’avons qu’trois calons
 Dans nouter bissac,
 Fasons trie et trac.

Ah ! dounez, dounez-nous-en donc,
 Fates-moué pas attende,
Dounez-moué la fill’ d’la maison,
 Ah ! c’est ben la pus gente !
 Qu’est contre le feu,
 Qu’coup’la part à Dieu.
Je v’lons pas nous en torner
Que nouter jau l’ait chanté[11].

À la fin de chacun de ces couplets, la foule s’écriait en chœur :

Les Rois ! les Rois !
La part au bon Dieu, s’il vous plaît !

et, le chant terminé, elle envahissait joyeusement les maisons, tandis que « ceux qu’y s’y trouvaient, feignant une résistance, jetaient les chats du logis à la face des arrivants et leur jouaient mille tours burlesques, avant de leur permettre de s’asseoir au festin du gâteau[12]. »

Le lendemain des banquets, le jour même de l’Épiphanie, les différents rois de la fève, donnant le bras à leurs reines, se rendaient en grand appareil à l’église paroissiale, tandis que les cloches sonnaient à toute volée, comme s’il se fût agi d’un véritable sacre. — Il en était jadis de même à la cour de France : « Lorsque l’on y tirait le gâteau des Rois, si le monarque jugeait à propos de ne pas céder son titre, même provisoirement, il confiait au sort le soin de se donner une compagne qu’il conduisait le lendemain à la messe, les trompettes et tambours sonnant. » (E. de la Bédollière.)

Nos monarques berrichons avaient, en ce grand jour, pour diadème le large chapeau clabaud, tel qu’on le portait alors dans nos pays[13] ; seulement, en raison de la solennité, les bords en étaient fièrement relevés et enjolivés de rubans, ainsi que tout le reste du costume. L’insigne le plus original de ces royautés consistait en deux pommes d’orange[14] qui servaient d’épaulettes.

Le Mercure galant (janvier 1684), en rendant compte de la manière dont fut célébrée, cette année-là, à la cour, la fête des Rois, dit positivement que les rois et les reines de la fève se choisirent des ministres, des ambassadeurs et autres grands officiers. Les choses se passaient exactement de cette manière en Berry. Aussi, rien de réjouissant comme le défilé des différents cortèges, rien de plaisant comme le spectacle des grands dignitaires de chaque couronne, qui s’empressaient, avec un respect affecté, autour de leurs souverains respectifs. Souvent, en ces circonstances pleines de profonds enseignements, on vit le maître de la veille déposer ses hommages aux pieds de celui qui, hier encore, était le plus humble de ses serviteurs, mais qui, par la grâce de la fève, était devenu son roi. « Il y a trente-quatre ans (en 1822), dit, à ce propos, M. de Laugardière, que le dernier roi qui est allé à l’église d’Azy (Cher) se trouvait être un domestique du domaine de Marsilly, qui vit encore et porte suprême témoignage de ce qui n’est plus. »

Nos Majestés éprouvant fréquemment le besoin de se restaurer, deux officiers, entre tous, se tenaient constamment à leurs côtés : c’étaient le grand panetier, portant devant lui un large éventaire chargé d’une pyramide de gâteaux, et le grand bouteillier, muni d’un lourd panier garni de nombreux flacons. À chaque verre de vin que le prince daignait avaler, la foule faisait une décharge de mousqueterie à tout rompre et criait à tue-tête : Le roi boit ! Après quoi le premier valet de pied s’avançait et essuyait respectueusement la bouche, le visage et les mains de Sa Majesté.

La marche triomphale était égayée par des intermèdes de bouffonneries ; car, dans l’organisation des diverses maisons royales, on s’était bien gardé d’oublier le fou. — « Ce personnage, dit M. de Laugardière, ordinairement un jeune homme vif et facétieux, souvent couvert de paille comme une ruche, — origine du mot paillasse, — parfois habillé en arlequin, dansait et gambadait devant le roi, s’ingéniant à le faire rire par mille et une grimaces. Il portait une boîte remplie de farine qu’il répandait sous les pas du cortége ; mais quelquefois, irrévérencieux comme ont toujours eu le privilége d’être les fous et les bouffons, il se trompait ou feignait de se tromper, et lançait à la face de son auguste maître ce qu’il ne devait jeter qu’à ses pieds. »

Arrivés à l’église, le gros des cortèges encombrait la nef, tandis que les personnes royales trônaient majestueusement dans le chœur.

Au sortir de l’office, les Rois étaient dans l’usage de haranguer la multitude rassemblée sur la place publique ; mais comme ils n’eurent jamais d’historiographes, on ignore sur quelles matières pouvaient rouler ces discours du trône.

Après ces speeches plus ou moins éloquents, ceux de nos monarques, dont la liste civile n’était pas suffisante pour subvenir aux frais de ce temps de bombance, visitaient, escortés de leur cour, les principaux de l’endroit, et ne dédaignaient pas de laisser accepter par leur ministre des finances les cadeaux ou étrennes que l’on se faisait un devoir de leur offrir. — Cet usage existait autrefois à Carcassonne : « Après la messe, le roi, suivi de ses officiers et de sa garde, allait rendre visite à l’évêque, aux magistrats, au maire, et leur faisait présenter un bassin où leurs offrandes étaient gracieusement reçues. L’argent ainsi recueilli servait aux frais du festin royale[15]. »

De retour à la ferme, Leurs Majestés pensaient sagement n’avoir rien de mieux à faire que de se remettre à table ; car bien manger, bien boire et bien rire, c’était véritablement, pour nos bons rois, s’occuper d’affaires d’État, et c’est parce que tous firent preuve à un éminent degré de ce triple talent, que leur règne a laissé les meilleurs souvenirs. Aussi peut-on dire à bon droit de leur dynastie :

Seuls rois de qui le peuple ait gardé la mémoire.

  1. Espèce de vin de dessert dans lequel on faisait infuser des épices.
  2. Mémoires de Saint-Simon, ch. LXXX du t. Ier.
  3. M. Raynal, Histoire du Berry, t. III, p. 191.
  4. M. Raynal, Histoire du Berry. t. III, p. 191, 194, 195 et 197.
  5. Aveu et dénombrement du marquisat de Presle [canton de la Châtre Indre)] ; Paris, 1758.
  6. Magasin pittoresque, 1833, p. 414. — Musee des familles, 1848, p. 98.
  7. La Fête des Rois à Azy (Cher), p. 2.
  8. Regna vini, comme disaient les Romains. Cette royauté se tirait au sort par le moyen des dés ou des osselets. C’était le point le plus élevé, le coup de Vénus, qui y donnait droit. — « Quand tu ne seras plus de ce monde, dit Horace, dans une ode adressée à Sextius, les osselets ne te donneront plus la royauté du vin : Nec regna vini tiere talis. » — « Qui Vénus investira-t-elle du droit de porter les santés ? — Quem Venus arbitrum dicet bibendi ? » dit ailleurs le, même poète.
  9. Quitard, Dictionnaire étymologique des proverbes. Paris, 1842, p. 387 p. 388.
  10. Voy. la Fête des Rois à Azy (Cher) et la Bible des Noëls du même auteur, p. 54 et suiv.
  11. Que notre coq ait chanté ; — Nouter pour notre ; on voit que la terminaison latine er a été conservée sur quelques points du Berry. C’est la prononciation germanique des Francs qui changea la désinence er en re. — Voici l’explication de quelques-uns des autres termes de cette chanson : — Fred, froid ; — Calons, noix ; — Tric et trac, troc pour troc.
  12. M. Ribault de Laugardière. la Bible des Noëls, p. 57. Voy. dans la Fête des Rois à Azy du même auteur, le chant qui était en usage, il y a une vingtaine d’années, dans cette commune, pour demander la part à Dieu.
  13. Ce vaste sombrerazo servait tour à tour de parapluie et de parasol. C’était la plus ample coiffure de France : — « Les paysans de la Saintonge, dit la France pittoresque, t. I, p. 250, ne le cédaient qu’aux habitants du Berry pour l’ampleur de leur coiffure. »
  14. Orange est ici pour oranger ; c’est ainsi que nous appelons le genévrier genièvre. (Voy. ce mot dans le Glossaire du Centre.) Nos paysans disent encore, en 1860, une poume d’orange, comme disait, en 1393, l’auteur du Ménagier de Paris. — La vieille expression fleur d’orange, qui, dans ces derniers temps, a soulevé, entre deux savants philologues, une discussion si acerbe et si peu appropriée à la matière, date de la même époque.
  15. France pittoresque, t. I, p. 195.