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Essai de psychologie/Chapitre 11

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(p. 27-28).

Chapitre 11

Comment l’ame apprend à lier ses idées à des caracteres & à former ces caracteres.


Ces sons que l’oreille de l’enfant saisit & que sa voix exprime, l’art sait les peindre à ses yeux par le secours de quelques caracteres. La même faculté qui rend l’enfant capable de lier l’idée d’un son à celle d’un objet avec lequel cette idée n’a aucun rapport nécessaire, le met en état de lier de même l’idée d’un caractere ou d’une figure à celle d’un son avec lequel cette idée n’a pas un rapport plus nécessaire ou plus naturel. L’enfant apprend à écrire comme il apprend à parler. La force motrice de l’ame s’exerce sur les fibres musculaires de la main & des doigts comme elle s’exerce sur celles de la voix. C’est par l’exercice réitéré de cette force sur ces organes que l’ame se rend insensiblement maîtresse de tous les mouvemens & de toutes les inflexions dont ils sont susceptibles. Il se forme entre l’œil & la main une correspondance analogue à celle qui paroît régner entre l’organe de l’ouie & celui de la voix.