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Introduction historique et critique aux livres de l'Ancien et du Nouveau Testament/Tome I/Chapitre 3/Article 1/Section 1

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SECTION I.
Canons de l’Eglise judaïque.

Si nous voulons nous former une idée juste et complète du Canon des Juifs, il faut nous rappeler que chez les anciens peuples, c’était toujours aux ministres de la religion qu’on confiait la garde et la conservation des écrits considérés comme divins et sacrés[1], et que c’était dans le temple qu’on déposait et qu’on conservait ces précieuses collections[2]. Or les Hébreux ne diffèrent en rien, sous ce rapport, des autres nations. Nous voyons en effet, par plusieurs passages du Pentateuque, que ce livre fut déposé entre les mains des prêtres et mis dans l’arche, ou à côté de l’arche d’alliance, pour y être conservé[3], et qu’avant même qu’il eût été achevé, Moïse faisait dans certaines circonstances la lecture publique et solennelle des parties qui se trouvaient déjà rédigées[4].

Ainsi il est hors de tout doute que le premier canon de l’Eglise judaïque a été le Pentateuque, qui a eu pour auteur Moïse, non-seulement législateur du peuple hébreu, mais prophète, et le plus grand prophète ; Moïse, qui avait prouvé sa mission par des miracles éclatants, et qui, en publiant le Pentateuque, l’avait proposé comme étant la parole même de Dieu.

Depuis Moïse jusqu’au schisme des dix tribus, il y a eu sans doute des écrivains inspirés ; mais il ne paraît point que leurs écrits aient été mis dans le Canon de l’Eglise juive ; car s’ils y avaient été mis, les Juifs qui se séparèrent du corps de la nation auraient dû conserver non-seulement le Pentateuque, mais encore tous les autres livres. Or, il est manifeste qu’ils n’ont emporté avec eux que le Pentateuque, puisque les Samaritains n’ont jamais eu que ce livre, qu’ils avaient reçu des Juifs schismatiques. Les livres inspirés étaient sans doute respectés par la tradition ; mais un jugement solennel de la Synagogue ne les avait pas encore mis : dans le Canon : il paraît qu’elle s’en était rigoureusement tenue au Pentateuque.

Nous ne voyons pas qu’il y ait eu d’autre Canon solennellement reconnu que celui qu’on attribue à Esdras, et dont nous allons nous occuper, mais il est incontestable que depuis Moïse jusqu’à Esdras il y a eu beaucoup d’autres livres inspirés tels que Josué, les Rois, etc., qui ont existé bien avant la captivité ; et que durant ce laps de temps les Juifs n’ont pas manqué d’une autorité suffisante pour déclarer la divinité de leurs ouvrages, puisqu’ils ont eu la Synagogue et les prophètes, dont le ministère extraordinaire ne manquait jamais. « Car, comme le remarque Eusèbe, parmi les Hébreux, ce n’était point au peuple à juger de ceux qui étaient inspirés, ni à rien décider au sujet de leurs ouvrages divins ; cet emploi n’était réservé qu’à un petit nombre de personnes assistées elles-mêmes du Saint-Esprit pour prononcer sur cela, ainsi que sur leurs auteurs, lesquels étaient favorisés d’une inspiration spéciale pour mettre ces oracles par écrit. Eux seuls avaient l’autorité de consacrer les livres mêmes des prophètes et de rejeter les autres comme faux et supposés[5]. »

Il est certain que les Juifs ont maintenant un Canon des saintes Ecri- tures qui contient trente-neuf livres, qu’ils ont réduits à vingt-quatre, nombre des lettres de l’alphabet grec. Or, ces vingt-quatre livres sont : 1 la Genèse, 2 l’’Exode, 3 le Lévitique, 4 les Nombres, 5 le Deutéronome, 6 Josué, 7 les Juges, 8 deux livres de Samuel, 9 deux livres des Rois, 10 Isaïe, 11 Jérémie, 12 Ezéchiel, 13 douze petits Prophètes, 14 les Psaumes, 15 les Proverbes, 16 Job, 17 le Cantique des cantiques, 18 Ruth, 19 les Lamentations, 20 l’Ecclésiaste, 21 Esther, 22 Daniel, 23 Esdras et Néhémie, 24 les Paralipomènes. Mais les anciens Juifs joignant Ruth aux Juges et les Lamentations de Jérémie à ses prophéties, ne comptaient que vingt-deux livres, pour se conformer aux vingt- deux caractères de leur alphabet, de même que les Grecs ont divisé l’Iliade en vingt-quatre chants, bien que ce poème fût susceptible d’autres divisions.

Ce Canon, admis aujourd’hui par les Juifs, a donné lieu d’examiner quelles en sont la disposition et l’origine ; à qu’elle époque il a été fermé ; quel en est l’auteur ; en quoi consiste le travail d’Esdras sur les Ecritures.


QUESTION PREMIÈRE.
Quelle est la disposition du Canon des Juifs ?

Les Juifs divisent en trois classes les vingt-quatre livres de l’Ancien Testament qui composent leur Canon. La première, qui contient les cinq livres de Moïse, se nomme Tôrâ (תורה), mot qu’on rend ordinai- rement par loi, mais qui, dans la réalité, a une signification plus étendue ; car il répond à l’idée de doctrine, enseignement, instruction. La seconde, qui renferme Josué et les livres suivants jusqu’à Malachie, le dernier des petits prophètes inclusivement, s’appelle Nebîîm (נביאים), c’est-à-dire Prophètes[6]. La troisième, contenant tous les autres livres, est désignée sous le nom de Kethoubîm (כתובים) ou Ecrits par excellence, c’est-à-dire des Ecrits divins ; idée qui rend parfaitement le terme consacré Agiographes ou mieux Hagiographes. Or on appelait ainsi ces derniers, parce qu’ils avaient pour auteurs des écrivains qui, quoique divinement inspirés, n’avaient pourtant pas le caractère général des prophètes proprement dits. Pour compléter l’expression, les rabbins ont ajouté : écrits par l’Esprit saint (כרוח הקודש). C’est ainsi que les pères de l’Eglise[7] disaient également grâphéîa (γραφεῖα) ou hagiographa (ἁγιόγραφα).

Cette distribution des livres en trois classes se trouve très-fréquemment dans le Talmud, et saint Jérôme nous atteste que telle était la distribution consacrée chez les Juifs[8]. En remontant plus haut, nous trouvons cette même division dans Philon, Joseph, le Nouveau Testament, et dans le Prologue de l’Ecclésiastique[9]

Saint Jérôme, en désignant chacune de ces classes, cite les livres l’un après l’autre dans l’ordre que nous voyons suivi dans les Bibles hébraïques des Juifs. Mais Joseph n’est pas aussi explicite, il se borne à dire que sur les vingt-deux livres sacrés des Juifs, Moïse en a composé cinq ; que, depuis Moïse jusqu’à Artaxerxès, les prophètes en ont écrit treize ; et qu’il y en a quatre autres qui contiennent des hymnes à la louange de Dieu et des préceptes de conduite pour les hommes. Il paraît certain que les quatre livres qui constituent la troisième classe sont les Psaumes, les Proverbes, l’Ecclésiaste et le Cantique des cantiques.

Quoique Jésus-Christ cite quelquefois tout l’Ancien Testament sous la dénomination de Loi, comme dans saint Jean, x, 34, ou de Prophètes, comme en saint Luc, xviii, 31, conformément au langage des Juifs hellénistes, il distingue parfaitement ailleurs les trois classes, quand il dit au chapitre xxiv, verset 44 de saint Luc, que la Loi, les Prophètes et les Psaumes rendent témoignage de lui.

L’auteur du Prologue qui est en tête de l’Ecclésiastique, tout en re- connaissant la distinction des trois classes qui déjà de son temps formaient le Canon des livres sacrés, ne détermine la troisième par aucun nom en particulier ; car il dit seulement : La Loi, les Prophètes (ou les Prophéties, selon le grec), et les autres livres[10].


QUESTION DEUXIÈME.
Quelle est l’origine du Canon actuel des Juifs ?

En disant d’une manière générale, pages 43, 44, que de graves erreurs avaient été soutenues par rapport à la canonicité des livres saints, nous nous étions réservé de les faire connaître quand il en serait besoin. La question présente nous offre l’occasion et d’en signaler et d’en combattre quelques-unes.

Spinosa prétend que la collection des livres saints n’a point été ter- minée avant le temps des Machabées[11]. Richard Simon suppose qu’il y à toujours eu parmi les Juifs, et même encore après Esdras, des scribes publics, qui conservaient dans leurs archives les écrits sacrés, publiaient ceux qu’ils voulaient, dans un ordre assez arbitraire, ajoutaient et retranchaient ce qui leur plaisait[12].

Plusieurs critiques de nos jours veulent que ce ne soit pas au temps d’Esdras que le Canon des Ecritures se trouva clos, mais après lui, et qu’il a été formé peu à peu, sans intention bien arrêtée, et même par accident. C’est l’opinion surtout de Bertholdt et De Wette [13]. Tout en admettant la clôture du Canon à une époque antérieure aux Machabées, Cellérier veut que sa formation soit l’ouvrage de plusieurs personnes, et même de plusieurs générations. Selon lui, Esdras peut avoir commencé, et d’autres avoir continué ce travail. Il ajoute : « La tradition des Juifs parle d’une succession de docteurs, sous le nom de grande synagogue. Rien absolument ne garantit leur infaillibilité[14]. »

Pour réfuter ces opinions, qui tendent à dire que plusieurs livres se sont glissés, longtemps après la captivité, dans le Canon d’une manière illicite, ou que ces livres méritent peu de foi et nous ont été conservés dans un mauvais état, comme l’a si justement remarqué Hævernick[15], nous allons établir on proposition suivante :


PROPOSITION.
L’origine et la clôture du Canon des Juifs remontent au temps d’Esdras.

1. Le temps qui suivit immédiatement le retour de la captivité était sans contredit le plus convenable pour former le Canon des livres saints et l’arrêter irrévocablement. Car les années de malheur avaient fortement rattaché les Israélites à la religion de leurs pères. Ils cherchaient avec soin tout ce que l’histoire d’un temps plus heureux pouvait leur offrir de consolations. Et si quelques-uns plus tièdes préféraient demeurer dans le lieu de l’exil, les autres, pleins de zèle, retournaient avec empressement dans la terre sacrée. Ainsi cette crise politique fut la date d’une nouvelle époque religieuse, qui donna naissance à de nouvelles institutions religieuses. Ainsi les synagogues et les sanhédrins, qui jouent un rôle si important dans l’histoire subséquente des Juifs, doivent à cette époque leurs premiers commencements. Or le Canon des livres saints de la nation n’a pu être négligé dans ces temps de restauration générale. On ne peut raisonnablement supposer que les Juifs aient été sans inquiétude et sans zèle pour ces livres, bases de leur gouvernement théocratique et qui pouvaient seuls donner de la force et de la solidité à la nouvelle colonie, si faible en elle-même. Quoi ! aussitôt après la mort de Mahomet le Coran fut recueilli par Abubekr[16], et des hommes tels qu’Esdras, Néhémie, et les prophètes qui vivaient encore de leur temps, auraient eu moins de zèle pour recueillir les livres sacrés de leur nation ! « Zorobabel, Esdras et Néhémie, dit le P. Fabricy, réformèrent les abus, firent cesser bien des prévarications, et furent très-zélés pour l’observance des constitutions mosaïques. Comment eussent-ils négligé des écrits qui tenaient de si près aux principes fondamentaux d’une religion dont ils avaient été les restaurateurs[17]? » Cette supposition est trop absurde pour pouvoir trouver crédit auprès des esprits raisonnables.

2. Si nous remontons dans l’histoire des Juifs vers les temps d’Esdras et de Néhémie, nous trouvons toujours leurs livres traités avec le plus profond respect et regardés comme formant un ensemble[18]. Or, cette manière de les envisager serait tout à fait inexplicable, si le Canon n’avait pas été déjà terminé et présenté au peuple comme revêtu d’une sanction divine.

3. La tradition juive nous renvoie encore, pour la collection du Canon, à cette même époque d’Esdras et de Néhémie. Le témoignage le plus cu- rieux à cet égard se trouve dans la partie du Talmud qui est de la plus haute antiquité, et qu’on appelle Pîrkê Avôth (פרקֵי אבות) Chapitres des Pères. Ce livre, qui contient des sentences, commence ainsi : « Moïse reçut la Loi du Sinaï ; il la donna à Josué, Josué aux anciens, les anciens aux prophètes, les prophètes aux membres de la grande synagogue. » Ces derniers sont donc regardés comme le corps de l’état qui conserva avec fidélité la religion des pères. Or, qu’étaient-ils ces hommes ? Le Talmud les caractérise selon sa manière ordinaire, c’est-à-dire sous la forme d’apophthegmes, en ajoutant : « Ces hommes ont dit trois mots : Mettez une sage lenteur dans les jugements, formez un grand nombre de disciples, et posez une barrière autour de la loi[19]. » La dernière sen- tence, empruntée de ce qui se passa auprès du Sinaï (Ex. XIX, 12, 13), signifie que de même que Moïse, par une barrière, préserva la loi de toute atteinte, de même aussi la grande synagogue veilla à son exacte observation. Or, d’après la Mischna, la barrière qui est autour de la loi, c’est la Massore[20], et la Massore signifie toujours, dans le Pîrkê Avôth, les travaux et les traditions qui concernent le texte du Canon. Enfin, suivant le même livre, le dernier membre de la grande synagogue fut Simon le Juste[21]., que tout s’accorde à représenter comme le successeur d’Esdras[22]. Nous pourrions multiplier les témoignages de cette nature ; mais nous nous bornons à faire remarquer que les auteurs du Talmud de Babylone disent d’une manière très-claire que la grande synagogue a achevé le Canon des livres saints des Juifs[23]. 4. L’autorité de Joseph, ou plutôt celle de sa nation, car il parle en son nom, vient encore fortifier notre proposition. Nous avons déjà vu page 16 que, selon cet historien, les Juifs avaient seulement vingt-deux livres qu’ils regardaient comme divins. Or, il dit de ces livres, qu’il y en a cinq dont Moïse est l’auteur, et qui contiennent entre autres choses l’origine du monde et les généalogies des anciens Hébreux ; que depuis la mort de Moïse jusqu’au règne d’Artaxerxès, successeur de Xerxès, roi des Perses, les prophètes ont raconté l’histoire de leur temps, en treize livres ; que les quatre autres livres renferment des cantiques adressés à Dieu, et des règles de conduite ; qu’enfin depuis Artaxerxès jusqu’à son temps, tout est aussi écrit dans les livres ; mais que ces livres ne sont pas estimés aussi dignes de foi que les précédents, vu qu’il n’y a plus eu une succession Constante de prophètes[24]. Ainsi cette succession non interrompue de prophètes a duré chez les Hébreux depuis Moïse jusqu’à Artaxerxès, et par conséquent le Canon embrassant cet espace de temps, ne peut aller au delà. Il est prouvé d’ailleurs que Malachie, le dernier des prophètes, exerça son ministère prophétique vers la fin du règne de ce prince.

5. Le livre de Jésus fils de Sirach (l’Ecclésiastique) a été composé en hébreu probablement environ trois cents ans avant Jésus-Christ, comme paraît l’avoir prouvé Jahn[25]. Or ce livre, après avoir fait mention des hommes illustres et des écrivains des Juifs, et nommé Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, ajoute les douze Prophètes, sans les désigner autrement[26]. Ce qui démontre à la fois, et que les écrits des douze petits Prophètes étaient déjà recueillis en un seul corps d’ouvrage, et que le Canon des Juifs était déjà formé, puisque en effet dans ce Canon les douze petits Prophètes viennent immédiatement après Isaïe, Jérémie et Ezéchiel[27].

D’un autre côté, si l’on considère qu’entre le fils de Sirach et de Néhémie il n’y a eu environ que cent ans de distance, on se demandera tout naturellement comment il se fait que le livre de cet écrivain n’a pu être introduit dans le Canon ? La question se résout facilement dans notre opinion, mais elle devient insoluble pour les critiques qui soutiennent qu’au temps d’Esdras et de Néhémie le Canon des Juifs n’était pas encore fermé.

6. Enfin la tradition des églises chrétiennes fait remonter jusqu’au temps d’Esdras et de Néhémie la formation du Canon des livres que les Juifs ont toujours regardés comme sacrés et divins ; nous verrons dans les questions suivantes les nombreux témoignages qui établissent cette tradition.

Comme les difficultés qu’on a opposées à la clôture du Canon des Juifs, telle que nous venons de l’admettre, s’appliquent également à la question suivante, nous ne nous en occuperons point dans celle-ci.


QUESTION TROISIÈME.
Quel est l’auteur du Canon des Juifs ?

1. Si l’auteur du Canon des Juifs ne peut pas être déterminé d’une manière bien précise, il faut convenir que des autorités de plus d’un genre conspirent à prouver qu’Esdras lui-même a recueilli tous les livres qui, quoique déjà reconnus pour divinement inspirés, ne formaient cependant pas encore un seul corps d’ouvrage, et que c’est lui qui les a fait accepter comme tels à toute sa nation. Mais en nommant Esdras, nous ne prétendons pas qu’il ait fait seul tout le travail, et que seul il ait accompli cette importante mission ; car les prophètes Aggée et Zacharie vivaient encore, et peu de temps après parurent le prophète Malachie, et Néhémie, dont le livre a été inséré dans le Canon à la suite de celui d’Esdras. Ainsi Esdras a commencé le Canon et Néhémie l’a terminé ; et comme l’autorité de la Synagogue se trouvait réunie à celle des prophètes, rien ne manquait à ce qui était nécessaire pour obliger toute la nation à recevoir le Canon muni de cette double autorité[28].

2. Selon les livres d’Esdras et de Néhémie, c’est surtout Esdras qui est chargé de tout ce qui concerne la religion ; il montre le zèle le plus ardent, la persévérance la plus admirable pour l’observation de la loi, la restauration du culte et des ordonnances divines. C’est lui qui tient la loi en main, et qui l’explique aux sages ; et dont la profession toute spéciale est d’écrire les paroles, les préceptes de l’Eternel et ses décrets touchant Israël. De là l’épithète de Hassôfêr (חםּכּך), ou le scribe, qui lui est continuellement donnée et qui est devenue comme un surnom pour lui[29]. Or comment un tel homme n’aurait-il pas été l’auteur du Canon, ou du moins n’y aurait-il pas pris la plus grande part ?

3. Le témoignage des Juifs sur ce point a toujours été aussi constant qu’unanime. La tradition des chrétiens réunit les mêmes qualités. Et si le sentiment de quelques docteurs de l’Eglise est exagéré par rapport à Esdras, comme nous le montrerons dans la question suivante, cette exagération ne nuit en rien à la force de la preuve qu’on tire de leur témoignage. Ainsi Esdras est regardé comme l’auteur du Canon des Juifs par saint Irénée, saint Clément d’Alexandrie, Tertullien, saint Basile, saint Chrysostome, Théodoret, saint Jérôme, etc.[30].

À toutes ces preuves, ainsi qu’à celles qui ont été exposées dans la question précédente, on a opposé des difficultés de différents genres ; essayons de les résoudre.

Difficultés touchant lu clôture du Canon des Juifs, et Réponses à ces difficultés.

Obj. 1o Quoique Esdras et Néhémie, disent après Spinosa quelques critiques d’Allemagne, aient travaillé à la confection du Canon des Juifs, ils ne l’ont cependant pas achevé, puisque plusieurs des livres contenus dans ce Canon n’étaient pas encore composés du vivant d’Esdras et de Néhémie.

Rép. Il est vrai que ces critiques prétendent que le livre de Daniel, par exemple, n’a été composé qu’au temps des Machabées, et que ceux des Chroniques et d’Esdras ont été fabriqués dans l’âge des Séleucides. Mais cette prétention ne repose uniquement que sur des hypothèses

purement gratuites, et dont nous montrerons la fausseté dans l’introduction particulière à chacun de ces livres.

Obj. 2o Les mêmes critiques objectent encore que si les deux prophètes Esdras et Néhémie avaient rassemblé tous les livres qui forment le Canon des Juifs, ils les auraient disposés dans un ordre plus naturel : Daniel, par exemple, aurait son rang parmi les prophètes, et les Paralipomènes seraient placés immédiatement après les Rois.

Rép. On peut donner plus d’une réponse à cette objection. D’abord l’assertion de nos adversaires n’aurait quelque poids qu’au cas qu’on démontrerait que l’ordre dans lequel les livres sacrés sont rangés actuellement dans les Bibles des Juifs est l’ordre primitif ; or, c’est ce qu’ils ne sauraient faire de manière à enlever toute espèce de doute, puisque la version des Septante et Joseph lui-même n’observent pas l’arrangement adopté dans ces Bibles. D’ailleurs les critiques que nous combattons pourraient-ils prouver davantage qu’Esdras et Néhémie n’ont pas eu de raisons suffisantes de suivre dans la formation du Canon l’ordre observé par les Juifs d’aujourd’hui ? S’ils est vrai, comme l’enseignent le Talmud et le commun des interprètes, que les Paralipomènes soient l’œuvre d’Esdras et de Néhémie, nous ne voyons pas pourquoi ces deux prophètes ne les auraient pas mis à la suite des livres qui portent leur nom. Quant au livre de Daniel, nous concevrions également qu’il n’eût pas été rangé dans la classe des prophètes. Daniel, en effet, n’était pas prophète dans le sens que les anciens Hébreux paraissaient attacher au mot nâbî (נביא), qui exprimait l’idée d’un homme dont la profession spéciale était d’exercer le ministère prophétique[31]. Les fonctions qu’il exerça à la cour des rois de Babylone, de Médie et de Perse, semblaient devoir exclure de cette classe pour en faire un hôzé (הזה) ou voyant, comme David et Salomon, dont les ouvrages n’ont point été classés parmi les prophètes proprement dits, pas plus que le Pentateuque de Moïse, quoique ce dernier soit regardé par les Juifs comme un prophète bien supérieur à tous les autres. Nous ajouterions volontiers avec le savant Quatremère : « Mais on peut croire, ce me semble, tout en admettant, comme je le fais, la parfaite authenticité du livre de Daniel, que ce recueil ayant été formé à Babylone, et peut-être après la mort de l’auteur, aura été apporté un peu tard à Jérusalem, et n’aura pu trouver sa place qu’à la suite des autres ouvrages dont se composait déjà le Canon[32]. »

Obj. 3o Suivant Bertholdt et de Wette, la dernière classe des livres sacrés fut achevée lorsque les deux autres étaient déjà closes. On recueillit d’abord le Pentateuque, ensuite les prophètes, auxquels on ajouta les livres de Josué, de Samuel et des Rois, parce qu’il n’existait pas encore de troisième classe. Enfin, on fit un troisième recueil de toutes sortes de livres, parce que les deux premiers étaient déjà fermés.

Rep. Une partie de cette troisième objection rentrant dans la première, nous ne répondrons qu’à ce qu’elle présente de particulier. Ainsi, selon Bertholdt et De Wette, les livres sacrés des Juifs ont été partagés en trois classes, parce que c’est à trois époques différentes qu’ils ont été composés ou retrouvés. Mais cette supposition, qui n’est fondée sur aucune preuve, puisqu’il n’y a absolument rien qui puisse démontrer que les Hagiographes, ou livres de la troisième classe, aient été écrits ou trouvés plus tard, que les derniers prophètes, se trouve d’ailleurs en opposition avec la croyance générale des Juifs et des chrétiens. Ainsi une critique impartiale s’oppose à ce qu’on admette l’hypothèse d^ nos adversaires.


QUESTION QUATRIÈME.
En quoi consiste le travail d’Esdras sur les Ecritures ?

Pour nous former une idée exacte du travail d’Esdras sur les Ecritures, il faut d’abord éviter deux écueils qui nous paraissent dangereux ; l’un, de supposer, avec quelques pères de l’Eglise et plusieurs auteurs modernes, que tous les livres sacrés des Juifs ayant péri dans l’incendie de Jérusalem et du temple, Esdras les a dictés de mémoire[33] ; le second, de considérer, avec R. Simon, le travail d’Esdras comme un simple abrégé des Mémoires beaucoup plus détaillés dans les anciens écrits originaux des écrivains sacrés, auxquels il ajouta, diminua et changea ce qu’il jugeait nécessaire, en sa qualité de prophète ou d’écrivain public[34]. Il faut éviter encore de confondre les opinions des pères sur ce point ; s’il en est quelques-uns qui aient réellement prétendu qu’Esdras avait dicté de mémoire tous les livres saints, le plus grand nombre n’a pas adopté ce sentiment[35]. Après ce court exposé, nous croyons pouvoir établir, comme assez certaines, les propositions suivantes :


PREMIÈRE PROPOSITION.
Esdras n’a point dicté de nouveau tous les livres saints après l’incendie de Jérusalem.

1. Pour admettre qu’Esdras ait réellement composé de nouveau les écrits sacrés qui formaient le Canon des Juifs, il faudrait nécessairement supposer que tous les livres saints avaient entièrement péri dans l’incendie de Jérusalem et du temple, ou pendant la captivité de Babylone. Or cette supposition est dénuée de toute espèce de preuves ; elle est même en opposition manifeste avec l’état des choses. « Car, comme l’a si bien remarqué l’abbé de Vence, Esdras dit lui-même qu’il était un docteur habile dans la loi de Moïse[36] ; et comment s’était-il rendu habile dans la loi de Moïse ? C’était, sans doute, parce qu’il avait étudié et médité pendant qu’il était à Babylone avec les autres captifs[37]. » Plusieurs passages dans lesquels Daniel fait évidemment allusion aux livres de Moïse[38], prouvent encore l’existence de ces livres pendant la captivité.

2. Le système que nous combattons suppose qu’il n’y avait pas d’autres exemplaires de la loi que ceux qui étaient à Jérusalem lors- qu’elle fut assiégée par les Chaldéens. Or cela paraît faux ; car lorsque les dix tribus furent emmenées en captivité par Salmanasar, cent trente ans environ avant l’embrasement du temple par Nabuchodonosor, il y avait certainement parmi les Juifs du royaume d’Israël plusieurs personnes qui n’avaient point consenti au schisme de Jéroboam, mais qui faisaient leur étude de la loi de Dieu. Or, il est impossible que ces vrais Israélites n’aient pas emporté avec eux leurs livres saints. Tobie, l’un des captifs, en avait au moins conservé un exemplaire, puisque l’auteur du livre qui porte son nom dit de lui[39] : « qu’il se souvint un jour de cette parole que Dieu avait dite par la bouche du prophète Amos : Vos jours de fête seront changés en des jours de deuil et de pleurs[40]. » Ainsi, tous les exemplaires des livres n’étaient pas renfermés dans Jérusalem, ni même dans la Judée. Ajoutons que, depuis longtemps avant la destruction de Jérusalem, les Samaritains possédaient le Pentateuque : or cet exemplaire samaritain n’était certainement point dans le temple, et par conséquent il n’y fut point consumé par les flammes. Terminons cette preuve par une remarque importante, c’est qu’on avait dans la Judée les livres de la loi même avant qu’Esdras fût de retour à Jérusalem, puisque dès la sixième année du règne de Darius on établit des prêtres et des lévites pour exercer leurs fonctions selon qu’il est écrit dans la loi de Moïse : Sicut scriptum est in libro Moysi[41] ; ce qui n’aurait pu se faire si on n’avait eu entre les mains aucun exemplaire de cette loi. Ainsi, quand Esdras revint à Jérusalem dans la septième année du règne d’Artaxerxès, il y trouva le Pentateuque, et par conséquent il n’eut pas besoin de le recomposer de mémoire. Un juge bien compétent de la matière confirme la solidité des preuves que nous venons d’établir : « A coup sûr, dit M. Quatremère, les livres hébreux n’avaient pas tous péri dans la ruine de Jérusalem et l’exil des Juifs. A coup sûr, des prêtres, des hommes pieux avaient emporté avec eux ces livres vénérables ; ce fut dans leurs mains qu’Esdras les retrouva. Lui-même était versé dans la connaissance de la loi de Dieu ; donc il avait sous les yeux les livres qui contenaient cette loi. D’un autre côté, les Juifs qui étaient restés dans la Palestine devaient avoir conservé des livres. Le Pentateuque était aussi chez les restes des dix tribus et chez les Samaritains[42]. »

3. Plusieurs pères, il est vrai, ont enseigné qu’Esdras avait dicté de mémoire tous les livres saints ; mais leur témoignage ne nous paraît pas devoir l’emporter, pour plusieurs raisons. D’abord les pères les plus instruits sur cette matière, tels que saint Jérôme, saint Chrysostome et saint Hilaire, ne sont pas de leur opinion. En second lieu, le témoignage de ceux que nous combattons n’ayant pour objet qu’un fait historique et non un fait révélé, il n’a pas plus d’autorité que le fondement sur lequel il s’appuie : or, ce fondement, c’est le quatrième livre d’Esdras, ouvrage non-seulement supposé et qui porte sans raison le nom d’Esdras, mais qui est encore rempli de fables, comme l’ont parfaitement démontré Bellarmin , Huet, Noël Alexandre, Dupin, etc.[43]. Ce livre rapporte donc que la loi de Dieu ayant péri dans les flammes, Esdras prit avec lui cinq écrivains, auxquels il dicta, par l’ordre de Dieu, pendant quarante jours, deux cent quatre livres[44]. Remarquons d’abord qu’il est faux que tous les exemplaires de la loi de Dieu aient péri dans l’incendie, comme nous venons de le voir. De plus, pour peu qu’on lise avec attention le récit de cet auteur, on verra que les deux cent quatre volumes qu’Esdras, selon lui, dicta, n’ont rien de commun avec nos

livres saints.
DEUXIÈME PROPOSITION.
Esdras n’a point abrégé les livres sacrés des Juifs.

1. Pour soutenir une opinion aussi singulière que celle qu’a émise R. Simon, quand il dit : « Soit qu’Esdras ait refait de nouveau les livres sacrés, comme quelques-uns d’eux (des pères) l’assurent, ou qu’il n’ait fait que recueillir les anciens mémoires, en y ajoutant, y diminuant et changeant ce qu’il croyait être nécessaire, comme les autres disent avec plus de probabilité, il sera toujours vrai qu’Esdras n’a pu composer ce corps d’Ecriture avec ces changements qu’en qualité de prophète ou écrivain public. Il est de plus certain que les livres de la Bible qui nous restent ne sont que des abrégés des anciens mémoires, qui étaient beaucoup plus étendus avant qu’on en eût fait le dernier recueil pour le mettre entre les mains du peuple[45] » pour soutenir, disons-nous, une pareille opinion, il faudrait avoir à l’appui des raisons bien puissantes : or celles que R. Simon allègue sont de nulle valeur. Car les textes des pères et des auteurs qu’il invoque en sa faveur, ont évidemment un sens tout autre que celui qu’il leur prête, et ses arguments critiques n’auraient de la force qu’autant qu’il aurait démontré que chez les anciens Hébreux les écrivains publics n’étaient point distingués des prophètes divinement inspirés : mais jamais l’Ecriture ni la tradition n’ont confondu ces deux classes ; aussi R. Simon est-il d’une faiblesse extrême dans sa défense contre les attaques dont il a été l’objet à cause de cette opinion[46].

2. Si Esdras avait abrégé les anciens écrits beaucoup plus étendus dans les auteurs originaux, en y changeant, ajoutant ou diminuant, nous ne serions pas sûrs d’avoir dans le Pentateuque l’ouvrage de Moïse, ni dans les prophéties les écrits des prophètes qui les ont composées. Il y aurait au contraire la plus grande probabilité que pas un seul des livres de l’Ancien Testament ne serait l’œuvre de l’écrivain dont il porte le nom, puisque tout écrivain public pouvant, selon R. Simon, abréger, ajouter, diminuer, changer dans les écrits sacrés ce qu’il croyait nécessaire, il est à présumer que tous les scribes publics antérieurs à Esdras ayant exercé ce pouvoir, il n’est resté jusqu’après la captivité qu’une très-petite partie des anciens originaux. Ainsi, pour peu qu’Esdras lui-même, profitant de sa qualité d’écrivain public, ait retranché, ajouté, changé à ces faibles restes des ouvrages primitifs, les Juifs qui ont vécu depuis Esdras n’ont guère reçu des livres saints de leurs pères, au moins d’une manière sûre, que les noms de Moïse, de Samuel, d’Isaïe, de David, etc., qui se lisent en tête de ces livres, comme pour rappeler seulement aux Juifs que leurs ancêtres avaient possédé autrefois des écrits sacrés composés par ces hommes vénérables. Cette réflexion, qui est une conséquence rigoureuse du système de R. Simon, suffirait seule pour le faire rejeter.


TROISIÈME PROPOSITION.
Le travail d’Esdras sur les Ecritures consiste principalement en ce qu’il fit une révision des livres des Juifs, corrigea les fautes qui avaient pu s’y glisser, et dressa un Canon ou Catalogue de tous ceux qui devaient être reconnus comme sacrés.

1. Après ce que nous avons dit dans les questions précédentes, et surtout dans les deux propositions que nous venons d’établir, il est aisé de comprendre que tel a dû être en effet le travail d’Esdras. Car s’il est prouvé, d’un côté, que ce fut de son temps que l’on recueillit en un seul corps d’ouvrage les écrits sacrés du peuple juif, et que lui-même, comme restaurateur zélé de la religion, et prêtre versé dans la connaissance de la loi du Seigneur, dut avoir au moins la plus grande part à la formation du Canon, et, de l’autre, qu’il n’a ni recomposé de nouveau, ni altéré dans leur substance les livres saints, en y faisant des retranchements, des additions ou autres changements considérables, il semble démontré par là même qu’il ne lui restait plus qu’à rassembler le plus grand nombre d’exemplaires des livres sacrés qu’il put trouver, à conférer exactement les manuscrits, à choisir les meilleurs, en faisant disparaître les fautes qui pouvaient s’y être glissées par la négligence des copistes, et à former, au moyen de cette collation, un corps d’Ecritures très-correct, qui, ayant reçu approbation de la Synagogue, devint le code sacré de la nation juive.

2. Indépendamment de cette preuve, nous en avons encore une dans le témoignage constant de la tradition des Juifs et des chrétiens, qui attribuent ce même travail à Esdras ; et s’il est quelques auteurs qui fassent exception, ce sont uniquement ceux qui lui en assignent un plus considérable, la recomposition entière, par exemple, des anciens écrits sacrés.

En disant dans notre proposition que le travail d’Esdras sur les Ecritures consistait principalement dans la révision et la formation d’un Canon complet, nous avons donné à entendre que ce prophète avait fait encore autre chose. On croit en effet assez généralement qu’il a pu mettre quelques liaisons dans certains passages, ajouter quelques explications devenues nécessaires pour l’intelligence du texte, et enfin remplacer par des noms nouveaux les anciennes dénominations de lieux qui étaient tombées en désuétude. Sans nous élever précisément contre cette opinion, nous pensons que, dans l’intérêt même de l’intégrité des Ecritures, on doit la restreindre le plus possible ; d’autant mieux que dans cette partie, l’arbitraire se substitue très-aisément à la critique.

On croit encore, mais avec un grand partage d’opinions pour et contre, qu’Esdras a écrit les livres saints en caractères chaldéens, que les Juifs adoptèrent, à leur retour en Palestine, avec la langue chaldaïque, qui leur avait été familière pendant la captivité. On peut voir dans D. Calmet les raisons sur lesquelles ce sentiment est fondé[47].


  1. Comparez J. E. Jablonski, Pantheon Ægypt. proleg. p. 94 et suiv.
  2. Euseb. Præp. evang. I, 9, Strabon, Geogr. lXIV, 734, édit. de Xylander. Diog. Laërt. IX, 6. Servius, ad Virgil. Æneid. VI, 72. Onuphr. Panvinus, De Sibyll. et Carmin. Sibyll. p. 309.
  3. Deut.XVII, 18., XXXI, 9, 26.
  4. Ex. xxiv, 7. Comparez dans le Pentateuque avec une traduction française, etc., par J.-B. Glaire, tom. II, les notes importantes, pag. 124, 125 et 176.
  5. Præp. evang. l. XII, cXXII, p. 597. Parisiis, 1628.
  6. Dans les Bibles hébraïques, les נביאים sont subdivisés en ראשונים (Rischônîm) premiers ou antérieurs, qui sont Josué et les livres suivants, jusqu’au deuxième des Rois inclusivement ; et en אחרונים (Aharônim) derniers ou postérieurs, qui sont Isaïe, Jérémie et les autres, jusqu’aux Psaumes exclusivement.
  7. Voy. Suicer. Thes. Eccles. à ces mots.
  8. Hier. Prolog. Galeat.
  9. Philo, Tom. II, p. 475. Jos. Contr. Ap. lI, § 8, Luc. XXIV, 44.
  10. Voici ses propres mots : Ὁ νόμος καὶ αἱ προφητεῖαι καὶ τὰ ἂλλα πάτρια βιβλία : ou bien, ce qui revient au même, au lieu de καὶ τὰ ἂλλα βιβλία, il dit καὶ τὰ λοιπὰ τῶν βιβλιῶν.
  11. Spinosa, Tract. theol. polit.  c. X.
  12. R. Simon, Hist. crit. du V. T. l. I, ch. II.
  13. Bertholdt, Einleit. Tom. I, p. 70 et suiv. De Wette, Einleit. § 13, 14.
  14. Cellérier, Introd. à l’A. T. p. 362.
  15. Mélanges de théol. réformée, 2e cahier, p. 171.
  16. Hottinger, Bibl. orient. pag.  106
  17. Titres primitifs de la révélation, t. I, p. 78.
  18. Comparez les textes des livres des Machabées, de la Sagesse et de Baruch qui fortifient cette assertion, et que nous avons cités au sujet de l’inspiration, pag. 23.
  19. Voy. la Mischna, edit. de Surenhusius, t. iv, p. 409.
  20. Ibid. p. 442.
  21. Ibid. p. 210
  22. Ibid. Comment. R. Bartenora.
  23. Talm. Babyl. Baba bathra, fol. 13, verso ; fol. 15, verso. Quoique les docteurs juifs aient enseigné bien des faussetés au sujet de cette grande synagogue, le fond principal de cette tradition est d’autant plus incontestable, qu’il est parfaitement conforme à l’état des choses, telles qu’elles se trouvèrent au renouvellement de la république juive après la captivité de Babylone.
  24. Contr. Ap. l. 1, § 8.
  25. Voy. Jahn, Introd. in Lib. V. T. pag. 463, 464, 2e edit. ou l’édition allemande, p. II, sect. IV, § 249, pag. 927-932. Hævernick fait à ce sujet une remarque que nous croyons devoir reproduire : « Aujourd’hui l’on met ordinairement la composition de ce livre dans un temps plus moderne. Je suis cependant convaincu que Jahn (loc. cit.) a vu, à cet égard, la vérité. Un savant moderne, certainement impartial, est aussi du même avis (Winer, De utriusque Siracidæ ætate, Erlangen 1832), et ses préjugés sur le Canon l’empêchent d’adopter entièrement cette idée. » Mélanges de théol. réformée, 2e cahier, pag. 173
  26. Eccli. XLVIII, 23, 23. XLIX, 8, 10, 12.
  27. Hævernick prétend que le vers. 10 (Vulgat. 12) du ch. XLIX est une interpolation, et que l’auteur de l’Ecclésiastique a omis à dessein les petits Prophètes, afin de né pas interrompre le fil chronologique de sa narration (Hævern. Einleit. erst. Theil. erst. Abtheil. S. 64). Voyez sur cette opinion déjà soutenue par Bretschneider (Lib. Sirac. græce, pag. 662), ce que nous avons dit dans l’Introduction particulière au livre de l’Ecclésiastique.
  28. « Certum est igitur, dit Huet, Esdram libros sacros dissipatos collegisse, et instaurasse : utcumque vero egregius fuerit iste labor, fructu tamen caruisset, nisi accessisset publica Synagogæ auctoritas, quæ recognovisset opus, et expensum comprobasset, ejusque usum populo concessisset. Quapropter non quâsi Esdræ, sed quasi Synagogæ ipsius opus ab Elia Levita, aliisque rabbinis habitum est. Hinc Thalmudistæ capite primo Babæ bathræ, vaticinia Ezechielis, libram duodecim Prophetarum, Danielis et Estheris libros, a viris synagogæ magnæ scriptos esse definiunt ; quos ab aliis scriptos, ab Esdra collectos suffragio suo synagoga magna firmavit. (Demonstr. evang. Propositio IV. De Can. lib. sacr.Iv.) »
  29. Compar. Esdr. VIII, 10, 11, 12. Neh. viii, 1, 3, etc.
  30. Iræn. Adv. hær. l. II, c. xxi. Cl. Alex. Stromat. l.I Tertull. De habit. mul. c. III. Basil. Epist. ad Chilonem. Chrys. Rom. VIII, in Epist. ad Hebr. Theod. Prœfat. in Psal. Hier. Adv. Helv. Leont. De sectis, act. 2.
  31. Nous reviendrons sur cette matière, et nous la traiterons plus au long dans l’Introduction particulière aux livres des prophètes et aux prophéties de Daniel.
  32. Journal des Savants, octobre 1845, p. 603.
  33. Ces pères sont cités dans la question précédente.
  34. R. Simon, Hist. crit. du V. T. l. I, c.  I.
  35. Haet, Demonstr. evang. Propositio iv. De Can. libr. sacr. no 4. Voy. surtout Bible de Vence, IIe Dissert. sur Esdras en tête de ce livre ; on y trouve les termes mêmes dans lesquels les pères se sont exprimés et la manière dont on peut les expliquer.
  36. Esdr. VII, 6.
  37. Bible de Vence, IIe Dissert. en tête du livre d’Esdras
  38. Dan.IX et compar. Lev. XXVI, Deut. XXVIII
  39. Tob. II, 6.
  40. Amos. VIII, 10.
  41. Comp. Esdr. vi, 18, avec vii, 9 et suiv.
  42. Journal des Savants, octobre 1845, p. 603.
  43. Bellarm. De Verbo Dei, lII, c. V, c. v. Huet, Demonstr. evang. loc. cit. Natalis Alex. Hist. Eccl. V. T, œtate mundi VI, Disert. IV. Ellies Dupin, Dissert. prélim. l. I, c. IV, § 3.
  44. 4 Esdr.XIV, 19 et suiv.
  45. R. Simon, loc. cit. et dans ses Lettres. ;
  46. Voy. Ellies Dupin, Diss. prélim. l.I, c. II, §4. Carpzovius, Introd. ad libr. Bibl. V. T, Part. III, c. III, § 24, et Crit. sacra. Part. I, c. I, §5.
  47. D. Calmet, Dissert.  où l’on examine si Esdras a changé les anciens caractères hébreux. tom.  I. Cette dissertation a été reproduite dans la Bible de Vence et placée en tête du livre d’Esdras. Le sentiment contraire à celui de D. Calmet a été soutenu avec chaleur par Albert Schultens, dans ses Institutiones ad fundamenta linguæ hebr. pag. 15-20. On peut consulter encore sur cette question, W. Gesenius, Geschichte der hebraïschen Sprache und Schrift.