La Liberté de conscience (Cinquième édition 1872)/1.XII

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Hachette et Cie (Cinquième éditionp. 67-78).


CHAPITRE XII.

Persécutions sous François Ier.


Luther, dont on peut dire qu’il a fondé, non une hérésie, mais une religion, naquit en Saxe en 1483. D’abord avocat, puis moine augustin et professeur de théologie, il enseignait cette science avec éclat quand le pape Léon X, décidé à terminer l’église de Saint-Pierre et manquant de ressources, entreprit de vendre les indulgences, distribua pour cet effet les provinces du monde chrétien à quelques favoris qui prélevèrent une part sur les bénéfices, et vendirent à des fermiers la collation de ces revenus de nouvelle espèce. La Saxe avec une partie de l’Allemagne échut à la sœur du pape ; elle prit pour fermier Archambaud, et Archambaud, pour augmenter ses recettes et faire fructifier son commerce, confia aux dominicains la prédication des indulgences.

Luther, homme de sens et homme d’honneur, s’indigna contre ce trafic simoniaque ; augustin, il entreprit la guerre contre les dominicains qui faisaient, au service d’un banquier, un métier déshonorant ; théologien, il chercha ce que signifiaient et ce que valaient ces faveurs pour l’autre monde, vendues par le pape dans celui-ci, avec remises aux traitants et aux sous-traitants. Il commença par des remontrances, et comme le pape était personnellement en cause, il aboutit promptement à la révolte. Il brûla à Wurtemberg la bulle du pape qui le condamnait. Ce fut en vain que l’Église appela tous les princes à son secours, et que l’Empereur mit hors la loi ce moine révolté qui ne croyait pas à la sainteté du trafic des indulgences. Luther brava le pouvoir temporel comme il avait bravé le pouvoir spirituel ; il organisa son Église, conquit des princes à sa cause, les acheta quelquefois (il acheta le landgrave en lui permettant d’avoir deux femmes), vit le nombre de ses adhérents croître au delà de ses espérances, et put se dire en mourant qu’il avait vaincu trois papes, dont l’un était Léon X, un empereur, qui était Charles-Quint, un roi de France, qui était François Ier.

Le 10 juin 1525, pendant la captivité de François Ier, parurent des lettres patentes de la reine Louise, sa mère, régente du royaume, rendant exécutoire en France une bulle de Clément VII, dont voici le sens général. Comme l’Église s’attribuait le droit de juger seule les hérétiques[1], le pape s’adressait à des conseillers du parlement et autres bons et notables personnages, et les nommait commissaires pour faire le procès aux protestants, avec ou sans le concours des ordinaires et de l’inquisiteur de la foi, adhibitis, sîcut vobis videbitur, locorum ordinariis et inquisitore hæreticæ pravitatis in regnoisto existente ; il leur conférait le pouvoir de prendre les mesures nécessaires à l’extirpation de l’hérésie, et même, s’il le fallait, d’en appeler au bras séculier ; de rechercher les coupables et ceux qui, directement ou indirectement, leur viendraient en aide, et de les frapper de peines discrétionnaires, prout qualitas excessuum exegerit vel conscientix vestræ expedire videbitur ; de les rejeter de la communion de l’Église comme des membres pourris, voués avec Satan à la damnation éternelle ; de priver leurs corps de la sépulture chrétienne, et de permettre à tous les fidèles de réduire leurs personnes en perpétuelle servitude et de s’emparer impunément de leurs terres, forteresses, biens meubles et immeubles, bona eorum quælibet mobilia et immobilia cuivis fidelium licite et impunè invadere, occupare et sibi acquirere licere.

Un autre édit, du 29 janvier 1534, promulgué cette fois par le roi lui-même, porte « que tous ceux et celles qui ont recelé ou recelleront par cy-après scientement lesdits sectateurs, pour empêcher qu’ils fussent pris et appréhendés par justice, et qui pour raison dudit cas seront absentés et rendus fugitifs pour eux cacher ou receler ès-maisons desdits réceptateurs et recélateurs, seront punis de telle et semblable peine que lesdits sectateurs. » Quant à ceux qui dénonceront leurs amis et leurs hôtes, le roi entend « qu’ils aient la quarte partie des confiscations et amendes sur ce prononcées, » et il les dispense d’en donner quittance ou décharge, afin de les tranquilliser sur les conséquences de leur trahison.

Enfin, un édit du ler juin 1540, abrège toutes les formes de procédure contre les protestants, prononce des peines sévères pour les magistrats qui n’auraient pas exécuté rigoureusement les édits, leur enjoint de rendre compte de six mois en six mois de leurs poursuites et diligences, et conformément aux précédentes ordonnances, punit les receleurs et récompense les traîtres.

Henri II renouvela toutes ces dispositions dans un édit célèbre du 27 juin 1551, où il déclare avec douleur que les efforts du roi son père n’ont pas grandement profité : « car de jour en jour, d’heure à autre, quelque peine, diligence et vigilance dont notre dit seigneur et père ait su user en cet endroit, où il a fait tout son possible, on a vu et voit continuer et croître les dites erreurs, peste si contagieuse, dit-il, et qui infecte jusqu’aux petits enfants, nourris et appâtés de ce venin. » Après avoir établi des parlements, des juges inférieurs et des évêques, il s’écrie ; « Cette matière est la cause de Dieu où chacun doit prêter l’épaule. » Il pense aux livres, qu’on avait trop peu entravés et brûlés. « Aucuns livres quels qu’ils soient ne seront apportés de Genève et autres lieux notoires séparés de l’union et obéissance du saint-siége, sur peine de confiscation de biens et punitions corporelles. » Défense est faite aux imprimeurs et libraires « d’imprimer, vendre, avoir en leur possession aucun livre mis au catalogue fait et à faire par la faculté de théologie des livres réprouvés. » Même les crieurs, après décès ou exécution judiciaire, ne devront point mettre en vente les livres de religion, sans les faire examiner auparavant par la faculté. Nul livre ne sera imprimé que dans une imprimerie connue et autorisée, sous le nom et la responsabilité du maître imprimeur ; les ballots de livres apportés de l’étranger ne seront ouverts qu’en présence des délégués de l’officialité ou de la faculté de théologie ; visite des imprimeries et des librairies sera faite à tout le moins deux fois l’an, et trois fois à Lyon, à cause du voisinage de Genève ; les images et gravures seront soumises à la même police que les livres ; le colportage (qu’il appelle l’industrie des porte-paniers) sera interdit. Tl prend même des précautions contre les libraires de la cour. L’index des livres proscrits sera affiché en lieux apparents, dans toutes les boutiques et officines. Les procureurs et les avocats généraux étendront leur inquisition jusque sur les magistrats et les courtisans, et nul ne sera promu désormais à aucune charge de judicature s’il ne justifie par bons et valables témoignages de la pureté de sa foi. Tous ceux qui aideront les hérétiques, où, les connaissant, ne les dénonceront pas, seront punis des mêmes peines que le délinquant. Seront également réputés fauteurs de l’hérésie, ceux qui solliciteront pour les accusés. Au contraire, les dénonciateurs seront récompensés, et s’ils sont eux-mêmes coupables, remise leur sera faite de la peine. L’ordonnance, après avoir pris des précautions contre les magistrats, entre dans des prescriptions minutieuses au sujet des professeurs, principaux de collége et maîtres d’école. Les conversations mêmes sur le sujet des disputes religieuses sont interdites : « Ayant entendu qu’ordinairement il advient que les gens de tous états indifféremment s’ingèrent, en prenant leur repas, ou bien en allant par les champs ou autrement, quand ils sont retirés les uns avec les autres, de parler, deviser et discuter des choses concernant la foi… » On passe ensuite aux lettres. Ceux qui écriront aux réfugiés, les porteurs de lettres venant de Genève, seront sévèrement punis ; les biens des réfugiés confisqués : la vente, si elle a lieu en prévision de la fuite, annulée. Le Parlement, en enregistrant cet édit, ne put contenir sa joie. Il rendit action de grâces au roi de sa très-bonne, très-loyale et très-chrétienne volonté, suppliant à Dieu très-humblement qu’il lui plaise le maintenir en cette charité, dévotion et ardeur, à très-longues années. »

François II trouva matière à réglementer même après l’édit de 1551. Une déclaration du 4 septembre 1559 porte que les maisons où se feront des assemblées et conventicules seront rasées et démolies. Un édit du 9 novembre de la même année condamne à la mort ceux qui auront assisté aux prêches. Un autre, du mois de février, prive de leurs justices les seigneurs hauts justiciers qui négligeront de sévir contre les protestants. Un autre, du mois de mai 1560, augmente les droits des évêques, a naturels juges du crime d’hérésie. »

Mais ni Henri II, ni François II, ne furent plus cruels que celui qu’on a appelé le roi chevalier et le père des lettres. C’est sous François Ier[2], c’est par ses ordres que le baron d’Oppède massacra trois mille Vaudois[3], jeta le reste sur les galères, livra leurs femmes aux soldats, mit le feu à vingt-quatre villages, et fit de Cabrière et de Mérindol un monceau de cendres. On a dit, pour défendre le roi, que la Provence était bien loin de la cour de Fontainebleau, toute plongée dans les plaisirs, que le roi ne prévoyait pas l’abominable cruauté de ses agents, et n’entendait pas au milieu de ses fêtes les cris de ses victimes : triste excuse, en vérité, et qui ne lui reste même pas. C’est auprès de lui, dans son conseil, que le fanatisme vint saisir un homme célèbre par ses connaissances, distingué par l’élévation de son caractère, le conseiller d’État Louis Berquin, dont l’unique forfait était d’incliner à la réforme. Relâché une première fois à la sollicitation de la reine Marguerite, il fut repris de nouveau et condamné à avoir Je front marqué d’une fleur de lis, la langue percée d’un fer rouge. La sentence fut exécutée sur la place de Grève, le 16 avril 1529. Jeté dans les prisons pour y mourir après ce supplice, Berquin en appela devant la cour de Rome. Cet appel n’eut d’autre résultat que de le faire brûler le lendemain.

Jean Leclerc, Jean Châtelain, brûlés à Metz (ceux-là en Lorraine, mais Français et en pays de langue française), Jacques Tavanne, l’ermite de la forêt de Bondi, Latour, Hubert, brûlés à Paris, Dablet, Moulin, brûlés à Lyon, un auto-da-fé, célébré à Toulouse le 31 mars 1532, dans la seule ville du royaume où l’inquisition se fût maintenue[4], six hérétiques brûlés à Paris le 21 janvier 1535, une pauvre femme brûlée le lendemain, pour avoir fait gras le vendredi, un grand nombre de victimes demeurées inconnues, et dont l’histoire ne raconte que les effrayants supplices[5] ; en 1546 (l’année même de l’exécution d’Etienne Dolet) quarante-six réformés, dont dix-neuf femmes, condamnés à Meaux à diverses peines, et quatorze autres au feu, tels sont les fastes sanglants du règne de François Ier. Voilà le prince à qui Calvin a dédié son Institution chrétienne, la même année, il faut le remarquer, où paraissait aussi Gargantua. Un jour qu’on discutait devant le roi pour savoir s’il fallait condamner au feu de malheureux huguenots, Duchâtel, évêque de Tulle, et fondateur du collège de France, opina pour la douceur. Le cardinal de Tournon, qui avait voté les mesures les plus rigoureuses, lui fit des reproches au sortir du conseil : « J’ai parlé en évêque, lui répondit Duchâtel, et vous en bourreau. »

Passons sur les dernières années du règne de François Ier, de ce roi chevalier, de ce père des lettres, que Brantôme félicite d’avoir fait faire ces grands feux, et d’avoir montré le chemin de ces brûlements[6]. Trois édits signalèrent le règne de son fils : l’édit du 15 juillet 1557, prononçant la peine de mort contre la profession, même secrète, du protestantisme ; l’édit du 14 novembre 1559, ordonnant de raser les maisons où se seraient tenus des conventicules ; l’édit de novembre 1560, prescrivant la signature d’une formule sous peine du feu. En 1559, Henri II vint siéger au Parlement sans être attendu. C’est cette fameuse séance où il provoqua des rigueurs contre les protestants, et où Faur et Anne du Bourg furent, par ordre du roi et en sa présence, arrêtés jusque sur les fleurs de lis, et conduits à la Bastille pour la courageuse liberté de leur vote[7]. On sait que du Bourg, neveu d’un chancelier de France, et qui passait, à trente-huit ans, pour l’exemple et la lumière du Parlement, fut pendu et étranglé en place de Grève, et son corps jeté dans le feu[8]. Mais ce n’est ni l’emportement du roi, ni le martyre de du Bourg, que je veux signaler dans cette séance : c’est le discours du premier président Le Maître : « Il déclama fort contre les sectaires, dit de Thou. Il apporta l’exemple des Albigeois, dont six cents furent brûlés en un jour par les ordres de Philippe-Auguste, et celui des Vaudois, dont une partie périt par le feu dans leurs maisons, et le reste fut étouffé par la fumée dans des cavernes et des carrières où ils étaient cachés[9]. » Voilà ce que le premier président du Parlement disait en face à Henri II, comme pour l’exhorter au carnage.

C’est qu’il faut bien le dire, à cette époque de l’histoire, l’intolérance et même la persécution étaient populaires. N’est-ce pas sous François II que le peuple des villes inventa de placer des statues de saints au coin des rues, de les entourer de cierges, de disposer au-dessous un tronc pour recevoir les offrandes, et d’aposter près de ces chapelles improvisées des valets et des porteurs d’eau qui chantaient des cantiques, parodiaient les cérémonies de l’Église, et obligeaient les passants à payer, à saluer, à chanter, sous peine d’être déclarés protestants, traînés dans le ruisseau, roués de coups, jetés en prison, quelquefois même assassinés ? Traqués par le peuple et par le pouvoir, les religionnaires prenaient la fuite : ils quittaient Paris, devenu pour eux inhabitable, abandonnant leurs maisons et leurs affaires ; mais alors on vendait leurs biens à l’encan. « Tout Paris retentissait de la voix des huissiers, qui proclamaient des meubles ou appelaient à ban des fugitifs. On ne voyait partout que des écriteaux sur des maisons vacantes, où étaient restés encore dans quelques-unes de jeunes enfants que la faiblesse de leur âge n’avait pas permis aux pères et aux mères d’emmener avec eux, et qui remplissaient les rues et les places de leurs cris et de leurs gémissements, spectacle qui tirait des larmes des yeux même des ennemis les plus déclarés des protestants[10]. »

Je ne veux pas parler des vengeances qui suivirent la conspiration d’Amboise, de ces protestants pendus aux créneaux ou noyés, pour ne pas faire couler trop de sang sous les yeux du peuple, ou suppliciés durant le jour sans que le bourreau même sût leur nom. « La Loire était couverte de cadavres, le sang ruisselait dans les rues, les places étaient remplies de corps attachés à des potences[11]. » Le massacre de Vassy signala les commencements du règne de Charles IX. Le duc de Guise se rendait de Joinville à Esclaron avec ses hommes d’armes. En passant à Vassy, il apprend qu’on y tenait le prêche. Il y avait là deux cents protestants, réunis dans une grange, pour prier Dieu et entendre un de leurs ministres. Les hommes d’armes trouvent la porte ouverte, entrent dans la grange. « Approchez, messieurs, prenez place, disent les fidèles. » Mais les gens du duc de Guise s’écrient : « Par la mort Dieu, il faut tout tuer. » Alors entra le duc, suivi de sa troupe, tirant force coups de pistolet dans l’épaisseur du peuple, et chassant dehors, à coups de coutelas, cimeterres et épées, hommes, femmes, petits enfants. Douze d’entre eux restèrent sur le carreau. Un grand nombre succombèrent le lendemain à leurs blessures. On les poursuivit jusque sur les toits. Le duc emmena avec lui le ministre, cruellement blessé, porté par quatre hommes sur une échelle, et rougissant la route de son sang[12]. La même année, le parlement de Paris rendit un arrêt qui fut lu en chaire tous les dimanches, et qui ordonnait à tous les catholiques de courir sus aux protestants. On les traita, dit un historien, comme des chiens enragés[13]. Le 6 janvier 1563, la cour du parlement décida par un arrêt que « à tous huguenots qui poursuivraient quelques parties en demandant, toute audience leur serait déniée, et au contraire ceux qui les poursuivraient en demandant seraient ouïs[14]. » On se demande ce que faisaient les protestants ? Les protestants se vengeaient. On n’était plus aux temps de la primitive Église, où toute une légion déposait les armes et se laissait égorger par obéissance aux lois de César. Le fanatisme changeait la France en champ de bataille. « N’est-ce pas grande cruauté, disait Vigor[15], dans un sermon sur les dimanches et fêtes, de tirer le couteau contre son oncle, contre son frère ? » Et il se répondait : « Eh ! lequel t’est plus propre, ton frère catholique, ou ton frère charnel huguenot ? » Ainsi l’on prêchait ouvertement le fratricide jusque dans les églises. Le peuple, des deux parts, n’entendait que trop ce langage. Entre mille exemples que je pourrais citer, les mémoires de Condé rapportent l’exécution du chevalier du guet Babaston, qui eut la tête tranchée devant l’hôtel de ville, et dont le corps fut réduit en cendres. « Et est à noter, dit l’historien, que combien qu’il fût mort bon chrétien et repentant des fautes qu’il avait commises, si est-ce que l’insolence du peuple après sa mort fut telle, que, le corps étant au feu, le tirèrent hors du feu, et le traînèrent depuis l’hôtel de ville jusques au logis dudit chevalier du guet, baillans des coups de bastons sur ledit corps[16]. »



  1. Il s’éleva des difficultés malgré la bulle. Pour y obvier, Henri II publia le 19 novembre 1549 une ordonnance portant attribution aux juges d’église des accusations d’hérésie dirigées contre les protestants, et aux juges ordinaires et d’église conjointement des causes où l’hérésie et quelque crime public se trouvaient réunis. François Ier, en 1544, avait fait un édit analogue « portant que les prélats et juges laïcs de ce royaume connoitroient par concurrence des cas et crimes d’hérésie, afin que les dits délinquants se cuidans sauvez des mains de l’un desdits juges, fust lay ou d’église, ils ne pussent éviter de tomber en celles de l’autre dont ils ne se douteroient pas, pour en faire la punition et correction exemplaire. »
  2. En 1521, la Sorbonne, en condamnant avec d’autres propositions de Luther, celle-ci : « Hæreticos comburi esse contra voluntatem Spiritûs Sancti, » ajouta ces mots : « Hæc propositio est falsa, et errori Waldensium et Catharorum consona. » D’Argenlré, Collectio judiciorum de novis erroribus, I, II, p. 367. — Vers le même temps, les Pères du concile de Paris s’écriaient : « La félicité et la gloire n’ont appartenu qu’aux princes qui, s’attachant inébranlablement à la foi catholique, ont poursuivi et mis à mort les hérétiques comme ennemis capitaux de leur couronne. » Labb., Concil., t. XIV, p. 462. — Cf. H. Martin, t. VIII, p. 458.
  3. Les Vaudois étaient une ancienne secte de Cathares, qui tirait son nom d’un Lyonnais nommé Valdo. Ils avaient dans le principe prêché le renoncement absolu à toutes les richesses, et de là, par une pente facile, ils en étaient venus à attaquer le clergé. Il est remarquable que la richesse du clergé au moyen âge est ce qui suscite partout des hérésies. On commence par lui reprocher ses richesses et on finit par lui disputer l’administration et le sacerdoce. Valdo, Wiclef, Jean Huss, Luther ont au fond la même origine, ils prennent leurs forces aux mêmes sources. Quand le chef a du génie, comme Jean Huss ou Luther, il fonde une doctrine ; quand il n’a que des griefs et du fanatisme, comme Valdo, il ne fonde qu’une révolte plus ou moins longue.
  4. Il n’y eut ce jour-là qu’une exécution à mort, et trente-trois condamnés à diverses pénitences.
  5. En 1535, les exécutions durèrent jusqu’au mois de mai.
  6. « Il en a fait faire de grands feux et en épargna peu d’eux qui vinssent à sa connoissance : et dit-on que ç’a été le premier qui a montré le chemin de ces brûlements. » (Brantôme, François Ier.)
  7. Du Bourg fut arrêté par le comte de Mongomery, le même qui tua Henri II par accident quelques jours après. Le prince de Condé prétend dans ses mémoires (Michaud et Poujoulat, t. VI, p. 546), que le roi, le matin même du jour où il fut blessé, « avait baillé commission à Mongomery, pour aller au pays de Caux contre les luthériens, immédiatement les tournois finis : par laquelle il l’autorisait de mettre au fil de l’épée tous ceux qui lui feraient résistance, et ceux qui seraient atteints et convaincus ou confessants, leur faire donner la question extraordinaire, couper la langue, et brûler après à petit feu. Et à ceux qui seraient soupçonnés, leur faire crever les deux yeux. » Il ne faut pas oublier que c’est un ennemi qui parle.
  8. François II écrivit au parlement le 22 décembre 1559 : « De par le roy. Nos amés et féaux, nous avons grande occasion de mal contentement de voir telle longueur en la vuydange et expédition des procès pendants en notre cour de parlement, contre les conseillers détenus pour le fait de religion ; et mesmement en celuy du conseiller Dubourg. Et pour ce que nous désirons qu’il y soit mis une prompte fin, nous vous mandons et ordonnons très expressément, etc. » Le lendemain, Anne du Bourg fut condamné à mort et exécuté. — On lit dans l’Estoile (collection Michaud, t. Ier de la 2e série, p. 14) : « Henri II fut blessé mortellement vis-à-vis de la Bastille, où étaient détenus prisonniers quelques conseillers, et entre autres Anne du Bourg, que ledit roi avait juré qu’il verrait brusler de ses deux yeux. »
  9. De Thou, liv. XXII.
  10. De Thou, liv. XXIII. — Aux États de 1576, les orateurs des trois ordres « conclurent à ce qu’il plût au roi ne permettre en son royaume autre exercice de la religion que celle de la catholique. » L’Estoile, ann. 1577 (coll. Michaud, t. Ier, 2e série, p. 81.)
  11. De Thou, liv.  XXIV. Les protestants prirent les armes dans plusieurs villes ; mais ils furent massacrés. Maugiron se signala à Valence et à Montélimart. Il promit amnistie si on mettait bas les armes ; on le crut : alors il livra la ville au pillage. « Truchon, magistrat prudent et modéré, dit de Thou (liv. XXV), fut d’avis de faire une prompte justice des plus coupables, afin d’ôter à Maugiron et a ceux de sa sorte toute occasion de piller… Deux ministres furent condamnés au dernier supplice comme chefs de la sédition et de la révolte, ainsi que marquait l’inscription qu’on leur mit sur la tête. Le conseiller Laubespin fut d’avis qu’ils eussent un linge sur la bouche, afin qu’ils ne pussent haranguer le peuple… »
  12. Mémoires journaux du duc de Guise (coll. Michaud et Poujoulat, t. VI, p. 472),
  13. « Le samedi 27 juin 1562, fust crié que tous ceux de la nouvelle religion jusques aux soupçonnés, qui avaient été déférés par leurs dizeniers, eussent à sortir de la ville et banlieue de Paris, dedans vingt-quatre heures, à peine de la hart, encore qu’ils eussent baillé confession de leur foy. » Mém. de Condé (Michaud, t. VI, p. 684).
  14. Mém. de Condé, coll. Michaud, t. VI, p. 697.
  15. Ce fut lui qui assista du Bourg à l’échafaud.
  16. Coll. Michaud, t. VI, p. 687.