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Mécanique analytique/Notes du volume 2/Note 1

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Gauthier-Villars et Fils (Œuvres de Lagrange. Tome XIIp. 341-346).
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Note du tome II

NOTES.

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NOTE I.

Sur la convergence des séries ordonnées suivant les puissances de l’excentricité qui se présentent dans la théorie du mouvement elliptique ; par M. V. Puiseux.


Nommons l’anomalie moyenne d’une planète, l’anomalie excentrique, l’excentricité de l’orbite, de sorte qu’on ait l’équation

on peut désirer de savoir dans quel cas la variable et les fonctions finies et continues de cette variable peuvent être développées en séries convergentes ordonnées suivant les puissances croissantes de

Pour répondre à cette question, observons d’abord que, étant regardée comme une constante réelle et comme une variable réelle ou imaginaire, l’équation transcendante

détermine pour chaque valeur de une infinité de valeurs de dont l’une se réduit à zéro pour tandis que les autres deviennent infinies. Généralement, les valeurs de correspondantes à une valeur de sont inégales ; mais, pour certaines valeurs de deux valeurs de deviennent égales, et, par conséquent, vérifient à la fois les deux équations

dont la seconde est la dérivée de la première prise par rapport à Parmi ces valeurs de il y en a une dont le module est le plus petit ; nous nommerons ce plus petit module, lequel dépend d’ailleurs de la constante

Cela posé, si l’on assujettit le module de à rester moindre que et la variable à s’annuler pour sera une fonction de complètement déterminée et qui, pour les valeurs réelles de se confondra avec l’anomalie excentrique du mouvement des planètes ; de plus, cette fonction et les fonctions finies et continues de celle-là pourront être développées en séries convergentes ordonnées suivant les puissances croissantes de

Ces propositions, qui résultent de théorèmes bien connus[1], étant admises, la question revient à déterminer le module ou plutôt, comme ce module dépend de à trouver le minimum des valeurs de qui répondent aux diverses valeurs de c’est ce que nous allons faire en suivant la marche tracée par M. Cauchy.

Nommons la base des logarithmes népériens, et soit

la valeur de qui a le module cette valeur de jointe à une valeur convenable de vérifie à la fois les équations

On trouve, en différentiant la première par rapport à

ou simplement, en ayant égard à la seconde,

Mais l’équation

nous donne

et, par suite,

Mettant pour sa valeur il vient

Supposons maintenant la constante telle que prenne sa valeur minimum ; on aura

et l’équation précédente montre qu’alors la partie réelle de sera nulle ; il en sera de même, par conséquent, de la partie réelle de et l’on pourra poser

étant une quantité réelle, ou bien

Portons cette valeur de dans la relation

qui résulte de l’élimination de entre les deux équations

il viendra

ou bien

ou encore

Chaque membre de cette dernière équation doit être nul séparément ; on peut donc poser, ou

ou encore

ou enfin

La première solution doit être rejetée, car on en conclurait

ou bien

équation impossible, étant réel. La seconde solution nous donne [2] et l’équation en peut s’écrire

ou

on voit que la quantité réelle et positive n’a qu’une seule valeur ; en la déterminant par des essais successifs et extrayant la racine carrée, on trouve

On a ensuite

d’où, en ajoutant les carrés,

et, par conséquent,

Pour savoir si le module de est un maximum ou un minimum, il faut chercher si, en adoptant pour cette valeur, on obtient pour une quantité négative ou positive. Or l’équation

nous donne

Mais de l’équation

nous tirons

Il en résulte

ou bien, en remplaçant par

Mais, le premier membre étant réel, le second doit l’être aussi ; on a donc

et, par suite,

Le nombre surpassant l’unité, on voit par là que est une quantité positive, et qu’ainsi la valeur de correspondante à est bien un minimum.

La troisième solution nous donnerait

on aurait en même temps

ou

par suite

Il s’ensuivrait mais cette valeur de ne peut être qu’un maximum, puisque, pour est un minimum, et qu’entre et il n’y a pas de maximum, non plus qu’entre et

Le nombre trouvé ci-dessus est donc bien le seul minimum de et ce minimum répond à Ainsi les développements en série dont on fait usage dans la théorie du mouvement elliptique sont toujours convergents, tant que l’excentricité est inférieure à dès que l’excentricité dépasse cette limite, les séries cessent d’être convergentes, si l’anomalie moyenne est égale à Mais, si l’anomalie moyenne est différente de ces mêmes séries resteront convergentes jusqu’à des valeurs de supérieures à et d’autant plus voisines de que l’anomalie moyenne est elle-même plus voisine de zéro ou de

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  1. Voir divers Mémoires de Cauchy, Comptes rendus de l’Académie des Sciences, t. X, et Exercices de Physique mahématique, t. I.
  2. En supposant, ce qui est permis, compris entre et