Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/250

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plus hautes de ses gouttes descendent les premières, en rencontrent d’autres qui les grossissent ; et de plus j’ai vu quelquefois en été, pendant un temps calme accompagné d’une chaleur pesante et étouffante, qu’il commençoit à tomber de telle pluie, avant même qu’il eût paru aucune nue, dont la cause étoit qu’y ayant en l’air beaucoup de vapeurs qui sans doute étoient pressées par les vents des autres lieux, ainsi que le calme et la pesanteur de l’air le témoignoient, les gouttes en quoi ces vapeurs se convertissoient devenoient fort grosses en tombant, et tomboient à mesure qu’elles se formoient.

Pour les brouillards, lorsque la terre en se refroidissant, et l’air qui est dans ses pores se resserrant, leur donne moyen de s’abaisser, ils se convertissent en rosée s’ils sont composés de gouttes d’eau, et en bruine ou gelée blanche s’ils sont composés de vapeurs déjà gelées, ou plutôt qui se gèlent à mesure qu’elles touchent la terre. Et ceci arrive principalement la nuit ou le matin, à cause que c’est le temps que la terre en s’éloignant du soleil se refroidit, Mais le vent abat aussi fort souvent les brouillards, en survenant aux lieux où ils sont ; et même il peut transporter leur matière et en faire de la rosée ou de la gelée blanche, en ceux où ils n’ont point été aperçus ; et on voit alors que cette gelée ne s’attache