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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/100

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

toujours contentés de telle façon que le plaisir de l’assouvissement suscite une pensée neuve.

— Tu crois donc, ô Despoïna, que tu tends à n’être que lumière, si tu ne l’es déjà ?

— Sincèrement je crois m’accroître en lumières. J’espère n’être, un jour, que lumière dans l’Abyme divin que tu m’appris à mesurer, autrefois.

— Et ce jour-là, pourrais-tu te concevoir ?

Elle sentit le piège. Mais elle ne voulut rester muette, ce qui eut été comme l’agenouillement de son intelligence devant un maître :

— Je pourrais me concevoir.

Il secoua la tête.

— As-tu donc oublié, ô Irène de Byzance, que rien de nous n’est sensible à moins que nous ne supposions son contraire. La lumière ne saurait se connaître sans une ombre sœur qui la démontre. As-tu donc oublié, Irène de Byzance, ce que n’ignorait pas Irène d’Athènes ?

Confuse de son erreur patente, elle s’embarrassa dans quelques arguments fragiles. Jean les brisait avant la fin de leur énonciation. Il triomphait. Elle imagina, dans l’intérieur de ce corps monastique, noir comme le manteau, un cœur rouge qui palpitait. Bythométrès se rassit, et murmura :

— On peut renoncer à la possession de son corps, sans renoncer à la possession de son esprit. Ne le crois-tu pas, Maîtresse des Romains ?

— Je pourrais, par la main de ce porte-hache, te